A la recherche des scenes coupées

38: Jeu dangereux

- C'est quand qu'on arrive ?

- Faites pas l'enfant.

Jane et Lisbon roulaient depuis à peine une demi-heure et déjà, ils ne supportaient plus les embouteillages et les coups de klaxons venant des conducteurs les plus impatients. Le soleil tapait fort à travers les vitres, rendant l'atmosphère pesante et étouffante.

- Vous êtes sûre que la climatisation ne marche pas ?

- Non, Jane, ça m'amuse de transpirer au milieu des bouchons et de respirer cet air chaud et toxique depuis plus de trente minutes.

Jane esquissa un sourire devant l'air irrité de sa supérieure. Ils avaient encore une heure de route à faire, qui allait peut-être se transformer en deux heures si la circulation ne se débloquait pas rapidement.

- Qu'est-ce qu'on pourrait faire..., marmonna le consultant en ouvrant la boîte à gants. Il n'y a rien là-dedans.

- Ça veut dire quoi « qu'est-ce qu'on pourrait faire ? », s'inquiéta Lisbon.

- On peut jouer à ni oui ni non par exemple.

Elle regarda Jane comme s'il venait d'une autre planète.

- Non. Oh, ça alors, j'ai perdu ! dit-elle en anticipant déjà la réponse du consultant.

- Vous n'êtes pas drôle.

Fière de sa réplique, Lisbon sourit en mettant ses lunettes de soleil, lui donnant alors un air prétentieux.

- Eh oui, c'est la vie...

- Faites pas l'ado..., déclara Jane. On pourrait jouer à...

Il cherchait un jeu qui pouvait les distraire un maximum de temps, quelque chose qui ferait travailler leur esprit suffisamment intensément pour que les minutes s'accélèrent.

- On choisit un mot et on doit trouver un maximum de chansons qui contiennent ce mot. C'est bien ça, non ?

Lisbon vit le paysage se transformer devant elle. Les panneaux et les voitures étaient remplacés par une forêt, le ciel n'était plus gris mais d'un magnifique bleu et des oiseaux volaient à la cime des arbres. Ce n'était plus Jane qui était assis à ses côtés mais Sam Bosco, mangeant un sandwich dont la moutarde coulait sur la serviette positionnée sur ses genoux.

- Bien sûr qu'il y a le mot oiseau dans cette chanson, disait-il. Ça dit : « Quelque part derrière l'arc-en-ciel, des oiseaux bleus volent. ».

- Ok, ok, c'est bon, tu as gagné. Allez, on change de mot !

- Lisbon, le camion !

La jeune femme sortit de son souvenir et la réalité réapparut brutalement devant ses yeux. Elle eut tout juste le temps de freiner pour laisser passer le camion qui voulait s'insérer dans leur file.

- Et après vous dites que je suis dangereux ! Se moqua Jane.

- Je... Désolée...

Surpris de ne voir aucune réaction vigoureuse chez sa supérieure, il demanda curieusement :

- Vous étiez partie où, Lisbon ?

- Hein ?

- Vous étiez loin au moment où j'ai crié. Vous étiez très loin...

Lisbon inspira et expira calmement pour empêcher ses émotions d'apparaître sur son visage.

- C'est à cause de ce jeu des chansons, remarqua Jane. Dès que j'en ai parlé, j'ai perdu votre attention.