50: Téléphone rouge

621 28 0
                                    

- Lisbon.

- Hey, Lisbon, comment allez-vous ?

En réponse à sa question, Jane entendit un klaxon retentir dans le téléphone.

- Jane, c'est vous ?

- On dirait bien, oui, répondit-il en souriant.

Il glissa sa clef dans la serrure et entra dans sa maison.

- Je vais bien, je viens de sortir de la dernière session à l'instant, déclara Lisbon. Vous allez bien ?

Jane ôta sa veste et la posa sur son canapé.

- Ça peut aller...

Lisbon sentit un frisson la traverser lorsqu'elle héla un taxi.

- Il y a un problème ? Demanda-t-elle inquiète.

- Oui, un gros. Vous me manquez.

La jeune femme soupira de soulagement et grimpa dans le taxi qui s'était arrêté devant elle.

- Hôtel Middle West, s'il vous plait, dit-elle au conducteur. Vous m'avez fait peur, Jane.

- Est-ce que ce stage de gérance est bientôt terminé ? Il devait durer deux semaines et on est le vendredi de la troisième semaine, se plaignit Jane.

Il mit de l'eau dans sa bouilloire et appuya sur 'on', puis il prit la tasse bleue qui reposait à côté de l'évier.

- Mais je vous ai expliqué qu'il l'avait rallongé, ce n'est pas une catastrophe, je rentre demain. Est-ce que Cho a réussit à vous gérer ?

- Génial, j'ai hâte de vous revoir ! Cho est un peu trop dur avec moi, je suis obligé d'utiliser des ruses ultra recherchées.

- Tant mieux, répliqua Lisbon en souriant. Ça vous fait les pieds. Et puis j'ai appris plein de choses pendant mon stage et j'ai plein de nouvelles techniques pour vous faire obéir alors tenez-vous prêt. Chauffeur ? Peut-on s'arrêter une minute devant cette boulangerie ?

- Pas de problème, m'dame.

- Merci.

- Oh, gourmande que vous êtes ! s'exclama Jane en remplissant sa tasse d'eau bouillante. Laissez-moi deviner... Un beignet à la confiture ?

Lisbon attrapa son sac et sortit du taxi en riant.

- Je vous mets en attente trente secondes le temps d'acheter mon pain, annonça-t-elle avant de suspendre la conversation.

- Du pain, marmonna Jane en emportant sa tasse avec lui pour aller s'asseoir sur son canapé. N'importe quoi...

Il patienta une petite minute et entendit de nouveau la voix de sa supérieure.

- J'ai quand même pris un beignet, lui dit-elle.

- Vous rentrez quand ?

- Demain, je vous l'ai déjà dit, répéta la jeune femme en s'asseyant à l'arrière du taxi.

- Oui mais demain quand ?

C'était dans ce genre de moment qu'elle ne lui donnait pas plus de huit ans d'âge mental.

- Du temps de midi, je pense.

- Je vous attendrai devant chez vous.

Lisbon esquissa un sourire en sortant son portefeuille de son sac pour préparer l'argent du taximan.

- Mais pourquoi ?

- Parce que vous me manquez, je vous l'ai déjà dit, déclara Jane avant de plonger ses lèvres dans sa tasse de thé.

- C'est ça... Je vous manque parce que Cho est trop sévère, c'est tout.

- Lisbon ?

- Oui ?

- Vous me manquez. Plus que vous ne le pensez.

Que n'aurait-il pas donné pour voir ses joues rosir suite à ses paroles ? Le silence qui suivit confirma ce qu'il pensait.

- Vous rougissez, là ?

- Non, je ne rougis pas, répondit la jeune femme dont le cœur s'était légèrement accéléré.

Elle leva les yeux vers le rétroviseur et vit que le taximan la regardait en souriant. Elle devait être rouge comme une pivoine.

- Allez, dites-moi la vérité, je ne vous ai pas vue depuis trois semaines !

- Je n'en sais rien, je n'ai pas de miroir, je ne peux pas vous dire, déclara-t-elle d'un ton ferme.

- Je prends ça pour un oui.

Pourquoi rougissait-elle alors que Jane se trouvait à des kilomètres d'elle ? Cette fâcheuse habitude commençait à l'agacer.

- Ne venez pas avant treize heures, je ne serai pas encore arrivée.

- Je viendrai à midi, je vous attendrai le temps qu'il faudra. Et dites-moi la vérité : ce stage ne vous a pas donné de solution pour me gérer, n'est-ce pas ?

Le consultant s'allongea sur son canapé et ferma les yeux en attendant une réponse.

- Vous me manquez aussi, Jane. A demain.

La conversation fut coupée et il n'eut pas de réponse à sa question. Mais il n'aurait pu espérer une meilleure fin de dialogue avec Lisbon. Il lui manquait, c'était évident, il le savait avant qu'elle le lui dise. Mais ce qu'il avait adoré par-dessus tout, c'était le fait qu'elle ait osé le lui dire et surtout, le ton sur lequel elle l'avait dit. Sincère et timide à la fois. Du Lisbon tout craché rien que pour lui. Quelle belle journée...

A la recherche des scenes coupéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant