Chapitre 59: Affaire de famille

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Quand je traverse le couloir pour rejoindre ma salle de classe avant que la deuxième sonnerie ne retentisse, je tombe nez à nez avec ma mère. Elle est assise sur les marches de l'escalier qui mène à l'étage, toute seule et les yeux rougis d'avoir trop pleuré. À ses pieds, un petit tas de mouchoirs chiffonnés indique qu'elle se cache ici depuis quelques temps déjà.

Moi: Maman?

Je m'avance vers elle et ma mère sèche aussitôt ses larmes d'un revers de la main.

Maman: Mélissandre! Qu'est-ce que tu fais ici?

Moi: J'étudie ici maman. Et toi, qu'est-ce que tu fais ici?

Je m'assois à côté d'elle et passe ma main par dessus ses épaules pour la serrer contre moi. Je déteste la voir pleurer, cela me rend toujours très triste et j'ai envie de pleurer aussi même si je n'ai aucune raison pour ça. Le corps de ma mère est traversé de petits sanglots qui me serrent le coeur.

Maman: Je me suis trouvée un petit appartement pas très loin de la piscine olympique. Je déménage ce weekend.

Je dois dire que je ne m'attendais pas à ça mais pourquoi pas après tout? Je note que ma mère a intégré le fait que je vive avec Peter à présent.

Moi: Mais...tu ne veux plus vivre chez les Stilinski?

Maman: Noah et moi nous nous sommes séparés.

J'accuse le choc en silence. Je croyais que ma mère avait trouvé chez le père de Stiles l'homme qu'elle méritait depuis le début: attentionné et présent. J'étais tellement occupée par mes problèmes personnels que je n'avais pas remarqué que cela n'allait pas bien entre eux. Sur le coup, j'en veux un peu à Stiles de ne m'avoir rien dit. Je serre un peu plus fort ma mère contre moi pour la réconforter. Quand elle m'explique la raison de cette séparation, elle parle de manière saccadée tout en retenant ses larmes du mieux qu'elle peut. Ma mère s'évertue toujours à rester digne en toutes circonstances, c'est exactement comme ça qu'elle s'est comportée quand elle a pris la décision de quitter mon père et New-York pour déménager à Beacon Hills.

Moi: C'est à cause du fait que je sorte avec Peter?

Maman: Nous étions en désaccord sur beaucoup de choses, ce n'est pas uniquement ta faute.

Je soupire. Je me sens misérable parce qu'à cause de moi, même indirectement, ma mère vient de perdre le peu de stabilité qu'elle avait dans le nouveau monde qui vient de lui être révélé.

Moi: Je suis désolée maman. Tu finiras par trouver quelqu'un de bien, j'en suis sûre.

Ma mère me sourit tristement et m'embrasse sur le front.

Maman: Heureusement que tu es là ma petite sorcière de fille! Qu'est-ce que je ferais sans toi?

Je me tourne à demi pour la serrer fort dans mes bras, les larmes aux yeux. J'ai l'impression de revenir au temps où nous ne pouvions compter que l'une sur l'autre. Ma mère a toujours été là pour moi et je ne la remercierai jamais assez pour cela. Quand je pense à tous les ennuis que j'ai pu lui causer!

Moi: Peter et moi on t'aidera à déménager. Et on demandera aussi à sa meute et à Scott.

Maman: Tu sais Mélissandre, je n'ai pas autant d'affaires que ça. La plupart est partie dans les flammes l'année dernière.

Je pousse un lourd soupir, la gorge nouée. Tout en caressant tendrement mes cheveux, elle me demande:

Maman: Mais arrêtons de parler de moi! Je te vois de moins en moins ma chérie! J'espère que ce Peter prend soin de toi et qu'il te traite comme une princesse! Tu le mérites tellement! Et si ce n'est pas le cas, je vais aller lui dire deux mots, loup-garou ou pas!

Sa remarque a le mérite de m'arracher un rire.

Moi: Oui maman. Peter prend soin de moi tout comme je prends soin de lui.

Maman: Bien.

Ma mère se dégage gentiment de mon étreinte et essuie une dernière fois ses joues humides avant de se lever et de lisser sa jupe. Nous entendons des pas descendre les marches ce qui nous fait tourner la tête. Le coach arrive les cheveux en bataille et le visage bouffi par le sommeil. Il a du s'endormir dans la salle des professeurs après une nuit peu reposante et se dépêche à présent de rejoindre la salle de cours où il doit remplacer Monsieur Leroy. Il s'arrête net lorsqu'il me voit.

Coach: Heartwood!

Moi: Coach!

Coach: Que faites vous à trainer dans les couloirs? Vous devriez être en cours!

Moi: Je vous retourne la question coach!

Mais il n'a pas le temps de me répondre car il vient d'apercevoir le visage encore rouge de ma mère qui lui sourit timidement. Ses sourcils s'arquent soudain dans une expression de profonde compassion et il s'avance vers elle pour lui prendre la main.

Coach: Madame Heartwood!

Maman: Appelez moi Johanna.

Coach: Johanna que vous arrive t-il? Si c'est à cause d'un homme, donnez moi son nom et j'irai lui botter les fesses moi même!

Ma mère rit de bon coeur ce qui allège le poids sur ma poitrine.

Maman: Merci monsieur Finstock mais ce ne sera pas la peine.

Coach: Appelez moi Bobby.

Maman: Très bien Bobby.

Coach: Tenez, pour vous remonter le moral, je vous invite à prendre le café à la pause de midi. À quelle heure finissez-vous votre cours?

Ma mère réfléchit. Elle n'a toujours pas enlevé sa main de celle du coach. J'observe la scène d'un air mi-amusé, mi-méfiant. C'est ma mère après tout. J'ai un droit de regard sur ses fréquentations non? Mais j'aime bien le coach et je lui en suis reconnaissante de détourner l'attention de maman sur autre chose de plus joyeux.

Maman: 12h30.

Coach: Très bien alors à toute à l'heure Johanna! Et séchez moi ces larmes voulez vous? Vous êtes beaucoup plus charmante lorsque vous souriez!

Ma mère rougit mais ce n'est plus à cause des larmes. Le coach lâche sa main et dirige vers moi un regard autoritaire en fronçant les sourcils.

Coach: Vous n'êtes toujours pas en cours Heartwood? Vous voulez une retenue?

Moi: Euh non coach!

Je file dans le couloir, le coach sur les talons et le rire de ma mère en arrière fond.

Mélissandre Heartwood T3 : Code LunaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant