Chapitre 42 :

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Le lendemain, j'ai du mal à me réveiller, toujours dans le noir total, et je n'arrive pas à réaliser tout ce qu'il vient de se passer.

J'ai l'impression d'avoir dormi plusieurs années, et je mets du temps à émerger et à comprendre la journée d'hier et toutes les émotions difficiles qui m'ont pénétrés en l'espace de quelques heures. J'aurais pensé que la trahison de Nate aurait été ma première pensée, ou encore la honte pour l'état dans lequel Cameron a pu me voir, mais au final ce n'est pas le cas.

Je souris, puisque malgré tout ce que j'aurais pu prédire, mon premier sentiment est d'être heureuse d'avoir enfin quelqu'un qui fait attention à moi. J'aurais en plus pensé ce sentiment horrible, détestant cette impression d'être un poids pour les autres, mais au final, bien au contraire, je suis heureuse. J'en oublie même la peur que cette personne s'en aille, comme toutes les autres l'ont fait, me laissant encore plus mal en point qu'à son arrivée, et ne pense qu'à ce qu'il m'a apporté hier.

J'ouvre les volets doucement malgré la flemme de sortir de mon lit après une journée aussi éprouvante, et constate que le soleil est déjà bien levé. Je prends mon téléphone et vois qu'il est déjà 10h30, expliquant la luminosité. Je peine rien qu'à calculer mon temps de sommeil beaucoup trop élevé. Je ne savais pas jusque-là qu'il était possible de dormir seize heures, encore plus après avoir dormis toute la journée contre Cameron comme je viens de le faire, comme quoi mon mal-être permet au moins de faire des expériences scientifiques.

Je descends mon regard vers un plateau posé sur ma table de chevet. Il y a un plat avec des œufs brouillés, des tomates, des pains beurrés, ainsi qu'un nombreux choix de viennoiseries françaises. Il y a un grand verre de jus d'orange et une carte, mon nom écrit dessus. Je l'ouvre et constate l'écriture de Cameron.

« Laisses-moi t'aider. »

Je souris, inconsciemment. La peur qu'il me laisse comme après la soirée de bienvenue part pour me laisser sur un beau constat : Cameron est vraiment quelqu'un de bien, et est là pour moi, même malgré nos différents. Je commence à savourer le petit déjeuner, sans culpabiliser : je veux réellement lui faire confiance.

Je sais que ce que ce que je fais n'est pas sain depuis le début, alors peut-être que tout ce que j'attendais tout ce temps était que quelqu'un entende mon appel à l'aide et soit là alors que j'essaie de m'en sortir. Comme si j'attendais que quelqu'un soit enfin là. Comme si la douleur laissée par la faim était plus simple à supporter que la solitude. Et ma guérison commence par là. Par manger. Par reprendre le poids que j'ai perdu trop vite, de façon trop peu saine...

Je m'extasie sur ses œufs concoctés et sur les viennoiseries trouvées, car malgré mes recherches incessantes pour découvrir un bon boulanger français dans ce pays où le pain est aussi mauvais, celles-ci n'ont jamais aboutis. Je mange tout rapidement, lorsque Cameron entre. Je ne peux retenir un sourire en le voyant arriver, il s'assied directement en face de moi, sur le lit.

-Alors, comment ça va ? Pas trop fatiguée ?

-Non, merci beaucoup. C'est très bon... t'as trouvé ces pains où ?

-A l'autre bout de la ville, frais de ce matin...

-Attends. À l'autre bout de Los Angeles ou de Santa Monica tu parles ?

-L.A....

-T'as fais une heure allée et une heure retour pour me dégoter ça ? T'es fou !

-Je sais, tu me le dis souvent, je suis pas prêt d'oublier...

On rit et je finis mon petit déjeuner que j'engloutis rapidement.

Il m'emmène ensuite vers le miroir en pied de la chambre et je vois nos deux reflets, je m'apprécie alors à ontempler le beau duo qu'on forme. Il est plus grand que moi, une quinzaine de centimètres, dû à ma taille bien trop petite à mon goût. C'est d'ailleurs un des innombrables complexes que j'ai, bien qu'il ne me dérangeait pas à l'époque. Nous nous mêlons parfaitement, que ça soit grâce à nos teints hâlés par le soleil californien ou nos cheveux bruns vêtus de grosses boucles, au point que j'en viens à m'apprécier, et putain, qu'est-ce que ça fait du bien.

American DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant