Chapitre 16 :

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« BOIS BOIS BOIS BOIS ! » me crient les gens tout autours de moi pendant que je descends d'un coup l'alcool de mon gage.

Je sens la vodka entrer dans mon œsophage en me brûlant la gorge, picotant chaque parcelle sur son passage, sensation bien plus que désagréable mais que j'ai appris à aimer, elle me conforte en réalité. Quand j'ai fini mon verre, le je pose et est applaudie par tout le monde autours, levant les bras comme en signe de ma victoire. Victoire face à ma dignité peut-être...

Ces fêtes sont une grande partie de ma vie. Du jeudi au samedi, qu'elles soient en petit comité ou en plus gros comme ce aujourd'hui. J'adore ça, et ne m'en cache pas. J'aime passer des moments avec mes amis, semblant inoubliables pour finir par ne plus m'en souvenir le lendemain. Je suis exactement le genre de fille cliché « populaire » des lycées français, passant sa vie avec ses potes et s'en fichant du reste autour, d'avoir des bonnes notes ou des personnes qu'elle ne considère que peu, buvant, fumant avant, après et aussi pendant les cours, et surfant entre les rumeurs sur les personnes et les endroits où serait passé notre cul, et considérée comme sans aucun avenir par la plupart, peut-être même pour moi.

Alors que je commence à avoir un vertige, je suis rattrapée.

-Ça va ? Me demande Arthur.

Il est toujours aussi beau, malgré ses yeux injectés de sang qui me fixent. Lui aussi fait intégralement partie de ma vie, je ne peux pas m'imaginer sans lui en ma compagnie, et j'ai beau me foutre éperdument du reste, lui, mes deux meilleurs amis et mon frère sont les seuls personnes qui comptent réellement au lever du jour quand je me retrouve face à moi même.

-Ça va, merci, articulé-je avec difficulté étant donné mon niveau d'alcoolémie et en lui tendant mon verre. Tu peux me le remplir ?

Il me regarde en secouant la tête et pose un bisou sur ma bouche.

-L'alcool c'est fini pour toi ce soir ! Souffle-t'il entre mes lèvres.

Je le regarde en roulant des yeux, mais au fond je sais qu'il a raison. Il me connait par coeur et sait très bien ce qui est le mieux pour moi. J'ai beau avoir une bonne descente, je ne suis pas invincible.

On s'assied tous les deux sur un canapé pour observer le Vodka Pong qui oppose mes deux meilleurs amis, Camille et Léo. Je regarde la balle passer d'un bout à l'autre de la table, en retombant à chaque fois dans les gobelets rouges. Ils se mettent alors d'accord pour le faire en fermant les yeux, et même là ils sont forts, sûrement grâce à leur pratique régulière. Ou parce qu'ils trichent, à vous de voir.

Camille gagne la partie sur le tout dernier coup, ce qui lui vaut d'être applaudie par tous les gens autours.

Je m'allonge la tête sur les genoux d'Arthur qui me caresse les cheveux et commence à m'assoupir tout doucement quand on me prévient qu'un petit groupe se forme pour jouer à Action ou Vérité. Je me lève et me précipite alors pour en faire partie. J'adore réellement ce jeu, toujours père de problèmes, et même si j'avoue que c'est plutôt triste, ces problèmes sont une partie intégrante de ma vie à la même hauteur que ces soirées débiles et vides de sens.

Mon copain quant à lui m'informe qu'il préfère rester avec un autre petit groupe, ce qui pour le coup m'arrange. C'est égoïste, mais si moi je m'en fiche de lancer des problèmes, je veux éviter qu'il en cause, ou encore qu'il me bride et m'empêche de faire certaines actions plus que croustillantes.

Je m'assois dans le salon sur un bord du canapé qu'il reste, et on peut lancer la partie. On commence par plusieurs petits gages plutôt gentillets, des smacks entre potes, des culs secs, et bien sûr vient mon tours.

-Aller Max', l'heure du shot ! S'écrie Camille lorsque je l'informe que je veux faire une action.

-J'ai promis que j'arrêtais ce soir, et à vrai dire ça vaut mieux pour moi.

Elle fait une moue déçue, mais à vrai dire je suis si défoncée dû au mélange d'alcool dans mon estomac et nauséeuse qu'il est hors de question que je boive une nouvelle goûte. J'ai déjà vomis hier, alors je ne compte pas remettre ça si tôt. Je regarde face à moi et observe Alexandre qui me dévore du regard depuis que je suis arrivée au début de la soirée. Je roule les yeux... c'est le meilleur ami de mon mec et le seul à ne pas respecter notre couple.

-Ok, alors en soutif !

Je la regarde, elle a le regard espiègle, et je m'exécute, laissant apparaître ma lingerie, un beau body en dentelle rouge très échancré et bien plus que transparent, jurant parfaitement avec ma peau bronzée malgré la période hivernale. On peut dire merci aux nombreux auto-bronzants que j'ai l'habitude d'utiliser aidant au mensonge de mes vacances à Marrakech aidant lui même à celui de la vie parfaite que je feins auprès de tous.

La réaction générale est bien sûr de nombreux sifflements auxquels je réponds en replaçant le bonnet afin de laisser d'autant plus de peau transparaître.

J'adore habituellement jouer de mon corps, mais cette fois je me recroqueville vite : si ce n'est pas la première fois que je me retrouve en lingerie en pleine soirée, c'est la première que je suis mal à l'aise : Alexandre me regarde et me bouffe des yeux, ce qui me rend la situation assez cocasse.

Voyant que je me cache plus ou moins de mes bras de façon inhabituelle, Camille me regarde avec incompréhension et je désigne du menton Alexandre, puis elle replonge ses iris dans les miennes l'air de dire qu'elle lui fait aussi un peu, voir beaucoup flipper.

Je donne un défis à Léo puis la partie reprend, et je me décide à ignorer les regards sur moi, decision probablement appuyée par l'alcool coulant dans mes veines. J'ignore également les messages de mon père qui me demande de rentrer de la soirée à laquelle il ne m'a absolument pas autorisé à aller.

Quelques gages plus tard, commençant à devenir un peu plus chauds, je m'aperçois que je ne vois plus Arthur au fond de la salle, et je me rends compte qu'il me manque, sûrement dû à la boisson et au fait de voir des gens se rapprocher grâce au jeu. A ce moment, je n'ai qu'une envie : être dans ses bras. Je décide alors de quitter la partie après avoir prétexté une envie pressante pour laisser le cercle sans me faire incendier de ne plus leur fait honneur de ma présence. Après avoir renfilé mon top, je me lance à la recherche intensive de mon copain.

Au bout de quelques minutes et après avoir fait le tour des extérieurs et de l'étage, j'en arrive à la conclusion qu'il doit être dans sa chambre. Je monte les marches en direction de ladite pièce et une fois arrivée devant la porte fermée, je perçois des rires quasiment inaudibles, étouffés, ainsi que des gémissements, très nombreux.

Des gens ont dû emprunter sa chambre pour faire des cochonneries, comme à chaque soirées, ce que je trouve en soit bête, et je me surprends à me dire à quel point je suis heureuse d'être toujours vierge, malgré les nombreuses rumeurs sur la centaine de gars avec lesquels j'aurais couché à 15 ans seulement, même si au vu de mon comportement je ne peux qu'avouer en jouer et que je ne fais surtout pas d'efforts pour limiter ces rumeurs.

Je suis vierge et sûrement la seule dans cette soirée, en tout cas qui a pour habitude de sortir régulièrement, même si j'avoue ne pas être totalement innocente.

Le fait est que des personnes sont sûrement en train de tapisser les draps du lit de fluides corporels en tout genre et connaissant Arthur, il vaut mieux pour moi que je les vires.

J'ouvre donc la porte, d'ailleurs pile au moment du fameux cri orgasmique d'une voix féminine résonne dans la pièce, et sans prendre la peine de toquer, bien entendu à cause des effets de l'alcool. Je regrette amèrement mon geste juste après l'avoir exécuté, puisque j'aperçois la pire chose que j'aurais pu voir, ne pouvant même plus bouger un seul de mes membres tant je suis choquée.

American DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant