Chapitre 33

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Je me réveille à une heure inconnue –Noah n'a pas de réveil, apparemment-, et je reste allongée pendant, peut-être, des heures, à regarder le plafond. Son plafond est si beau : des étoiles ont été peintes avec de la peinture phosphorescente, pour former l'Univers. Je me laisse me perdre dans mon chagrin devant cette beauté. Ensuite, je me lève et descends dans le salon. Noah est assis dans son canapé en regardant à la télévision, un programme qui le fait rire. Son rire est charmant. Cameron... Je le regarde ainsi jusqu'à ce qu'il tourne la tête et qu'il me voit. Je dois avoir une tête horrible.

« - Cameron ? lance-t-il avec sa voix cassée.

- Mmm ?

- Tu veux manger ou... ?

- Je veux bien manger, je réponds avec, aussi, une voix enrouée.

- C'est bien ce que je pensais, rit Noah. »

Il avait déjà préparé des pancakes qu'il avait mis dans le four pour que ça ne refroidisse pas. Il rajoute des pépites de chocolat et du miel, comme s'il lisait dans mes pensées que j'adore ça. On s'assoit au comptoir de la cuisine et je mange sans m'arrêter. C'est vraiment bon et j'avais vraiment faim.

« - Alors...

- Tu ne perds pas le nord, toi, je le coupe.

- Euh...

- Ce n'est pas grave.

- Tu veux en parler à un autre moment ?

- Un jour où l'autre, la vérité éclatera. Autant que je le fasse une fois pour toute. »

J'ai beau paraître rassurée, j'ai la trouille de lui raconter ce qu'il s'est passé. C'est trop. Beaucoup trop pour moi. Mais je garde la face et déglutis difficilement.

« - Je ne sais pas trop par où commencer, je ris nerveusement malgré les larmes qui perlent aux coins de mes yeux.

- Cameron, souffle-t-il. Ne pleure pas...

- Mais je ne pleure pas, j-j'ai juste baillé. Je suis fatiguée...

- Après avoir dormi une paire d'heures ? plaisante Noah.

- Euh... oui. Bon, je souffle. Il y a deux mois environ, mes parents sont décédés avec mon frère. Et... je le vis très mal. »

Je pleure pour de bon et il me prend dans ses bras. Après quelques minutes, je me redresse et continue.

« - Je vivais à Hawaï et j'aimais ma vie. Elle n'était pas parfaite mais je l'aimais. J'avais des amis, j'étais populaire, ma famille m'aimait et je travaillais dur pour obtenir ce que je voulais. Mais tout s'est brisé en une fraction de seconde après leur mort. J'ai déménagé ici, chez ma tante et mon oncle. Au début, j'allais à des fêtes avec Tyler et James, et ça me permettait de me vider la tête et c'était assez sympa. C'est très vite devenu indispensable et je crois que je suis devenue accro à tout ça. Tout a dérapé. Et puis... il y a toi et Dylan. Dylan était un moyen de m'échapper et... et je me suis attachée à lui. M-mais toi, tu es venu comme ça et tu lui ressembles tellement.

- A qui ? demande-t-il désespérément.

- Sam. Personne d'important. Tu agis comme lui et je ne veux pas revivre ce qu'il m'a fait. Tu lui ressembles tellement dans tes gestes.

- Mais, Cameron, je ne suis pas lui !

- Je sais, je sais... je chuchote. »

Tu vois, quand tu t'es déjà faite embobinée une fois par un garçon, tu comprends ce que je ressens. Tu l'as laissé rentrer ta vie et il t'a blessée. Peut-être c'est moi qui suis trop sensible mais ça m'a blessé beaucoup plus que je ne le laissais paraître devant les autres. Quand je l'ai dit à mes parents, j'ai dit que ce n'était rien, de toute façon ce n'était pas si sérieux que ça, on est encore jeunes. C'est juste difficile de faire confiance à quelqu'un qui est comme son fantôme, tu sais ?

Il m'enlace pendant quelques minutes.

« - Ça va aller, ça va aller... murmure-t-il. »

Je lève mes yeux bouffis vers lui et pendant un moment on se regarde dans les yeux. J'ai l'impression qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert. Et on s'embrasse. Pas comme le baiser de la fête, non. Cette fois, c'est un vrai.

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant