11: Les couleurs d'un espoir

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Lisbon freina brusquement en voyant le feu passer au rouge.

- Hou là ! s'exclama Jane. Vous allez provoquer un accident...

- Je serais définitivement débarrassée de vous étant donné que vous êtes à la place du mort, répondit malicieusement Lisbon.

- Oh, ça ce n'est pas très gentil.

- Désolée, c'est sortit spontanément...

Les deux acolytes se sourirent mutuellement, puis Lisbon se concentra de nouveau sur la route. Ils passèrent devant un laboratoire pharmaceutique et quelques souvenirs remontèrent dans la tête de la jeune femme. Sur une affaire un peu particulière, une fiole avait été cassée dans un laboratoire, tuant à petit feu une mère de famille sous les yeux désespérés de son mari et de sa fille. Durant cette enquête, Jane lui avait fait croire qu'elle allait mourir. Elle se repassa leur discussion dans sa tête et arriva au moment où Jane lui demandait son téléphone pour parler à Cho. Il n'avait personne à appeler sauf ses collègues. Et il lui avait dit que si elle n'avait pas été à ses côtés, c'était elle qu'il aurait appelée. Et elle lui avait demandé ce qu'il aurait dit mais il n'avait pas répondu.

- Jane.

- Mmm ?

- Vous n'avez jamais répondu à ma question.

- Laquelle ?

- Quand je vous ai demandé ce que vous m'auriez dit au téléphone si vous étiez en train de mourir.

- Je ne m'en souviens pas..., mentit Jane.

- Ah oui ? Vous ne vous souvenez pas de cette affreuse blague que vous m'avez faite ? Vous voulez que je vous rappelle comment ça s'est terminé ?

Jane se mordit la lèvre inférieure puis sourit au souvenir de cette journée captivante.

- Je me suis pris votre poing dans mon nez.

- Exact. Alors ?

- Alors quoi ? Demanda Jane en regardant par la fenêtre.

- Qu'est-ce que vous m'auriez dit ?

Lisbon s'arrêta de nouveau à un feu rouge et le consultant tourna son visage vers elle.

- Vous non plus.

- Quoi ? demanda Lisbon en regardant Jane d'un regard interrogateur.

- Vous n'avez pas entièrement répondu à ma question lorsque je vous ai demandé pourquoi vous m'aviez engagé. C'était le jour où on s'est retrouvé enfermé...

- Dans un container par votre faute, le coupa la jeune femme en redémarrant.

- Oui, mais ça c'est un détail... Je me souviens de votre phrase, vous avez dit « Vous arrêtez plein de méchants. En général ça suffit. » Et vous avez ajouté « Et aussi... », mais on a été interrompu.

- Ah oui ? demanda-t-elle comme si elle ne s'en souvenait pas.

- Oui. Et je sais que vous alliez dire quelque chose de personnel parce que votre voix avait changé. Elle était moins sûre.

- Moi, au moins, j'avais l'intention de vous répondre, rétorqua-t-elle avec un sourire. Vous, vous ne m'avez même pas donné le chouya d'un iota du début d'une réponse... ça signifie que c'est personnel à quel point ?

Jane sourit devant l'audace de sa supérieure mais il se sentit légèrement gêné d'être démasqué aussi facilement. Depuis combien de temps pensait-elle à cette réponse qu'il avait esquivé ?

- Un point pour vous, dit-il finalement.

Lisbon lui sourit d'un air fier puis elle reposa ses yeux sur la route.

- Vous me répondez et je vous réponds ensuite, déclara Jane.

- Je ne vous fais pas confiance.

- Je sais que vous me faites confiance, dit Jane en posant sa main sur celui de Lisbon.

- Ne me déconcentrez pas, voulez-vous ?

- Oh, encore cet air hautain...

Ils se mirent à rire tout les deux, puis un silence gênant s'installa dans l'habitacle. Ils voulaient tous les deux une réponse mais aucun des deux ne voulait donner la sienne. Surtout en premier.

- Je...

- J'ai...

- Allez-y, Lisbon.

- Non, vous d'abord.

- Ok, je commence, dit alors Jane. Si j'étais en train de mourir, je vous appellerais et pour commencer, je ne vous dirais pas que je suis mourant.

Lisbon grimaça, contrariée.

- Je vous dirais que j'ai été très heureux et honoré de travailler avec vous et que vous êtes la meilleure chef que je connaisse.

- Je suis aussi la seule.

- Oui, mais je ne voudrais pas quelqu'un d'autre.

Lisbon retint un sourire de contentement.

- Je vous dirais aussi de reprendre contact avec ce qu'il vous reste comme famille parce que c'est seulement au moment où vous la perdrez que vous vous rendrez compte de son importance.

Lisbon sentit son cœur se serrer mais elle prit un air indifférent.

- Et enfin, je vous dirais de ne pas baisser les bras, quoi qu'il arrive.

- C'est une impression ou vous tournez autour du pot ? demanda-t-elle sans comprendre la dernière phrase de Jane.

- D'accord, jouons franc jeux. Je vous dirais que je vous aime beaucoup et que je n'aurais jamais pensé ou imaginé tomber sur quelqu'un comme vous. Quelqu'un qui sache me faire avancer. Vous êtes un peu... ma lueur d'espoir, en somme.

Lisbon eu tout à coup un peu chaud et elle sentit son cœur s'accélérer. Jamais elle n'aurait pensé avoir cette importance aux yeux de Jane.

- A vous maintenant, dit Jane, soulagé d'en avoir terminé.

- Je... oui, heu...

- Vous êtes incroyable..., déclara-t-il. Vous vouliez savoir et maintenant que vous savez, vous ne savez plus où vous mettre.

Lisbon sentit le rouge lui monter aux joues et elle s'efforça de penser à autre chose pour que l'émotion s'estompe. Sans succès. Jane la regarda, tout sourire.

- Vous n'êtes pas obligée de me dire pourquoi vous m'avez engagé, lui dit-il.

- Pourquoi ? demanda la jeune femme, surprise.

- Parce que je vous ai mise mal à l'aise et j'ai le sentiment que vous allez me mentir alors je préfère attendre un peu et avoir la vérité.

Lisbon le regarda en haussant les sourcils, les joues toujours aussi rouges.

- Je vous ai engagé parce que vous attrapiez beaucoup de méchants et parce que vous êtes une source inépuisable de bonne humeur. Vous souriez tout le temps pour n'importe quelle raison, vous vous amusez d'un rien, vous êtes les paillettes du CBI. J'adore les paillettes, c'est génial. Mais on n'arrive jamais à s'en débarrasser. On en retrouve toujours dans tous les racoins...

- Et pourtant, vous en redemandez.

- Oui, parce que vous êtes les couleurs dans mon monde gris.

Jane s'efforça de paraître juste reconnaissant mais le bonheur qu'il ressentait suite à la déclaration de Lisbon le faisait rayonner.

- Je suis les couleurs de votre monde gris... C'est mignon...

Lisbon sourit à son tour en voyant que Jane avait l'air satisfait de sa réponse.

- C'est vrai, quand j'y pense... Depuis que je suis là, vous rougissez plus souvent.

- Jane ? dit Lisbon sur un ton de reproche en garant la voiture.

- Oui ?

- Tout ce qui a été dit dans cette voiture reste dans cette voiture.

Jane se mit à rire, rapidement suivit par Lisbon. Puis tous deux sortirent de la voiture, l'esprit un peu plus léger car libéré d'une question sans réponse qui les hantait.

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