64: Inversion des rôles

543 22 0
                                    

Allongé sur son canapé, Jane se pencha légèrement pour apercevoir ce petit bout de papier blanc qui dépassait de la poche arrière de Lisbon depuis le matin. D'après lui, elle n'en avait pas eu besoin de toute la matinée car alors elle l'aurait sortit de sa poche et remit correctement, si bien qu'il ne dépasserait plus.

- Rigsby, en attendant que Cho ait terminé l'interrogatoire, j'aimerais que vous alliez questionner la voisine qui habite au-dessus de chez la victime, elle a peut-être des informations qui pourraient nous être utiles. Van Pelt ?

- Oui, patron ?

- Si vous voulez, vous pouvez y aller aussi.

Jane lâcha des yeux la poche de Lisbon et observa Van Pelt avec un sourire en coin. Ses yeux venaient de s'illuminer tellement elle était heureuse d'aller sur le terrain.

- Merci patron !

- Pareil pour vous, Jane.

Le consultant ferma les yeux et se mit à ronfler bruyamment. Ses coéquipiers sourirent et Lisbon leva les yeux au ciel.

- J'ai compris...

Les deux agents quittèrent la pièce et Lisbon chercha des yeux les deux classeurs dont elle avait besoin. D'après ses souvenirs, ils devaient être dans un des grands tiroirs qui se trouvaient derrière elle. Jane entrouvrit les yeux au moment où Lisbon se tournait pour ouvrir un des tiroirs et il aperçut de nouveau le petit bout de papier blanc qui dépassait de sa poche. Il avait bien réfléchit, et quoi qu'il tente pour le lui voler, il ne pourrait se justifier si la jeune femme sentait sa main sur ses fesses, situation pour le moins dérangeante. Lisbon referma le tiroir en soupirant puis elle fit volte-face, découvrant le regard de Jane posé sur elle.

- Qu'est-ce que vous regardez ? lui demanda-t-elle. Non, laissez-moi deviner. Je parie que ça vous amuse de me voir chercher les classeurs dans ces tiroirs alors que vous les avez rangés ailleurs.

- Oh ! Toute de suite les grandes accusations..., se plaignit Jane en se levant du canapé. Je n'ai pas touché à vos classeurs, ce n'est pas parce que vous perdez vos affaires que je dois être accusé ainsi. Et la présomption de l'innocence alors ?

- Attendez, vous pouvez répéter votre dernière phrase ? demanda Lisbon en mettant ses mains sur ses hanches. Parce que je ne suis pas sûre d'avoir bien entendu...

Un grand sourire se dessina sur le visage de Jane, ce qui agaça Lisbon.

- Vous parlez de présomption d'innocence alors que vous accusez toujours les gens à tort et à travers.

La jeune femme se retourna et ouvrit l'autre tiroir d'un coup sec.

- Ah ! Vous voyez ! Ils sont là vos classeurs ! s'exclama Jane.

Lisbon ne put empêcher un sourire de naître sur ses lèvres. Elle avait accusé Jane pour l'embêter mais elle se doutait bien qu'il n'avait pas touché à de gros classeurs plein de documents passionnants à souhait. Elle se retourna et cette fois-ci, comme Jane était debout derrière elle les yeux baissés, elle n'eut aucun doute : c'était bien ses fesses qu'il était en train de regarder.

- Mais... Jane, qu'est-ce que vous faites ?

Cette attitude ne correspondait définitivement pas à Jane et elle fut étonnée de le voir reculer, légèrement gêné.

- Rien.

- Je ne suis pas aveugle, vous regardiez mes fesses, dit-elle en rosissant. Dites-moi le si j'ai une tâche ou un trou, je préfèrerais vraiment être au courant.

Elle se pencha et essaya de regarder son postérieur mais la seule chose qu'elle vit fut le bout de papier qu'elle avait glissé le matin même dans sa poche avant de partir au travail.

- Oh ! dit-elle en comprenant. J'y suis. C'est ça qui vous intrigue, hein ?

Elle sourit à Jane, plutôt satisfaite d'avoir attisé sa curiosité pendant tout ce temps.

- Pas du tout, je regardais vos fesses, c'est tout, déclara Jane en souriant.

Les joues de Lisbon prirent une couleur vive et elle jeta un œil autour d'elle pour vérifier que personne n'avait entendu.

- Mais ça ne va pas de dire ça ? Chuchota-t-elle. Ça ne vous ressemble pas, je sais bien que ce n'est pas vrai.

Elle le regarda d'un œil soupçonneux.

- C'est vrai, mais je suis sûre que l'idée vous a quand même traversé l'esprit, répliqua Jane en posant sur Lisbon un regard perçant.

La jeune femme fronça les sourcils comme s'il se trompait totalement et elle s'empara des classeurs pour les amener dans son bureau.

- Occupez-vous de vos fesses..., marmonna-t-elle avant de pousser la porte de son bureau.

Elle entendit le consultant rire derrière elle mais elle ne se retourna pas. Elle referma la porte derrière elle, posa les classeurs sur sa chaise et plongea sa main dans sa poche arrière pour en ressortir le morceau de papier. Dessus, elle lut : lait, bacon, tomates, crème pour les mains, gel douche. Elle recopia sa liste de courses sur un autre papier et remit la première liste dans sa poche. Apercevant Jane allongé sur son canapé, elle sortit de son bureau pour aller le rejoindre.

- Jane ?

Le consultant ouvrit les yeux.

- Je vais vous donner ce que j'ai dans ma poche, lui annonça Lisbon sur un ton énigmatique. Mais promettez-moi de ne l'ouvrir que ce soir lorsque vous serez chez vous, d'accord ?

Intéressé, Jane esquissa un sourire et tendit la main. Lisbon sortit le papier de sa poche et le posa dans la main du consultant.

- Vous me le promettez ? Insista-t-elle.

- Promis, dit Jane sans cesser de sourire.

Satisfaite, Lisbon le laissa ranger le papier dans la poche de sa veste et retourna dans son bureau, un grand sourire sur les lèvres. Il pensait toujours qu'elle lui cachait des tas de choses mais il allait vite être déçu, ça lui apprendrait. Pour une fois que c'était elle qui lui jouait un tour, elle se sentait fière et plutôt maligne.

Jane entra dans sa maison en trombe et sortit le petit papier de sa poche qu'il déplia avec impatience. Lorsqu'il découvrit la contenance du mot, il se mit à rire, ce qui fit plisser ses yeux bleus. Il venait de se faire avoir comme un débutant par Lisbon et il se sentait un peu ridicule, cependant un autre sentiment s'empara de lui il était fier d'elle et heureux de voir que le fait de le côtoyer la rendait encore plus maligne.

En tout cas, il savait maintenant que si ses mains étaient douces et sentait toujours bon, c'était parce qu'elle utilisait une crème spéciale. Il saisit son téléphone et tapa un court message qu'il envoya aussitôt.

Lisbon sentit son portable vibrer dans sa poche. Elle le sortit et lut le message qu'elle venait de recevoir.

« Vous m'avez bien eu. Mais n'oubliez pas que je vous ai tout appris ! »

Elle se mordit la lèvre inférieure et replongea sa petite cuillère dans son pot de crème glacée.

A la recherche des scenes coupéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant