A la recherche des scenes coupées

13: CQFD

Lisbon se réveilla en sueur comme prise par une crise d'angoisse. Sa respiration était saccadée et lorsqu'elle appuya sur l'interrupteur de sa lampe de chevet, l'ampoule claqua. Elle se retrouva dans le noir, totalement désorientée et envahie par un sentiment de peur et de malaise. Des larmes se mirent à couler toutes seules lorsqu'elle se remémora les derniers évènements. Jane avait été poignardé par John Le Rouge et Cho était à l'hôpital. Elle essaya de se souvenir quand était prévue la date de l'enterrement de son ami mais elle ne se rappelait plus de rien. Elle s'en voulait terriblement de ne pas se souvenir de cette date si importante. Pourquoi est-ce que ça ne lui revenait pas ? Elle s'essuya les yeux et des images de Jane baignant dans son sang traversèrent son esprit, la plongeant dans une détresse qui l'empêchait de respirer convenablement. Jane était mort. Durant un instant, elle eut l'impression que tout ça n'avait été qu'un horrible cauchemar mais l'espoir disparut bien vite car elle était persuadée qu'elle n'aurait pas pu imaginer tout ça. Et Cho, comment allait-il ? Elle ne se souvenait pas non plus d'avoir été lui rendre visite. Et si c'était un cauchemar ? Non, impossible, elle ne se serait pas mise dans un état aussi catastrophique. Elle eut soudain envie de vomir. Elle chercha à tatillon son téléphone et le trouva au pied de son lit. Elle l'alluma et chercha le numéro de Jane. Elle tomberait probablement sur son répondeur et elle pourrait écouter sa voix, peut-être que ça la calmerait.

Jane sursauta en entendant son portable vibrer sur le sol. Il vit « Lisbon » écrit sur l'écran et décrocha.

- Allo ? dit-il d'une voix ensommeillée.

Il entendit le souffle court de Lisbon dans l'appareil.

- Lisbon, c'est vous ?

- Jane ? dit Lisbon d'une voix tremblante. Je vous réveille ?

- Non, pensez-vous... A trois heures dix-sept du matin, je me réveille automatiquement pour attendre votre appel.

Lisbon mit sa main devant sa bouche pour empêcher un sanglot de soulagement de s'en échapper. Cependant, des larmes dévalaient ses joues.

- Lisbon, tout va bien ? S'inquiéta alors Jane.

- J'ai cru... Je... ça va, oui. Désolée de vous avoir réveillé, dit finalement la jeune femme d'une voix chevrotante. Bonne nuit.

Jane n'eut pas le temps de réagir qu'elle avait déjà raccroché. Que se passait-il ? Pourquoi était-elle dans un état pareil ? Il se leva, enfila un pantalon et une chemise en quatrième vitesse, se saisit de ses clefs et sortit de sa maison. De toute façon, il ne pourrait pas dormir tant qu'il n'aurait pas une idée claire de la situation.

Lisbon posa son téléphone quelque part sur son lit et laissa libre cours à son chagrin qui n'en était plus vraiment. Tout avait semblé tellement vrai, la mort de Jane, les blessures de Cho, le rire de John Le Rouge, la brillance de la lame du couteau... Elle se leva et marcha les mains devant elle jusqu'à trouver l'interrupteur pour éclairer la pièce. Tout était normal, tout était calme, mais dans sa tête, c'était un carnage total. Rien ne voulait s'assembler, rien ne voulait s'ordonner. Elle descendit lentement jusque dans sa cuisine et s'essuya le visage avec son bras. Ce fut seulement en voyant les frissons sur sa peau qu'elle sentit qu'elle avait froid avec sa nuisette qui ne la couvrait pas beaucoup. Elle se servit un café, le posa sur la table devant elle et l'observa. Elle n'avait même pas le courage de le boire. La peine qu'elle avait ressentit en se réveillant avait été tellement réelle que même un bon café chaud ne lui faisait pas envie. Alors que des larmes se bousculaient au coin de ses yeux, quelqu'un frappa à sa porte.

- Merde, dit-elle en reprenant le dessus et en s'essuyant le visage. Merde...

Elle savait que c'était Jane qui n'avait pas compris son appel et elle se sentait vraiment ridicule de l'avoir appelé pour vérifier qu'il était en vie... Elle ouvrit quand même sa porte, secouée par quelques légers tremblements à cause du froid.