Mélissandre Heartwood T3 : Code Luna

Chapitre 11 : L'inquiétude de Malia

Le lendemain, nous sommes tous dans la même classe pour assister au seul cours que nous avons en commun: le cours de mathématiques. Je suis assise devant, à côté de Malia qui mordille son stylo avec anxiété. Comme nous l'avait appris Lydia pour l'avoir déjà aperçu dans les couloirs, notre nouveau professeur est un quinquagénaire à l'air austère et peu pédagogue. D'ailleurs, les premiers mots qu'il prononce à notre égare ne sont pas pour nous rassurer:

Monsieur Leroy: Comme vous entrez à présent dans votre dernière année et que c'est pendant les dix prochains mois que votre avenir va se jouer, je vais commencer par évaluer votre niveau. Vous pouvez donc déjà noter dans vos agenda que vous aurez un contrôle jeudi prochain d'une durée de deux heures sur tout le programme des deux dernières années.

Le crayon que Malia vient de mettre entre ses dents se brise en deux et tombe sur sa table. Dans le silence qui suit, certains visages se tournent vers nous.

Monsieur Leroy: Bien. Ouvrez à présent votre livre à l'index pour que je vous expose le programme de cette année. Et ne traînons pas s'il vous plait, il est très dense.

Lorsque nous sortons de la salle pour nous rendre chacun à nos cours suivants, Malia laisse libre cours à sa panique dans le couloir.

Malia: Un contrôle dans deux jours! Sur tout le programme des deux dernières années! Je n'arriverai JAMAIS à tout réviser à temps!

Moi: Mais si! Tu sors à peine de ton stage d'été! Tout doit encore être frais dans ta tête Malia!

La voix de Malia part dans les aigus.

Malia: Non! On n'a revu que le programme de l'année dernière, pas celui de l'année d'avant!

Lydia essaye de la calmer en adoptant un ton rassurant.

Lydia: Ne t'inquiète pas Malia. Monsieur Leroy veut nous faire peur mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter. On peut réviser ensemble si tu veux.

Malia nous regarde d'un air peu convaincu. La grimace qu'elle arbore est celle de la défaite. Mais nous n'avons pas le temps de discuter d'avantage car Jason et Hardin passent à côté de notre trio en se moquant ouvertement de moi.

Jason: Salut la sorcière! Pas de mauvais sort de prévu pour aujourd'hui?

Hardin: On attend toujours notre filtre d'amour!

Les yeux de Malia deviennent bleus et elle gronde si fort que Lydia et moi sommes contraintes de la prendre chacune par un bras pour l'éloigner des deux perturbateurs. Quand notre amie retrouve la maîtrise d'elle même, elle se tourne vers moi avec une soudaine lueur d'espoir dans les yeux.

Malia: Mais bien sûr je sais! Comment est-ce que je peux ne pas y avoir pensé plus tôt!

Lydia: De quoi parles-tu?

Malia: Mel n'a qu'à me concocter une potion pour m'aider à tout retenir plus vite!

Moi: Euh...

Lydia: Chérie, je ne suis pas sûre que ce genre de décoction existe en dehors des films!

Mais voyant l'air abattu de Malia, j'interviens malgré moi avant de me mordre la langue.

Moi: Je vais quand même regarder dans mes livres et demander à Deaton! Je le vois ce soir! Si une telle potion existe, je ferais tout mon possible pour te la préparer!

Malia me sourit tristement.

Malia: Merci.

**

Quand je sors de classe ce soir là, je suis étonnée de constater que j'ai un appel manqué du shérif. Ayant prévu de me changer dans les vestiaires puis de rentrer chez Scott en courant pour m'entraîner un peu, j'enfile ma tenue de sport et attend d'être dehors pour le rappeler.

[Moi]

Allô monsieur Stilinski?

[Shérif]

Bonsoir Mel! Désolé j'espère que mon appel ne t'a pas causé des ennuis en cours?

[Moi]

Non pas du tout. Vous vouliez me demander quelque chose?

[Shérif]

Plutôt te montrer quelque chose. Tu crois que tu pourrais passer au poste toute à l'heure?

Le ton préoccupé avec lequel il parle suffit à me convaincre du caractère surnaturel de son problème.

[Moi]

Bien sûr je serais là dans une heure ça ira?

[Shérif]

Ce sera parfait merci. À toute à l'heure.

Je raccroche et envoie un texto à Deaton pour lui dire que je dois annuler notre rendez vous de ce soir à cause d'un imprévu de dernière minute. Il me répond qu'il n'y a pas de soucis et qu'on se verra dans deux jours car il ne travaille pas demain.

Je glisse mon portable dans le brassard de course autour de mon bras et me dirige vers la forêt pour faire ma boucle habituelle de 12 km. Je cours à un bon rythme et le cadre est agréable à cette heure de la journée où le soleil couchant inonde le couvert des arbres de reflets chatoyants.

La musique dans les oreilles, je n'entends pas tout de suite les oiseaux.

Autour de moi, la luminosité diminue progressivement mais j'attribue cela au soir qui tombe même si on vient à peine de dépasser 19h. Mais soudain, dans le silence qui suit une musique et qui précède une autre, je perçois les croassements sonores au dessus de ma tête.

J'enlève aussitôt mes écouteurs et je ralentis pour lever les yeux au ciel.

Moi: Bon Dieu mais qu'est-ce qui se passe?!

Dans le ciel au dessus de moi, une nuée de corbeaux tourbillonnent furieusement en masquant presque totalement le soleil. Ils sont si nombreux qu'ils se rentrent parfois les uns dans les autres à pleine vitesse en provoquant des nuages de plumes noires qui retombent en virevoltant vers le sol.

Puis tout à coup, comme s'ils s'étaient tous donnés le mot, les oiseaux plongent vers moi à pleine vitesse.