A la recherche des scenes coupées

19: Violette

- Je pense que l'assassin ne se montrera que si on fait semblant d'en avoir trouvé un autre.

- Et moi, je pense que votre plan est foireux et que je vais me faire virer.

- On peut peut-être attendre encore un peu avant d'appliquer le plan de Jane, patron ?

Lisbon, Jane et Van Pelt marchaient dans la rue en direction de la maison de la victime. Le soleil brillait sur Sacramento et des touristes se promenaient dans les rues, faisant les boutiques ou visitant les musées.

- C'est trop tard, la machine est enclenchée maintenant, remarqua Lisbon.

Etudiant le dossier qu'elle avait dans les mains tout en marchant, Van Pelt ne parvint pas à éviter tous les passants et elle fonça dans une dame d'un certain âge. Un peu secouée, la femme se retourna en remettant son béret en place et observa Van Pelt. Elle avait les cheveux coupés au carré couleur prune, des paillettes sur les paupières et les joues bien roses. Elle était assez petite mais plutôt imposante.

- Oh, je suis vraiment désolée, s'excusa Van Pelt, vous allez bien ? Je ne vous ai pas fait mal ?

La dame resta silencieuse quelques secondes sans cesser de regarder Van Pelt, puis soudain, elle déclara d'une voix douce :

- Elle pense à vous autant que vous pensez à elle, mademoiselle. Ne laissez pas cette stupide bêtise se mettre entre vous.

Van Pelt entrouvrit la bouche de surprise et blanchit légèrement. Jane et Lisbon se tournèrent tout les deux vers la jeune femme et la dévisagèrent.

- De qui parle-t-elle ? demanda Lisbon.

- Heu... de personne, bégaya Van Pelt, encore sous le coup de l'émotion.

- Désolée, je ne me suis pas présentée. Violette, déclara la femme en serrant la main de Jane et Lisbon. Excusez-moi si je vous ai bouleversée mademoiselle, ajouta-t-elle à l'intention de la jeune rousse. Mais j'ai vu cette peine dans vos yeux et...

Elle haussa les épaules, comme gênée d'être intervenue dans la vie d'une inconnue.

- Vous êtes quoi ? demanda alors Jane. Une voyante ?

- Les voyantes n'existent pas mon bon monsieur. Je lis simplement dans les yeux des gens, ce n'est que de l'observation, vous savez.

Lisbon échangea un sourire avec Jane puis celui-ci tourna de nouveau son visage vers Violette. Tout à coup, la femme porta sa main à son cœur comme si elle n'arrivait plus à trouver de l'air.

- Madame ? S'inquiéta Lisbon.

- Oh mon Dieu... Je crois n'avoir jamais vu autant de... d'horreur et de désespoir dans les yeux d'une seule et même personne, déclara Violette dans un souffle.

Sans se laisser décontenancer, Jane garda son masque de parfait consultant.

- C'est normal, je travaille tous les jours avec elle, dit-il en montrant Lisbon du doigt.

Cette dernière leva les yeux au ciel mais elle ne put empêcher un sentiment d'angoisse s'installer en elle. Elle vit le regard de Violette se tourner vers elle et elle baissa les yeux pour observer ses chaussures.

- Vous ne voulez pas que je lise en vous, n'est-ce pas ?

- Effectivement, déclara Lisbon. J'ai assez de lui pour faire ça, ajouta-t-elle en montrant à son tour Jane du doigt.

- Je ne dirai rien à voix haute, tenta de la rassurer Violette.

Sentant tous les regards posés sur elle, Lisbon leva finalement les yeux vers l'étrange dame. Elle sentit un frisson lui parcourir le dos lorsqu'elle plongea son regard dans le sien. Contrairement à ce à quoi elle s'attendait, Violette lui fit un grand sourire et s'approcha d'elle.