75: Pas prêts

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Elle l'avait vu. Elle en était sûre, elle n'avait pas rêvé. Sa main piochant discrètement une carte de visite sur le comptoir du magasin et la glissant dans sa poche et son regard se posant sur toutes les armes du magasin les unes après les autres, mi-écœuré, mi-fasciné. Au départ, elle s'était imaginé qu'il ne voudrait même pas passer la porte, mais à sa grande surprise, il avait baissé la poignée et était entré avant elle. Elle avait froncé les sourcils mais s'était rassurée en se disant que ses motivations étaient purement professionnelles. Elle s'était caché la vérité quelques minutes, ignorant les regards curieux et le soudain intérêt de Jane pour les pistolets en présentation, jusqu'à ce qu'elle le voit prendre cette carte de visite.

Elle prit une bouchée de pâtes à la carbonara et soupira. Patrick Jane n'aimait pas les armes. Il haïssait les armes. RedJohn était forcément derrière cet intérêt soudain et cette idée lui broyait l'estomac. Elle reposa sa fourchette, avala tant bien que mal ce qu'elle avait dans la bouche et se dirigea dans sa cuisine pour se faire un café. Lorsqu'elle passa devant le petit miroir en forme de soleil qu'elle avait accroché à côté du porte-manteau, elle cru voir quelque chose briller sur sa joue. Elle se recula et s'observa du nouveau. Elle n'avait rien sentit mais une larme avait coulé le long de sa peau claire. Elle l'essuya furtivement, tout en se disant qu'elle ne devrait pas réagir ainsi. Elle se fit son café et réfléchit à une solution. Parce que trouver des solutions pour éviter les meurtres faisait aussi partie de son métier. Ou peut-être parce que c'était Jane. Peut-être un peu des deux.

Elle n'eut pas à réfléchir très longtemps car dès le lendemain, Jane s'excusa en disant qu'il avait une course à faire en plein milieu de la matinée. Son sang ne fit qu'un tour. Elle l'autorisa à sortir en lui demandant de ranger d'abord le cirque qu'il avait fait dans la cuisine puis elle s'empressa de sortir avant lui pour se rendre au magasin d'armes. En tant qu'agent du CBI, elle n'eut aucun mal à ce que le propriétaire l'autorise à se cacher dans l'arrière boutique en attendant l'arrivée du consultant. Elle était sûre qu'il viendrait, elle le connaissait assez bien pour ça, et à son plus grand désespoir, elle ne se trompa pas.

Jane poussa la porte du magasin avec hésitation. L'endroit lui était très désagréable mais il savait qu'il ne pourrait échapper à cette étape s'il voulait retrouver RedJohn et le tuer. Le carillon résonna dans ses oreilles comme une injure. Un carillon ici...

- Bonjour, salua-t-il le vendeur.

- Bonjour monsieur. Je peux vous aider ?

- Vous ne me reconnaissez pas ?

Le vendeur eut un instant d'hésitation et ses yeux s'agrandirent.

- Ah oui ! Vous êtes le consultant du CBI, je vous ai vu hier. Excusez-moi mais vous n'avez pas vraiment l'air d'un flic alors...

- J'prends ça pour un compliment.

Derrière le rideau de l'arrière-boutique, Lisbon leva les yeux au ciel.

- Vous voulez me poser d'autres questions ?

- Non, je suis là... pour regarder un peu... vos armes.

- L'une d'elle vous intéresse plus particulièrement ?

Jane eut le sentiment que tout allait trop vite, il n'avait pas l'intention d'en acheter une maintenant, c'était trop tôt.

- Je voudrais simplement quelques renseignements.

- Je vous écoute.

Lisbon prit une bouffée d'air et pria pour que son cœur reste bien accroché, quoiqu'elle entende.

- Je suis à la recherche d'une petite arme. Quelque chose de discret et pas trop lourd. Et ne me parlez pas des nombres de millimètres des balles, je n'y connais rien.

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