Chapitre 48

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Jusqu'à la fin des vacances, je reste chez Noah. Je n'ai pas revu ma tante depuis le jour du gala, mais les jumeaux sont venus me voir. Je suis presque remise sur pied même si ces deux semaines ont été dures. Je ne ressens plus ce manque de substances qui me rongeait chaque seconde les semaines précédentes. J'avoue que quelques fois, lorsque Noah me laisse toute seule quelques minutes, je me dis que ce serait plus facile de retourner à cette vie. Cette vie où je faisais ce que je voulais et que je n'en avais rien à foutre. Je ne croyais pas pouvoir le dire un jour, mais je suis fière de moi d'en être arrivée là.

Demain, c'est la rentrée et je n'ai aucune de retourner au lycée. Les gens ont une image de moi que je ne peux pas changer. Cameron la fille facile. Cameron la fille bourrée. Cameron la fille dans la merde. Cameron la fille droguée. Cameron la fille qui fout le bordel partout où elle passe. Je ne veux plus que les gens me regardent comme cela car les rumeurs vont très vite.

« - Cameron, tu viens ? demande Noah.

- J'arrive. Je mets mes baskets. »

Pour notre dernier jour de « liberté », comme dit Noah, il m'emmène dehors. J'adore découvrir de nouveaux coins de Los Angeles avec lui. Il est vrai que ça ne fait que deux mois que je suis là, mais j'ai l'impression que cela fait des siècles, tellement il s'est passé de choses.

Je sors de la maison après avoir lancé un « Au revoir » aux personnes présentes dans la maison. On monte dans la voiture de Noah et je monte le son et on chante à tue-tête sur New rules de Dua Lipa.

Il se gare une dizaine de minutes plus tard et il m'emmène dans un petit diner qui est caché par pleins de rosiers de couleurs différentes -rouge, blanche, rose, jaune. C'est tellement beau. Nous entrons et peu de personnes sont installés – vu la localisation, cela ne m'étonne pas. Nous nous asseyons au comptoir et je prends ce qu'il me conseille, un milkshake banane-fraise, le meilleur qu'il ait jamais gouté apparemment. Et évidemment, il a raison car c'est délicieux.

On parle de tout et de rien. De ses passions – la photographie et le baseball – ainsi que des miennes. D'ailleurs, il veut que je reprenne les cours de danse ainsi que le chant.

« - Cameron, je suis certain que ça te libèrerai. Ce serait fantastique que tu continues.

- Je ne sais pas... C'est peut-être trop d'un coup... La danse c'est tellement relié à... à ma mère, je souffle.

- Mais justement. Cameron, tu crois qu'oublier tes parents et ton frère te fera te sentir mieux, mais c'est faux. Tu as plongé dans l'alcool, la drogue, pour les oublier parce que tu ne voulais pas être triste. En les oubliant, tu oublies aussi les merveilleux moments passés avec eux, quand tu riais avec Grayson ou que tu partais en balade avec ta mère. Tu oublies les films d'horreur que tu regardais avec ton père car tu avais trop peur de les regarder seule. Tu m'as tellement parlé de ces moments avec les larmes aux yeux et jamais avec le sourire. Tu ne dois pas oublier, tu dois te rappeler. Tu ne dois pas avoir la rage mais les aimer de toutes tes forces. Tu ne dois pas t'en vouloir, Cameron. Rien n'est de ta faute.

- Si... Tu ne comprends pas... J'aurais pu les aider.

- Comment ça ?

- C'est pas la peine... C'est trop compliqué...

- Je veux comprendre.

- Non, vraiment, laisse. Je veux passer une bonne journée avec toi Noah. »

Je ne peux vraiment pas tout lui avouer, il me prendra pour un monstre. Pourquoi ai-je fait ça ? Vite, détourner la conversation !

« - Je vais reprendre la danse, je reprends. Mais à une condition.

- Laquelle ?

- Que tu viendras avec moi. Que tu me soutiendras.

- Toujours

- Merci, je dis avec un sourire reconnaissant. »

Nous finissons de boire en parlant comme, ou presque avant que ça dérape un peu.

« - On y va, lance soudainement Noah.

- On rentre ?

- Non.

- Où est-ce qu'on va alors ?

- T'inscrire à la danse.

- Mais, je n'ai pas d'affaires et on me demandera sûrement de faire une démonstration et...

- C'est pour cela que l'on va au magasin avant, pour t'acheter des affaires, me coupe-t-il.

- Mais je n'ai pas mon argent, tout est chez ma tante.

- C'est pour ça que j'ai ma carte bleue.

- Je ne te laisserai pas payer quoi que ce soit pour moi à l'exception de ce smoothie qui coûtait trois dollars. »

Il me regarde les yeux pétillants et démarre la voiture. Il règle le GPS pour se rendre à une boutique de fournitures de danse. Une quinzaine de minutes après, Noah me traîne dedans.

« - Je ne veux paaaaas, je râle.

- Tu vas le faire, Cameron. Oh, dit-il en apercevant la vendeuse, tenez, je vous la confie, lui dit-il. Elle a une audition de danse juste après, et elle a besoin de tout le nécessaire.

- Noah...

- J'ai un coup de fil à passer. »

Il sort me laissant seule et déboussoler. Je le regarde s'éloigner, son dos disparaissant de ma vue. J'espère qu'il ne me laissera plus jamais comme cela. Ça me ferait trop mal.

« - Bon, pourrais-je avoir plus d'informations sur votre audition ? me lance la vendeuse toute souriante. »

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant