Chapitre 43

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Je sors la première du lycée – comme toujours – et Aspen m'attend devant, adossé à une barrière. Il me tend une cigarette après l'avoir allumée. Je l'accepte et nous nous éloignons le plus vite possible de là. J'envoie rapidement un message aux jumeaux pour leur dire que je suis restée au lycée pour travailler sur l'exposé que l'on vient d'avoir en français. Ce que je ne vais évidemment pas faire. Sa voiture est garée quelques mètres plus loin, assez voyante. Une Porsche jaune.

« - T'es pété de thunes, hein ?

- Comme à peu près tout le monde, ici, lâche-t-il en haussant les épaules. »

On s'assoit et d'un coup l'odeur de l'herbe me monte au nez. On se roule quelques joins et on rigole pendant quelques minutes pour... rien, je crois. Ensuite, il ouvre la boîte à gants et en sort deux bouteilles de vodka, il m'en donne une et Aspen et moi trinquons.

« - A la tienne, lance-t-il après avoir bu quelques gorgées. Sinon ta journée, raconte.

- J'ai mis une droite à une fille qui parle trop.

- T'as du caractère toi. J'aime bien.

- T'es beau, toi. J'aime bien. »

On part en fou rire à cause de ces trucs qui nous embrouillent déjà le cerveau. Tout ça pendant ce qui me semble un court instant mais apparemment quand je regarde mon téléphone, cela va faire bien deux heures.

« - Ramène-moi, je vais être en retard, Aspen.

- Tu vas être en retard, répète-t-il en pleurant de rire.

- Oui, avance, dis-je en riant de bon cœur. »

Je lui indique le chemin –assez vaguement vu mon état – et lui le suit, tout aussi vaguement, mais lentement grâce à mon insistance. Il passe par quelques détours sans le vouloir en confondant la droite et la gauche, tout comme moi. Il me dépose quelques rues avant et arrête la voiture.

« - C'était plutôt sympa... A remettre.

- Reviens demain, alors.

- Cameron... T'es extrêmement belle. »

Il se met à rire quelques secondes plus tard et Aspen brise toute la magie du moment. Je lui murmure un bref au revoir et mets un pied dehors avant qu'il m'attrape le poignet et m'embrasse. Ses lèvres ont le gout de cigarette, d'alcool et d'herbe, elles ont le goût de l'interdit. Mais celles de Noah, elles, ont le goût de la sécurité, de la paix, de tout ce que j'ai besoin. Soudain, je me remémore Ambryn et lui en train de rigoler et de se rapprocher, un peu plus tôt. Il ne veut plus de moi et il me l'a dit très clairement. Je l'ai très bien compris et il m'a brisé le cœur.

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant