Chapitre 50 :

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En sortant du bureau, je n'ai plus qu'une envie : trouver cette petite salope d'Alison. L'épreuve se termine seulement dans dix minutes, et là, elle a simplement dépassé les limites.

S'en prendre à mon avenir ? Sérieusement ?

Je marche à toutes vitesse pour me placer devant la porte de notre salle et ne pas louper sa sortie, quand je reçois un message de Cameron.

La secrétaire a appelé ma mère, je suis devant le lycée.

Il est hors de question de laisser passer ça, mais son message me ramène brusquement à la réalité : faire ça au lycée ne va surtout pas arranger mon cas, alors il me faut attendre qu'elle rentre chez elle.

La colère est là, mais se traduit instantanément en quelque chose que je connais bien : la faim insatiable.

J'arrive en furie dans la voiture de Cameron, croyant presque arracher la portière de la décapotable.

-Eh fait gaffe ! Non ?

-J't'en pris. Vous avez gagné. Je retourne en France et sans avenir, ni université, ni honneur.

-Eh ! De quoi tu parles ?

-Je n'ai pas triché. Des antisèches étaient apparemment dans ma trousse mais je ne les ai jamais vues. Donc évites de m'énerver, sinon je vais m'en prendre à toi aussi et...

-Alison ? Me coupe-t'il.

-Alison.

-T'as faim ?

Il voit instantanément dans mon expression de visage que oui, je suis sur le point d'exploser. La boulimie n'est pas une question de faim, mais le résultat est le même.

-Tu veux te calmer un coup avant d'arriver à la maison ? Si ça se trouve, ça te fera passer l'envie.

Je hoche la tête et il allume le contact pour nous emmener à quelques minutes seulement du lycée, à croire que cet endroit est fait pour.

-Attends, me dit pas que c'est...

-Oui, l'endroit où on paye pour casser des assiettes.

Je ne peux m'empêcher de rire. C'est donc ça, ma vie. Plus d'avenir ni de famille et tout ce qui peut potentiellement me soulager est de casser une dizaine d'assiettes contre un mur.

On en achète quinze chacun et on se met côte à côte. On enfile les lunettes de protection et on peux commencer à briser les assiettes contre le mur plus loin.

-Alors ? C'est ça que les personnes normales font quand elles sont en colère ?

Il me regarde et éclate sa première assiette en réponse.

-Essaie, tu verras !

J'éclate la mienne et ressens instantanément une jouissance, comme si cette assiette était là tête de ma sœur d'accueil.

-Celle là, je l'éclate en l'honneur des profs qui ont choisi le seul sujet de philo sur lequel j'ai fait l'impasse, annonce Cameron avant de lancer avec facilité l'assiette, qui s'éclate avec une force incroyable contre le mur.

-Celle là, c'est pour cette pute d'Alison qui me gâche la vie depuis le premier jour, continué-je dans sa lancée.

-Exactement la même.

-Ça c'est pour la note d'exam que j'aurais jamais.

-Pareil pour moi !

-Ça c'est pour Nate, le pire connard au monde...

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