A la recherche des scenes coupées

71: Secret médical

Lisbon frappa à la porte de la psychologue et une voix l'invita à entrer. Elle s'exécuta, s'approcha lentement du bureau et comme la femme lu faisait signe de s'asseoir, elle obéit.

- Comme je vous l'ai dit la première fois que vous êtes venue, les six fois une heure d'entretien que l'on a eu étaient destinées à m'aider à cerner la personnalité de Patrick Jane et votre façon de travailler ensemble. Maintenant que j'ai bien étudié le cas, je vais vous donner mes conclusions.

La voix de la psychologue était très agréable à écouter et ce fut la première chose qui avait poussé Lisbon à parler plus librement.

- Bien, répondit celle-ci, plutôt mal à l'aise.

Tout ça ne la concernait pas vraiment mais le ton qu'avait prit la psychologue laissait penser que quelque chose clochait.

- Pour résumer, Patrick Jane travaille avec vous dans le principal espoir de réussir à piéger le meurtrier de sa famille. Et de le tuer. Votre rôle va consister à l'en empêcher, à faire en sorte que les évènements se déroulent différemment de ce qu'il souhaite.

Lisbon acquiesça. Tout ça, elle le savait déjà.

- La tâche ne va pas être facile.

Cela aussi.

- Surtout pour vous.

Et cela aussi. Mais elle n'interrompit pas la femme car malgré sa hantise des psychologues, elle avait réussi à obtenir sa confiance et elle avait vraiment la sensation qu'elle voulait l'aider.

- Tout ce que je vais vous dire sera la vérité. Le résumé que je transmettrai à Madeleine Hightower sera modifié. Il faut que vous le sachiez.

- Je ne comprends pas, déclara Lisbon en secouant la tête.

- Si je dis à Hightower ce que je vous confie à vous, elle va vous séparer. Elle va changer Patrick Jane d'équipe et c'est la pire chose qui puisse arriver.

En ce qui concernait la dernière phrase, Lisbon était tout à fait d'accord, mais probablement pas pour les même raisons que la psychologue.

- Je ne comprends toujours pas.

- Bien, le mieux que je puisse faire maintenant, c'est d'être franche avec vous. Vous êtes amoureuse de Patrick Jane et je n'ai pas réussi à confirmer la réciprocité de ce sentiment mais je suis malgré tout convaincue qu'elle est là.

Lisbon entrouvrit la bouche de surprise et un sourire apparut dans le coin de ses lèvres.

- Je ne suis pas...

- Toute la force de votre duo est là, la coupa la femme sans lui laisser le temps de nier. Si on vous sépare, je ne suis pas convaincue que Patrick Jane trouve autre chose à quoi s'accrocher et surtout, personne n'aura assez de volonté pour l'empêcher de faire ce qu'il souhaite autant que vous. Aucun membre du CBI n'est assez accroché à lui pour mettre toute sa volonté dans cette tâche à accomplir, sauf vous.

Incapable de dire un mot, Lisbon laissait la psychologue débiter ses explications sans l'interrompre. De toute façon, elle avait déjà fait une ridicule tentative pour nier ce sentiment et la femme l'avait magistralement ignorée. Surement pour lui rendre la tâche plus simple. A ce propos, n'avait-elle pas parlé de réciprocité à un moment ?

- Je ne dirai rien de tout ça à Hightower. Elle vous séparerait en étant persuadée de faire ce qu'il faut et ce serait une énorme erreur. Agent Lisbon, je ne vous cache pas que les sentiments que Patrick Jane semblent avoir pour vous ne seront peut-être pas aussi forts que les vôtres. La douleur et la culpabilité qui lui pèsent chaque jour l'empêchent d'y voir clair et vous serez la seule à pouvoir lui ouvrir les yeux, si c'est possible de le faire.

Le flot de paroles s'arrêta, laissant place à un silence accablant. Toutes ces choses dites à voix haute lui tombaient dessus comme des cailloux qui jetés dans un étang, bouleverseraient sa sérénité.

- Je vous laisse maintenant prendre la parole si vous le souhaitez, dit alors la psychologue d'une voix calme et bienveillante.

- Qu'est-ce que je suis supposée dire ?

- Vous n'êtes pas supposée dire quoi que ce soit, vous avez le droit de dire n'importe quoi.

- Vous allez mentir pour... sauver Jane ?

- Je ne connais pas assez bien Patrick Jane pour cela, je ne l'ai vu qu'une heure. Je mens pour votre bien à vous, et parce que dire la vérité reviendrait à aider Patrick Jane à accomplir sa vengeance. Ce qui vous anéantirait pour un certain temps, j'en suis certaine.

Lisbon acquiesça. La décision de la psychologue semblait justifiée mais pas vraiment professionnelle. Ce qu'elle n'allait certainement pas lui reprocher, bien évidemment.

- Teresa, je ne suis pas vous, je ne pourrai pas empêcher votre ami d'agir. Mais si vous avez une question, appelez-moi à n'importe quel moment. Peut-être, et je dis bien peut-être, que je parviendrai à trouver une réponse qui puisse vous aider. Je l'espère en tout cas.

Quelqu'un frappa à la porte.

- Entrez.

Une tête blonde apparut à la porte avec un grand sourire.

- Lisbon, j'ai piégé le fils, il a tout avoué ! Bon, j'ai dû inventer une histoire un peu rocambolesque mais ça a marché !

Jane tourna sa tête vers la psychologue puis revint sur Lisbon.

- Alors ? Quel est le bilan ?

- Le bilan est qu'à cause de vous, je fais de la dépression, se moqua Lisbon.

Jane se mit à rire.

- Menteuse, dites plutôt que vous déprimeriez si je demandais ma démission !

Puis il ferma la porte et le silence retomba. La psychologue regardait Lisbon qui avait un sourire en coin et fixait toujours la porte. Elle s'appuya sur son fauteuil, faisant grincer le cuir qui le recouvrait et attirant ainsi l'attention de la jeune femme.

- Ne me regardez pas comme ça..., se plaignit Lisbon dont les joues rosissaient.

- Vous faites ce que vous pouvez pour résister, c'est attendrissant, s'excusa la psychologue. Tenez bon, Teresa, au moins jusqu'à ce que l'affaire John le Rouge soit terminée. Après cela...

Elle haussa les épaules, signifiant que tout était possible. Sentant que l'entretien était terminé, Lisbon se leva et lui tendit la main pour la saluer.

- Bonne chance, lui dit la psychologue en serrant fort sa main.

- Merci, répondit sincèrement la jeune femme.

- Bien, j'ai du travail, il faut que je monte un dossier avec des mensonges qui tiennent la route, maintenant.

Lisbon lui sourit avant de lui tourner le dos et de se diriger vers la porte. Elle n'eut pas le temps de baisser la poignée que celle-ci s'ouvrit à la volée, faisant de nouveau apparaître Jane.

- Vous avez fini ? Ça tombe bien, il faut que vous voyiez ça !

- Quoi encore ?

- Venez !

La psychologue eut juste le temps de voir qu'il lui prenait le bras pour l'attirer au dehors et sa porte se referma. Un large sourire fendit son visage lorsqu'elle sélectionna le paragraphe 'sentiments' sur son ordinateur et qu'elle l'effaça entièrement avant de reprendre.

« Teresa Lisbon et Patrick Jane sont unis par un simple sentiment d'amitié réciproque qui se solidifie au fur et à mesure des années, sans pour autant mettre en péril leur relation professionnelle. »

Premier gros mensonge. Et d'autres allaient suivre mais peu importait. La vérité n'était pas toujours bonne à dire à tout le monde.