Chapitre 52

49 6 21
                                    

Je dors très mal cette nuit. J'ai rêvé que Dylan avait sauté de sa fenêtre d'hôpital. Une boule me reste dans la gorge après m'être réveillée et j'ai les lèvres explosées à force de les avoir mordillées. Je me lève du mauvais pied et me prépare. Je ne mets pas beaucoup de mascara ni de crayon et applique un rouge à lèvres de la même couleur que mes lèvres. Je boucle légèrement mes cheveux et fais une demi-queue. Je veux avoir le plus... comment dire ? Angélique ? En bref, je ne veux pas rester la Cameron qui est restée gravée dans la tête de mes camarades. Je m'habille avec un pull et un jean blanc pour l'occasion mais je garde toujours mon indémodable perfecto noir.

Je descends manger une pomme et quand je monte dans la voiture de mon cousin, j'appréhende plus que jamais la journée.

En descendant de la voiture, je sens que j'attire l'attention. Les regards sont jetés vers moi et je peux constater que ce ne sont pas des regards bien intentionnés. J'essaye d'en faire abstraction et me dirige vers le lycée mais deux filles dont je ne connais pas les prénoms, m'en empêche.

« - C'est toi Cameron ? lance l'une, petite et blonde.

- Pourquoi ? dis-je en contenant ma colère.

- On sait que c'est toi, réplique l'autre, élancée et rousse.

- Alors pourquoi tu me le demandes, imbécile ?

- C'est vrai que tu fumes et te shootes ? dit la rousse.

- Pourquoi cette question ?

- Parce qu'à cause de tes conneries, Dylan est parti à l'hôpital, répond la blonde.

- Mais qu'est-ce que ça peut te foutre bouffonne ? Qui es-tu pour venir me voir, tu peux pas te mêler de tes affaires ?

- T'as raison qui sommes-nous pour venir parler à une meuf qui se tape trois mecs en même temps et qui se bute à la coke ? demande l'une en rigolant.

- Je ne sais pas, peut-être que nous, au moins, nous sommes des filles trop biens pour lui parler. Elle a raison, on va attraper son virus de salope. »

Elles s'en vont en ricanant et en me laissant plantée là. Les bouts de mes doigts tapote mes paumes au rythme du sang qui bat dans mes tempes. Je bouillonne de rage. Noah pose sa main sur mon épaule pour me calmer, ce qui marche un peu.

« - Inspire, expire. Compte jusqu'à dix et souffle.

- Elles ont dit que j'étais une salope. Elles n'ont pas tort en même temps, je faisais n'importe quoi et me tapais deux mecs en même temps alors qu'au fond, j'avais des sentiments pour toi. Tout le monde sait.

- Non. Elles ne savent rien. Personne ne sait absolument rien sur toi, Cameron. Personne ne sait à quel point tu as un grand cœur, à quel point tu es gentille, drôle, à quel point tu sais bien danser. Et personne ne sait à quel point je t'aime et que je serais là quoi qu'il arrive. »

Je lui fais un câlin.

« - C'est marrant comme tu sais toujours trouver les bons mots, Noah... je souffle. »

La sonnerie nous ramène à la réalité et nous allons en cours. Nous sommes les derniers à entrer dans la salle de classe et nous dirigeons vers nos chaises.

« - Cela fait plaisir de vous revoir, Cameron, lance Mme. Dupuis.

- Oui, à moi aussi.

- Vous avez l'air heureuse, est-ce normal ?  plaisante-t-elle. »

Pour toute réponse, je hausse les épaules avec le sourire. Je me retourne vers le fond de la salle pour déposer mes affaires et, là, je le vois. Il me fixe et me toise. Il me jauge et me détaille des pieds à la tête avec un mélange de haine et de tristesse. Pendant un instant, un éclair de compassion passe dans ses yeux mais il disparaît aussitôt. Je m'assois mais dans ma tête tout cogite et cela bouillonne. J'essaye de prendre des notes et de participer pour montrer que je fais des efforts mais j'ai la tête ailleurs. Malgré tout, Mme. Dupuis a l'air enchantée de ma, quoique, faible participation.

J'essaye de donner la même impression dans les autres cours mais Dylan me trotte toujours dans la tête. Quand la sonnerie pour la pause midi retentit, je souffle enfin. En fait, pas vraiment car quand j'entre dans le self après avoir choisi mon repas, un silence s'abat dans la pièce. Puis, des murmures parviennent à mes oreilles. Pour finir, Dylan se lève et part. Le bruit de la porte qui claque résonne. Je ne pourrais dire si c'est juste dans ma tête. Quelques minutes plus tard, la vie reprend et tout le monde se remet à parler fort et à faire du bruit avec leurs couverts.

J'avance de quelques pas et je cherche Noah des yeux. Il m'a dit qu'il me retrouverait au self et qu'il me garderait une place car le professeur de maths m'a retenu pour me « féliciter » de mon attention en cours.

Par derrière, on me bouscule et je me retourne vivement. J'aperçois Cole, Kilian et Evan.

« - Salut, je lance.

- Elle ose ? demande Cole aux deux autres.

- Je crois bien, mec, répond Kilian.

- Tu crois vraiment qu'après ce que tu as fait, on va faire comme si de rien n'était et parler avec toi ? Tu vis dans quel monde, Cameron ? Celui des bisounours ? Parce que là, c'est la réalité. Dylan a failli mourir à cause de toi, crache-t-il en avançant. Alors, dégage et ignore nous, idiote. »

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant