Chapitre 38

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J'arrache mes perfusions d'un coup sec et cela m'arrache une grimace en même temps. Je me redresse sur son lit mais je manque de vomir.

« - Dylan, aide moi, je murmure d'une voix rauque. »

Il se précipite vers moi et m'aide à me relever malgré la douleur lancinante qui me tiraille le ventre et la tête. C'est horrible, j'ai l'impression de mourir. Ma robe blanche de l'hôpital se couvre de rouge. Mon sang. Je sens des gouttes coule le long de mon ventre, mes jambes et tomber par terre.

« - Cameron, ton ventre, tu saignes.

- Oh merci, c'est vrai que je n'ai pas remarqué... Va me trouver des bandages.

- Où ?

- MAIS OU TU VEUX, je m'énerve. »

Je vois mes habits étalés sur ma chaise et Dylan sort précipitamment pour répondre à ma requête. Je m'habille en vitesse mais n'enfile pas mon t-shirt pour ne pas le salir. Dylan revient des rouleaux de bandages et j'en enroule autour de ma blessure. Je lève la tête et vois qu'il me reluque alors que je suis en soutien-gorge.

« - Bon sang, Dylan. C'est pas le moment. »

Il acquiesce brièvement, honteux. J'enfile ensuite mon haut et demande un plan détaillé de ce qui se passe derrière la porte. Il ne faudrait pas qu'une infirmière me chope en train de décamper. Tyler et James non plus. Dylan ouvre la porte et regarde les alentours. Apparemment, la voie est libre car il me fait signe de venir. Chaque pas est un calvaire. Clairement, à chaque pas, mes intestins font quarante-huit bonds par seconde et je me retrouve avec une envie de vomir pas possible. Mon mal de tête s'amplifie ainsi que la souffrance incrustée dans mon ventre.

Au pas de la porte, je cache le bracelet que l'on m'a mis pour dire que je suis hospitalisée, sous ma manche. Nous passons inaperçus à travers l'étage. Nous arrivons donc facilement à l'ascenseur car je ne pourrais pas supporter de descendre les escaliers. Dylan appuie sur le bouton d'appel quand j'arrive enfin à côté de lui. Les portes s'ouvrent quelques secondes plus tard, avec Noah à l'intérieur. D'un coup, j'enfile ma capuche et me cache le visage avec mes cheveux. Je me décale de quelques pas collée au mur.

« - Smith, lance Dylan.

- Anderson.

- Qu'est-ce que tu fous là ?

- La même chose que toi, j'imagine.

- Dégage, elle ne veut pas de toi.

- Elle te l'a dit ?

- A l'instant. Maintenant, dégage. »

Je devrais réagir. Je sais que je devrais réagir et lui dire que c'est faux. Que tout ce que raconte Dylan est faux. Que je devrais partir avec lui. Ma bouche reste scellée. Je veux vraiment sortir de là et la fuite est la seule solution. Rester quelques jours de plus me tuerait mentalement.

« - Ferme-la un peu Anderson. Tu me fatigues et je vais la voir si je veux. »

Noah passe, sans me voir heureusement, et bouscule Dylan de l'épaule. Nous entrons rapidement avant que les portes se referment et l'on traverse le rez-de-chaussée sans problème. Après tant de malheur, la chance me sourit enfin.

Une fois assis dans la voiture, personne ne prend la parole pendant quelques minutes.

« - Pourquoi tu voulais tant partir de cet hôpital ?

- Je ne sais pas, je mens. C'est juste que je me sens bien, je n'en ai pas besoin.

- Vraiment ? Aucune raison particulière ?

- Non.

- Cameron... j'ai eu peur quand tu as disparu.

- Je suis là, je dis en haussant les épaules.

- Cameron... Je ne sais pas quoi faire, tu étais tellement ouverte ce week-end et là, tu es si froide. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Je suis la même. Pas plus ou pas moins moi-même que je l'étais aujourd'hui ou hier.

- Tu vas me rendre fou !

- La prochaine fois ne raconte pas des mensonges à Noah, tu n'es pas mon héros ou quoi que ce soit. »

Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. Peut-être parce qu'il a raconté n'importe quoi à Noah. Je ne sais pas, je ne sais plus. Je suis perdue. Je ne peux plus. Le vase déborde. On pourrait dire que le vase est cassé, à ce stade plus rien n'a d'importance. Je ris intérieurement, c'est si ironique.

« - Arrête toi, je lui ordonne en détachant ma ceinture.

- Cameron, qu'est-ce que tu fais ?

- Dépêche-toi de t'arrêter sinon je saute de cette voiture en marche et tu sais très bien que je suis capable de le faire.

- D'accord, mais...

- Mais rien. »

Il s'arrête sur le bas-côté et je descends de la voiture en me mordant les lèvres pour éviter à un grognement de sortir. Il est tard et il n'y a presque personne dans la rue. Il n'y a que les gens pas très fréquentable à cette heure-là. Je marche un long moment en me perdant dans les rues de Los Angeles sans rencontrer de problème. Je vois au loin deux garçons qui dealent. Grand classique des nuits de L.A. Je mets mes mains dans mes poches et trouve, par chance, quelques billets. Je m'approche.

« - Les gars ? »

Ils se retournent d'un coup en croyant qu'un policier allait leur mettre les menottes aux poignets, une main sur un couteau dans leur poche.

« - Que fait une si belle demoiselle dans les rues de Los Angeles par cette heure ? lance un des garçons, assez grand, blond aux yeux verts.

- Que faîtes-vous ?

- Ce n'est pas pour les si distinguées et innocentes demoiselles comme vous, reprend l'autre.

- Les gars, je peux en avoir, je dis en sortant mes billets.

- Ah, la demoiselle n'est pas si innocente que ça ?

- C'est Cameron.

- Moi c'est Aspen.

- Et moi, Hayden.

- Ravie de vous rencontrer.

- Le plaisir est pour nous évidemment. »

Un silence se fait et je prends le temps d'observer Hayden, plus discret qu'Aspen car il n'a prononcé que quelques mots avant de se murer dans un silence. Il est assez mat de peau, d'origine brésilienne, à mon avis. Ses yeux sont noisettes clairs, c'est vraiment beau et ses cheveux bruns. Opposé à Aspen.

« - Bon, je reprends. Je peux ?

- Mais avec plaisir, petite Cameron ! »

Je leur achète  continue ma route pendant quelques secondes avant qu'ils m'interpellent.

« - Cameron ?

- Mmm ?

- Tu veux qu'on te ramène quelque part ? »

Je reviens vers eux et je fouille mes poches. Ah, trouvé. Je débouchonne le stylo avec mes dents et prends la main d'Aspen. Je note mon numéro rapidement.

« - Appelle-moi et je te dirai quand j'aurais besoin que tu me ramènes quelque part. »

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant