Chapitre 42

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J'ai l'impression que jamais rien ne s'arrangera car plus les jours passent et plus ils se ressemblent et plus je ressens cette boule dans mon ventre qui se forme et qui ne cesse de grandir.

On m'appelle pour manger et je prétexte un mal de ventre pour ne pas voir la tête de cette sale vipère. Tout d'un coup, je ressens un besoin pressant de jouer du piano. De ressentir quelque chose d'autre qu'une douleur au cœur ou un vide. Je sors mes partitions et trouve la bonne : Spring Waltz de Chopin. Je ferme les yeux et m'embarque dans la musique. Et j'oublie tout.

Je me lève quelques heures plus tard et me lave, me démaquille avant d'aller me coucher. Soudain, mon téléphone sonne. Un numéro inconnu. Je décroche.

« - Allo ? lance une voix familière.

- Allo ? je hasarde à mon tour. C'est qui ?

- Jeune demoiselle, vous ne vous rappelez pas de moi ? Je me présente, Aspen.

- Ah oui, Aspen. Si, je me rappelle, j'ai juste la mémoire... embrumée. Tu étais plus timide la dernière fois, je sors comme excuse. Je n'avais pas reconnu.

- Ah, je vois. Alors, tu m'as donné ton numéro et m'a dit de t'appeler pour que je sache où te trouver une prochaine fois.

- On dit demain, seize heures devant Santa Monica High.

- D'accord.

- Fais-toi discret, je ne veux pas que tout le monde sache que tu es là pour venir me chercher.

- Compris.

- A demain, et... ramène le nécessaire.

- Ne t'inquiète pas, ricane-t-il. A demain. »

Je me couche, tuée par la fatigue et par la douleur.

Je me réveille, sonnée par un cauchemar. J'ai rêvé que Noah me disait qu'il ne voulait pas de moi. Après quelques secondes de réflexion, je me rends compte que j'ai juste rêvé de la journée d'hier. Putain, quelle vie de merde. Je me lève donc du pied gauche et me prépare pour le lycée et y arrive trois quarts d'heure après. Je m'arrête pour fumer et avance dans l'antre du diable pour la journée.

La demi-journée s'écoule très lentement. Je sors la première de mathématiques et vais m'assoir sur un banc dehors pour profiter de la brise d'automne. Quelques minutes plus tard, je vois Ambryn, une fille de ma classe assez mignonne et discrète qui est en train de manger avec Noah. Je vais péter un câble. Je me lève d'un coup mais voyant que je m'approche de sa table, Noah se lève aussi.

« - Viens, m'ordonne-t-il. »

On part vers un coin plus tranquille, vers le fond de la cour et nous nous asseyons sur le muret. J'espère qu'il va juste me dire que c'est une amie. C'est vrai, ils sont juste amis d'enfance, rien de plus.Si ? Non. Ce n'est pas Noah.

« - Tu n'as pas intérêt à prononcer un mot et à me jeter ta jalousie à la figure. Tu n'as pas intérêt à toucher un seul cheveu d'Ambryn ni même de lui parler ne serait-ce que de nous ou lui dire de ne pas t'approcher. Je t'ai cerné, Cameron. Tu es une fouteuse de merde, mais tu ne vas pas foutre la merde entre moi et Ambryn alors tu devrais garder ta bouche fermée sinon tes secrets se répandront comme une trainée de poudre, ok ?

- Comment peux-tu être si méchant ?

- Comment toi, peux-tu l'être ?

- Tu me fais mal, Noah.

- Tu crois que tu ne m'en as pas assez fait ? Je ne veux pas d'explications, dit-il en se pinçant l'arête du nez. Laisse-moi et Ambryn tranquille.

- Tu es sûre que tu ne veux plus de moi dans ta vie ? je demande alors que les larmes font surface aux coins de mes yeux.

- Juste, laisse-moi tranquille.

- T'as couché avec elle, c'est ça ? Oh oui, elle t'a fait le coup de l'amie qui vient te remonter le moral parce que tu as ton pauvre petit cœur brisé, hein ? Mais en fait, t'es pas mieux que moi. T'es mieux que personne, ici. Tu me traînes dans la boue parce que Dylan te raconte des trucs et tu te laisses embobiner par une... une, comment on appelle ça déjà ? Oh, une pute. Alors, joue pas à ça avec moi, t'es loin d'être irréprochable toi-même.

- Mais qu'est-ce que ça peut te faire, bon sang ? Ouais, elle est venue me voir mais toi, tu vas voir Dylan puis moi. La salope, c'est toi, pas elle. »

Il me plante là, me laisse seule et rejoins Ambryn, tout sourire. Ne pleure pas, ne pleure pas, ne pleure pas. Un, deux, trois... Inspire, expire. Grayson, j'aimerai tellement que tu sois là pour me remonter le moral. Je m'enfuie dans les toilettes et me réfugie dans un cabinet. Beaucoup de choses sont inscrites sur la porte. Je m'allume une cigarette tandis que je m'amuse à lire les inscriptions pour me remonter le moral. « Dylan, mon amour », « Cole+Lily=love »... Ça me fait vraiment rigoler, on dirait que nous avons cinq ans. Je descends mon regard où je vois, écrit en petit, « Cameron la salope » et marqué juste à côté « Ambryn+Noah ». Mon sang ne fait qu'un tour. Je sors en trombe des toilettes. Je jette ma cigarette et pars à la rechercher d'Ambryn la poète. Je la trouve, en train de débarrasser son plateau.

« - C'est la dernière fois que tu me traites de salope, Ambryn. Tu fais la fille toute discrète mais t'es une vraie vipère.

- Ne jamais se fier aux apparences. Mais si je recommence, tu vas faire quoi, salope ? »

Je lui ai mis une droite. Simple et net, et elle en est tombée à la renverse. Personne n'a vu la scène – tout le monde est dans sa bulle, on pourrait crever que personne ne remarquerait dans ce bahut - sauf, évidemment Noah qui se précipite aux côtés de sa chère et tendre.

« - T'es vraiment malade, toi, me crache Noah au visage.

- Dis à ta copine de tenir sa langue sinon elle aura le droit à autre chose qu'un poing dans sa figure. »

La sonnerie retentit et je m'en vais fière de moi malgré la pointe de chagrin qui me transperce la poitrine.

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant