Cameron

Chapitre 14

On rentre à la maison, où l'on retrouve Tante June qui prépare le repas. Les jumeaux dressent la table et Oncle Trevor arrive quelques instants plus tard. Il lance un rapide bonjour et s'enfuit dans son bureau pour un « travail urgent ». Il reste du temps avant que le dîner soit prêt alors nous montons dans nos chambres. Je m'enferme dans la chambre et appelle Dylan. Ça sonne trois fois avant qu'il décroche.

« - Allô ? je lance.

- Coucou bébé, ça va ?

- Oui, oui, ça va. Juste, pour ce soir, tu veux que je rapporte quelque chose ?

- Je ne dirais pas non à ce que tu ramènes ton joli petit cul... rigole-t-il.

- Dylan...

- Ok, ok. Non, ça devrait aller. Evan, Killian et Cole sont venus tout préparer, ça va encore être une fête d'enfer. J'ai dit à des gens du lycée de venir, même si c'est pas un week-end. Ils ont eu vent que tu serais là et je crois que tout le monde a entendu parler de toi, bébé Cam. Je n'aurais jamais cru que les gens pouvaient se ramener à une fête un lundi mais apparemment, si. C'est toujours un peu le début d'année.

- Ok, cool. Je suis contente alors.

- Euh, ouais. Va falloir que je te laisse, Evan se sent déjà pas bien...

- Ok, j'ai compris. Je dois venir à quelle heure ?

- Vingt-trois heures trente. Aller, bisous bébé. »

Je pose mon téléphone, me jette sur mon lit et ferme les yeux. Je me revois à l'hôpital. A l'enterrement. Dans la maison hantée par des fantômes qui ne sont vus que par moi. Je rouvre les yeux subitement.

« - Non, non, non... je murmure. »

Je décide de me lever et analyse ma chambre. Du blanc, du blanc, mes affaires étalées au sol, du blanc, mon piano, du blanc, du blanc. Je décide alors de faire quelque chose pour remédier à ça. J'ai amené quelques décorations de mon ancienne chambre d'Hawaï. Je fouille dans ma valise qui n'est pas entièrement déballée. Je sors des petites guirlandes que j'accroche au mur et des petites plantes. J'ajoute un tableau que j'ai peint avant l'accident. Il représente un coucher de soleil que j'avais vu lors d'une soirée sur la plage passée avec des amies. Amies qui ne sont plus. Je sors mon appareil photo. Je prenais beaucoup de photos avant. C'était une de mes passions. Quand je regarde une photographie de quelque chose de précis, j'ai l'impression de revivre ce moment, de sentir à nouveau toutes les émotions que j'ai ressenti. Je sors aussi les quelques photos que j'avais développées. Je les accroche aussi au mur. Voilà qui donne un peu de couleurs. Ensuite, sors je retourne la valise pour que tout en sorte. Des vêtements, des trousses contenant toutes sortes de choses, des partitions, des carnets, d'autres petites choses fragiles emballées. Quand je vois le bibelot en forme de renard que mon ancienne meilleure amie m'avait offert, je regarde cette petite chose qui avait tant d'importance à mes yeux avant. Je la jette par terre et continue mon tri. Je commence par les habits et les range dans la penderie et sur les étagères du placard. Je trie mes partitions et les pose sur mon piano et fouille dans mes trousses pour tout mettre au bon endroit. Je m'attaque ensuite aux choses emballées. Je trouve des statuettes ayant de la valeur, elles étaient à mon frère, que je pose sur mon bureau et ma coiffeuse. Je vérifie qu'il n'y a plus rien dans ma valise et, effectivement, quelque chose se trouve encore dedans. Dans une poche, se cache un objet enroulé dans du papier de soie. Je le déballe et trouve un cadre avec une photo à l'intérieur. Mes parents et mon frère sourient à l'objectif et ont l'air tellement heureux. J'avais capturé ce moment peu avant tout ça. Un jour ou deux avant. Ma vue se brouille et mains se mettent à trembler, le cadre tombe au sol avec fracas et ensuite moi. Quelqu'un frappe à la porte quelques instants plus tard. James entre. Son regard jongle entre la photo et moi et il me serre dans ses bras sans rien dire. Je l'en suis reconnaissante. Je m'agrippe à lui comme une bouée de sauvetage. C'est bien le seul moment où j'accepterai sa pitié.