91: Pas à pas

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Il aurait du prévoir qu'elle allait être vraiment furieuse. Voler les cendres du défunt pour faire croire à une machination n'était pas la meilleure idée qu'il ait eue et sa supérieure le lui avait bien fait savoir. Il venait de se prendre une soufflante dans son bureau et s'y retrouvait maintenant seul, observant ses collègues qui s'activaient au dehors pour réparer sa bêtise. Si au moins son plan avait marché...

Alors qu'il était debout dans le bureau de Lisbon, les yeux dans le vide et les mains dans les poches, quelqu'un frappa. Il se retourna et fit une grimace en voyant Hightower entrer. Une autre tempête se préparait.

- Patrick, dit Hightower d'une voix désespérée.

- Si vous pouviez vous en prendre à moi tout de suite, histoire que ce soit fait une bonne fois pour toute, je vous en serais très reconnaissant, déclara Jane.

- M'en prendre à vous ?

- Oui, vous savez... la liste de reproches... les accusations... les points du règlement à rappeler...

- Rentrez chez vous, Patrick. C'est ce qu'il y a de mieux pour Lisbon.

Sur ces mots, Hightower fit volte-face et disparut parmi les autres membres du CBI qui circulaient dans le couloir. Un peu surpris et légèrement irrité d'être traité comme un irresponsable, Jane soupira et fit exactement ce que sa supérieure venait de lui dire. Il ne prit même pas la peine de récupérer sa veste et se dirigea directement vers les portes de l'ascenseur sans que personne ne le voie.

Il passa la fin de sa soirée dans le grenier de chez lui, à rouvrir des cartons qu'il avait entassé là quelques mois auparavant, lorsque tel l'homme le plus heureux de la terre, il avait décidé d'acheter une nouvelle maison. Plus petite que la précédente et légèrement moins luxueuse, mais beaucoup moins hantée cependant. Il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer et regarda sa montre. Vingt-et-une heure. Lisbon n'était pas rentrée trop tard, aujourd'hui. Malheureusement, elle l'attendait sûrement de pied ferme dans la cuisine, prête à recommencer sa tirade d'accusations plus ou moins justifiées. Il y avait une deuxième possibilité. Peut-être allait-elle garder le silence toute la soirée et ne pas lui adresser la parole. Malgré sa fierté, le consultant pensa qu'exceptionnellement, il l'avait peut-être mérité.

Il chassa l'image de Lisbon grincheuse et ouvrit le dernier carton pour y découvrir de vieux magasines et quelques cadres pour photos vides. Il tira sur un magasine au hasard et tomba sur un vieux numéro d'un magasine people.

- Qu'est-ce que...

Il feuilleta l'intérieur et ne trouva aucune raison particulière qui l'aurait incité à garder ce magasine.

- Bizarre, marmonna-t-il en le laissant tomber sur le sol.

De la poussière s'éleva dans l'air alors qu'il observait la une. Une actrice brune portait son bébé dans les bras. Soudain, l'image d'une table basse et d'une salle d'attente lui revint comme un flash. Il s'empara du magasine et chercha dans le sommaire quelque chose qui ressemblait à un test. « Est-il amoureux de vous ? »

Un immense sourire étira ses lèvres lorsqu'il se remémora la scène : lui et Lisbon répondant à ces questions stupides en attendant de pouvoir interroger le médecin, qui d'ailleurs s'était avéré être le coupable.

Il vit les petites croix que Lisbon avait faites pour cocher les réponses. Il se leva et voulu se précipiter auprès d'elle pour lui montrer le petit trésor qu'il avait trouvé mais il se souvint qu'elle était fâchée contre lui. Justement, ce serait peut-être le moyen de la calmer.

Lorsqu'il entra dans la cuisine, la jeune femme sortait deux assiettes d'un placard et mettait la table. Elle releva la tête et l'aperçut dans l'encadrement de la porte. Il lui fit un petit sourire sans prétention pour lui montrer qu'il ne tenterait pas de l'avoir avec du charme.

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