Chapitre 58 :

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-Je... je ne sais pas quoi dire, bégaye Cameron, sous le choc de cette annonce inattendue et horrible.

Il me caresse le dos pendant que je me laisse aller à des pleurs, ceux que je ne m'autorise tout juste jamais, recroquevillée face à la mer, la tête enfouie dans mes jambes comme pour cacher la honte que je ressens à ce moment.

-Je suis désolé.

Cela fait plusieurs minutes que je lui ai avoué un des secret le plus lourd à porter de ma vie, celui si secret que je n'en ai appris l'existence qu'il y a quelques mois.

Depuis, je lui ai expliqué de nombreuses choses, et ça me fait du bien de me libérer. Il a beau est gêné et ne pas savoir comment réagir, si il doit me poser des questions, intervenir ou au contraire me laisser dans le silence, s'il est censé me plaindre ou rester neutre, tout ce qu'il fait est parfait : il me pose les bonnes questions, au bon moment, me laisse le temps de souffler, et ses caresses dans le dos ne pouvaient se faire plus agréables. Il me prouve chaque secondes que j'ai bien fait de lui faire part de ce secret qui me hantait bien avant sa découverte.

Je n'aurais jamais imaginé pouvoir partager ce secret à quelqu'un, et je suis contente de l'avoir dit à Cameron, puisqu'il a des interventions parfaites, mieux que dans tous les scénarios dans ma tête, et puis son jugement m'importe peu alors que je repars dans quelques heures dans l'avion qui va me séparer pour toujours de lui.

J'ai été violée.

Je l'ai formulé pour la première fois de ma vie dans ma tête et à haute voix, et c'est vraiment difficile, mais à la fois, cela me donne une réel soulagement. J'ai toujours mis un tabou sur la question en vue de ma pudeur à exprimer mon passé ou mes sentiments, mais peut-être que pour ça, je me dois d'agir différemment. Et puis Cameron n'est pas le premier venu à qui je veux parler de mon histoire, ma relation avec lui est... différente.

-Je pense que le pire est de retourner la situation cent milles fois dans sa tête et dans tous les scénarios se trouver coupable. C'est insensé et pourtant c'est juste l'impression que j'ai. Ça fait deux ans et m'en remettre me semble impossible, tout juste impossible.

Je souffle.

-Putain d'Alexandre...

J'ai chauffé ce mec. Toute la soirée, sans interruption, c'est un fait. Et pourtant, je lui ai répété non. Des centaines de fois. J'ai essayé de l'arrêter, mais il m'a bloqué. Je n'étais pas consentante et il le savait. Seulement j'ai le sentiment que c'est mérité pour tout ce que j'aie fait à ce moment.

Et c'est le pire sentiment que je n'aie jamais eu l'occasion de subir.

Je lève les yeux au ciel quelques secondes et me laisse porter par le bruit des vagues.

-Merci.

-De quoi ?

-D'être là. De ne pas sourciller lorsque je te racontes les détails sanglants des images qui ne me sont apparues qu'une année et demis plus tard, il y a seulement quelques mois. De m'écouter déblatérer sur cette chose horrible et de paraître un minimum intéressé par mon histoire.

-Merci à toi.

-Pourquoi ?

-Pour illuminer mes journées entières.

Un long silence se fait sentir, agréable, confortable, comme à chaque fois avec Cameron.

Et je souris.

Je souris parce que mon coeur se réchauffe légèrement, parce que j'ai l'impression qu'il se reconstruit un peu. Ce mec est incroyable, même si ça me fait chier de l'admettre.

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