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Je me lève , la lumière m'éblouit. Tout en jurant je ferme les rideaux d'un geste brusque. Je baille et me frotte les yeux.
Hier on était dans cette grande maison remplie de jeunes défoncés...Quelle soirée de merde.
Je m'étire et prend de quoi me changer dans mon armoire. Je prendrais une douche ce soir si j'ai le courage.
Je jette mes fringues sales sur le sol , enfile mes baskets , attrape mon sac à dos et sort de la chambre.

Je ne croise personne en descendant les escaliers.
Je vais visiter un peu les alentours. J'aime pas cette maison. Ça a beau être luxueux mais j'ai toujours l'impression d'être mort et d'être au paradis quand j'entre dans ma chambre. Tout est trop blanc , trop pur. Tout est rangé , les coussins du canapé sont toujours bien à leur place. Et quand je rentrerais ce soir je suppose que mes fringues seront lavées et rangées dans mon armoire.
Je déambule en ville. Je marche sans vraiment savoir où je vais. Je me retrouve finalement en bord de mer. Je m'approche de la digue et m'assoie sur le rebord. La mer est assez agitée , le vent souffle. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais...Ça provoque une sensation bizarre en moi. Je me sens pas spécialement à l'aise. Pourtant j'adore la mer mais en ce moment j'ai l'impression qu'il y a un truc qui cloche.
Je sors mon paquet de clopes de mon sac à dos, en allume une puis le remet dans la poche avant de mon sac. Je remarque qu'il y a un papier plié au fond de cette poche. Je l'attrape et le déplie.
C'est une lettre de Thomas. Je souris.

"Salut Damien ! J'ai glissé ça ici quand tu dormais. Ouais j'ai fouillé dans ton sac (je déconne...Ou pas). J'ai retrouvé un vieux paquet de chewing-gum tout dégueulasse tout collant beurk. Passes ce déchet qui te sert de sac à la machine au moins une fois stp. Il pleure des coulées de boue. Depuis qu'on se connait tu as le même et il n'a jamais été lavé. Une fois tu l'avais même fait tomber dans le lac tu te souviens ? Il sent toujours un peu la vase...
Prends soin de tes affaires tu me fais peur. Crado !

Je suis pas là pour te rabaisser mais je fais que ça. Sorry !
En vrai tu me manques grave (tu es encore là au moment où j'écris mais j'anticipe !). Reviens vite parce que c'est pas possible de tenir. Thomas sans Damien c'est pas Thomas. C'est un corp vide !
Stp stp stp reviens grand con !!
Et gardes bien cette lettre. Ça fera une preuve que ça y est : TU PRENDS SOIN DE TES PUTAINS D'AFFAIRES.

Je t'aime grande perche. La prochaine fois qu'on se voit j'..."

Je vois la lettre s'envoler , prise dans une bourrasque. Je me lève en vitesse , la voyant s'éloigner vers la mer. Je dévale les escaliers , entendant mon sac tomber et s'écraser dans le sable.
J'essaie de l'attraper seulement le vent la porte vers la mer. J'avance , les pieds dans l'eau. Je la touche du bout des doigts et fini par l'attraper. Mon pantalon est trempé ,les bas de mon t-shirt et de ma veste aussi. Mes baskets sont foutues. Mais j'ai la lettre. Je ressors de l'eau , tremblant. Mes dents claquent , je ne sens presque plus mes jambes. Elles sont gelées. Je retourne sur la plage et récupère mon sac , il est plein de sable. Je le secoue et remonte les marches ma lettre dans les mains.

"La prochaine fois qu'on se voit j'espère qu'on ne se quittera plus jamais. Je crois que je veux faire ma vie avec toi."

Je déambule en ville. On dirait qu'une tempête se prépare. Tous rentrent chez eux en courant. Et il y a moi. Je marche sans vraiment savoir où se trouve la maison.
Quelques gouttes de pluies tombent sur mon front. Je soupire. Et merde il pleut. J'ai même pas la force de courir.
J'accélère le pas. J'aperçois une devanture de magasin ou je pourrais m'abriter. Je m'approche et m'assoie sur le sol. Je vais attendre que ca passe pour rentrer. Certes je suis déjà trempé mais mon sac et surtout la lettre de Thomas ne le sont pas.

Assis ,je regarde les gens passer. Des parents avec leurs enfants, des employés de bureau , des touristes... Tous cherchent un endroit où se mettre à l'abris.
Un homme passe devant moi avec son parapluie. Il est vêtue d'une salopette et d'un nœud papillon. Les vêtements semblent assez anciens. Je ne peux pas voir son visage. En tout cas je suis forcé de constater que ce style est très joli.
Il s'approche et referme son parapluie.

"Tiens mais c'est le jeune homme débrouillard de l'autre fois !"

Oh mais oui je le reconnais. Le vieil homme qui tient la boutique d'objets anciens. Je me lève et lui sourit.

"-...Tu es trempé ! Tu es allé te baigner par ce temps ?
-...Pas exactement non...
-Tu vas attraper froid comme ça ! Pourquoi ne rentres tu pas te changer ? Tu n'as pas de parapluie ?
-Non...et je veux pas vraiment mouiller mon sac...
-...Viens je vais te ramener !"

Il me sourit. Je souris à mon tour.
Il regarde le ciel. Il commence à y avoir de l'orage.

"-Hé bien...Ça ne va pas se calmer de si tôt...Que dirais-tu de passer à la boutique ? C'est juste au coin de la rue. On prendra le thé ! Où du café si tu préfères !
-...Oui pourquoi pas ! Et si vous voulez je peux vous aider comme la dernière fois !
-Marché conclu !"

Nous sourions. Il ouvre son parapluie et tout les deux nous marchons vers la boutique.

Il ferme la porte derrière moi et se dirige vers le comptoir.

"Tu ne vas pas rester dans ces vêtements ! Je vais t'en passer ! J'en ai toujours de rechange ! Et puis en fouillant dans les placard de l'arrière boutique je dois pouvoir retrouver des vêtements de mon fils. Il faisait la même taille que toi."

Tandis qu'il part vers l'arrière boutique j'en profite pour faire un tour dans les rayons. Il y a de tout et tout est déposé un peu aléatoirement sur ces vieilles étagères en bois. De vieilles poupées , des vieux bibelots, des voitures miniatures... Tous ces objets brillent ,ils doivent être nettoyés avec soin. Ce qui contraste un peu avec le désordre ambiant.
Je l'entend revenir. Je me dirige vers lui. Il me tend des vêtements. Je sens une odeur de rose qui en émane.

"Ils sont tout propres. Je les ai lavé il n'y a pas longtemps ! Tu peux aller te changer derrière !"

Je le remercie et part me changer. J'enfile le pantalon. Il est a la bonne taille. La chemise aussi. Je met les bretelles et me regarde dans le miroir. J'aime beaucoup ce style mais ça ne veut pas dire qu'il me va. Mais sans vouloir me vanter je me trouve pas trop mal là-dedans. Je le rejoint.
En me voyant il sourit.

"-T'es tout beau là-dedans ! Ça te va bien ! Je pense même te laisser ces vêtements si ils te plaisent !
-Merci mais vous savez j'aurais pu vous les ramener plus tard...
-Non gardes les ! On va dire que c'est un cadeau de remerciement pour la dernière fois !"




Nous nous sommes installé dans l'arrière boutique pour prendre le thé. On a pas mal parlé. Principalement des vieux objets de la boutique. Comme il n'arrivait pas à en réparer un je l'ai aidé et nous avons enfin réussi après une heure de travail. Il est maintenant dix-huit heure et je dois rentrer.
Mon sac sur le dos , Edward me raccompagne jusqu'à la porte.

"-Dis moi Damien...Tu vas au lycée ?
-Non je n'y vais plus...
-...Si tu es libre...Pourquoi ne viendrais-tu pas travailler ici ? Bien sûr tu auras un salaire ! Si tes parents sont d'accord et que ça t'intéresse tu peux commencer dès Lundi !
-C'est vrai ? Vous êtes sérieux ? Vraiment ? Je peux travailler ici ?!
-Bien sûr Damien !"

Enfin quelque chose qui me plait. Je souris et le prend dans mes bras (sans vraiment savoir pourquoi).

"Tu dois être le seul jeune que je connais à être aussi enthousiaste de travailler dans une vieille boutique comme la mienne !"

Il rit et m'ébouriffe les cheveux. Je souris.




La maison est assez calme. J'enlève mes chaussures et les dépose sur le tapis. Je grimpe les escaliers et entre dans ma chambre. Je jette mon sac dans un coin et prend mon téléphone. Je l'avais laissé sur la table de nuit. Pas de message.
Je soupire.
Je m'allonge sur le lit et fixe le plafond. Mon téléphone vibre

Message de Thomas :
Damien ! Ils vont détruire la planque !!

Hide In The Dark Room [Terraink]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant