8: Froufrous roses

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La porte de la chambre d'hôtel où se trouvait Lisbon s'ouvrit à la volée et Jane s'y engouffra avec un air vainqueur sur le visage.

- C'est bon, Cho l'a arrêté ! Mon plan a marché.

- Quel plan ? S'exclama Lisbon, furibonde. Celui qui consistait à m'attacher ici pour que vous puissiez faire vos conneries en douce ? Détachez-moi sur le champ !

- Calmez-vous, Lisbon, je vous ai attachée parce que vous ne m'auriez jamais laissé faire... Mais l'assassin sera bientôt sous les verrous, c'est ce qui compte, non ?

- Génial, je suis absolument enchantée que vous ayez agit contre mon avis ! Vous vous rendez compte que vous auriez pu faire tuer la demoiselle qui était dans la chambre de ce salaud ?

- Il ne lui aurait pas fait de mal, c'était juste une fille qui lui a servit d'alibi plusieurs fois...

Lisbon poussa un profond soupir et ferma les yeux quelques secondes. Puis elle reprit la parole plus calmement.

- On l'aurait eu sans votre intervention risquée, Jane. Peut-être pas aujourd'hui mais demain, on le tenait. Notre équipe était en planque dans cette chambre juste en dessous de la sienne depuis hier et on était sur le point de le prendre la main dans le sac.

- Mais à la place, on l'a eu aujourd'hui ! dit Jane d'un ton enthousiaste.

Lisbon ne chercha pas à répliquer. Tout ce qu'elle voulait, c'était interroger l'assassin jusqu'à ce qu'il lui avoue tout et ensuite elle pourrait fermer le dossier.

- Donnez-moi quelques jours pour m'en réjouir, d'accord ? Allez, détachez-moi que je puisse boucler cette affaire.

- A ce propos...

- Quoi ? Vous avez perdu les clefs ? demanda Lisbon, la main droite maintenue aux barreaux du lit en fer forgé de l'hôtel par une paire de menotte.

- En quelque sorte, répondit Jane en se mordant la lèvre inférieure pour ne pas rire.

- Oh non, dites-moi que ce n'est pas vrai ! Mais vous êtes insupportable ! Où est-ce que vous les avez perdues ?

- A l'étage du dessus pendant l'arrestation, expliqua Jane après avoir reprit son sérieux. Mais ne vous inquiétez pas, Rigsby et Van Pelt les cherchent, ils vont les retrouver, j'en suis sûr.

Jane se mit assis sur le lit à côté d'une Lisbon dépitée.

- Soyez gentil, asseyez-vous loin de moi.

- Oh, Lisbon, tenta de la rassurer Jane. Si on ne les retrouve pas, on appellera un serrurier.

- Surtout pas ! Il n'est pas question que quelqu'un me voit comme ça !

- Lisbon, ce n'est pas si grave...

- Ce n'est pas si grave ? S'indigna la jeune femme. Patrick Jane m'a menottée au lit d'un hôtel avec des menottes ! Des menottes à froufrous roses ! Et vous pensez que ce n'est pas grave ? Je ne suis pas de cet avis.

Jane se mit à rire en comprenant pourquoi Lisbon était si énervée et gênée.

- On n'est pas obligé de dire que c'est moi...

- Ah oui ? Alors je dis quoi ? « J'ai voulu essayer ces menottes à froufrous roses alors je me suis attachée toute seule aux barreaux du lit » ? C'est pire...

Jane se mit à rire de plus belle.

- Et arrêtez de vous marrer.

- Je viens de penser, dit-il en se tenant les côtes, que si Hightower apprend que je vous ai menottée avec un sextoy au lit d'un hôtel, elle risque de mal le prendre !

- Oh, s'il vous plait, ne dites pas ça comme ça..., gémit Lisbon les joues un peu rouges.

- Lisbon, ne rougissez pas, c'est un concours de circonstance, personne ne le saura.

- Sauf vous, et c'est déjà bien assez, déclara-t-elle en s'écartant un peu de Jane.

Jane s'en rendit compte et il se promit de ne plus jamais refaire ça. Dans la mesure du possible, bien évidemment.

- Il faut que je vous dise quelque chose...

- Quoi ? demanda Lisbon avec appréhension.

La situation lui donnait des frissons dans le dos et le ton sérieux de Jane la mit encore plus mal à l'aise si c'était possible.

- C'est un jouet.

- Et vous croyez que j'ai envie de jouer ?

- Oh non non non, répondit Jane en réalisant que sa phrase avait plusieurs sens. Ce que je veux dire, c'est qu'un jouet n'est pas dangereux. Par conséquent, il n'y a pas de clefs avec ces menottes.

- C'est-à-dire ? S'inquiéta Lisbon.

- Appuyez sur le petit bouton blanc caché sous les... « froufrous roses » comme vous dites.

Lisbon écarta le doux plumage rose des menottes et pressa le petit bouton carré qui déclencha automatiquement l'ouverture des menottes. Elle enleva sa main et se sentit tout à coup libre et soulagée. Puis elle réalisa qu'elle aurait pu avoir cette sensation beaucoup plus tôt si Jane n'avait pas joué avec elle.

- Vous vous êtes encore bien payé ma tête, hein ?

Jane haussa les épaules en souriant, comme si ce n'était pas grand-chose. Lisbon s'empara des menottes et les envoya valser sur lui d'un geste brusque.

- Rangez ça tout de suite où vous les avez trouvées, et en route, on a assez perdu de temps ! dit-elle d'un ton sec en sortant de la chambre.

Jane prit les menottes en les glissa dans sa grande poche de veste puis il éteignit la lumière et rejoignit Lisbon dans le couloir de l'hôtel.

- Je les ai gardées en souvenir de vous, lui glissa-t-il dans l'oreille.

- Oh non...

- Je les aime bien, avec leurs froufrous roses, elles me font penser à vous, ajouta-t-il en entrant dans l'ascenseur avec Lisbon.

La jeune femme appuya sur le bouton du dernier étage et sortit de l'ascenseur en courant avant que les portes ne se referment, laissant Jane seul dans la cabine.

- Oh, Lisbon ! dit Jane d'un air ennuyé en voyant les portes se refermer sur lui.

- Je prends les escaliers. Et vous, allez au diable !

- Je monte au paradis, en réalité ! cria Jane pour couvrir le bruit de fermeture des portes. Lisbon ! Venez le visiter avec moi !

La jeune femme n'était plus fâchée et elle sourit en entendant la dernière phrase de Jane, juste avant que l'ascenseur ne commence son ascension. Avec Jane, il n'y avait pas de milieu, c'était soit l'enfer, soit le paradis. Aujourd'hui, ça avait été le paradis. Ou presque.

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