Chapitre 27

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Je rentre du lycée exténuée par cette journée. Je pose mon sac sur le lit et tombe dans les bras de Morphée en un instant.


« - Cammy... tu es chiante, là.

- Non, Gray, je dis en rigolant. Oh, c'est bon, détends-toi ! Ça y est monsieur a une petite copine qu'on peut pas parler de son enfance deux minutes. De toute façon, elle a rigolé. Alors, c'était marrant. Il y a juste toi qui n'a pas rigolé, je crois que ça veut dire que tu n'as absolument aucun sens de l'humour, je chuchote. J'aurais pu aussi lui dire que tu faisais pipi au lit jusqu'à tes dix...non attends, onze ans !

- Tu faisais pipi au lit jusqu'à tes onze ans, Grayson ? demande Jenna, la copine de mon frère, qui revient des toilettes.

- Ah, euhh... Cam. Sors.

- Ohlala, détends-toi... »

Je suis vraiment trop marrante. Je me surprends à rigoler toute seule en repensant à mon frère qui était venu me voir, en larmes à cause d'un cauchemar –précisons, que je suis sa petite sœur –et que j'étais allée avec lui pour le recoucher et que j'avais trouvé son lit trempé. Hilarant. Monsieur Grayson était en CM2, quand même.

Je suis réveillée par ma tante qui me secoue dans tous les sens. Je crois que c'est l'heure de manger.

« - C'est bon, j'ai compris. Pas besoin de me secouer pendant dix-huit ans. »

Je me reçois une gifle retentissante.

« - A présent, tu te lèves et tu descends manger. Je ne veux pas un mot à table sur ce qu'il vient de se passer, murmure-t-elle. »

Je n'arrive pas à parler. Ma gorge devient sèche, mais mes yeux, eux, au contraire, deviennent humide. Mon père n'avait jamais fait preuve de violence envers moi. Jamais, il n'avait osé lever ne serait-ce sa main. Tante June n'hésite pas à faire le faire apparemment.

Je porte la main à ma joue et elle est brûlante. Le feu en moi aussi est brûlant. Mais je n'en fais rien. Le risque de me reprendre une tarte ne fait pas kiffer. Alors, en gentille petite nièce, je me lève, garde mes larmes pour plus tard et descends pour manger la tête haute. La facilité avec laquelle je me compose un masque de joie, m'impressionne moi-même. La sœur de ma mère efface aussi sa colère en un instant.

Le dîner se déroule sans accro et à chaque question que pose Oncle Trevor, je réponds par l'affirmative :

« - Ta journée s'est bien passée ?

- Oui, tonton.

- Et les professeurs ont été sympas ?

- Oui, vraiment très gentil.

- Tu t'es fait des nouvelles amies ?

- Oui, elles aussi sont vraiment super sympas.

- Oh, c'est vrai ? Tu pourrais les inviter à la maison, un de ces quatre.

- Oh oui, avec plaisir. »

Quand Trevor a parlé de mes nouvelles amies, les jumeaux se sont presque étouffés en mangeant. Super les gars, merci de votre soutien. Le dîner fini, la mère des jumeaux me demande de ranger la table. Je lève les yeux au ciel. Elle ne demande jamais cela aux jumeaux. Ils sont donc montés, sans rien faire, dans leur chambre, en compagnie de mes regards appuyés dans leur direction. Aucun des deux n'a paru faire mine de s'intéresser à mon sort. Je soupire. Après quelques minutes à finir de boire et autre, mon oncle et ma tante montent dans leur chambre. Je reste seule dans cette cuisine. Et les larmes dévalent mes joues telles des cascades pendant que je range les assiettes dans le lave-vaisselle.

Et alors que je rentre dans ma chambre, j'entends mon téléphone vibrer. Le nom de Dylan s'affiche sur mon écran. Je raccroche. Je ne veux pas qu'il sache que je suis brisée. Plus qu'il ne l'a vu le premier jour.

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant