Chapitre 9 :

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Je ne sais pas si je suis plus énervée parce qu'Alison est au courant de choses sur moi ou parce que ce qu'elle a dit fait ressurgir des souvenirs que j'avais pris garde à enterrer au plus profond, mais je suis maintenant inarrêtable. Je boue de l'intérieur et suis prête à tout casser. J'ai d'ailleurs bien fait de partir avant de m'en prendre au joli visage de cette Alison, puisqu'à vrai dire, je pense que si je n'étais pas partie sur le champ, je l'aurais sûrement, voir forcément fait.

Dans un excès de rage je pousse la porte des premières toilettes que je trouve sur mon chemin et jette à terre la première chose qui me tombe sous la main, c'est à dire le distributeur de savon, qui s'éclate en mille morceaux au sol. Juste après je souffle en essayant de me calmer. Inutile puisque je ne mets que quelques secondes avant d'exploser une des portes menant à un cabinet, espérant que cela me soulage, mais cette fois ça ne suffit pas.

Je suis hors de moi, hors de contrôle et j'ai l'impression que rien ne peut me faire sortir de cet état. Je suis en transe et ma seule envie est de tout casser, de frapper dans un gros punching-ball jusqu'à n'avoir plus aucune force, aucune énergie et aucun muscle fonctionnel.

Je me réfugie ensuite dans les toilettes que je viens d'ouvrir et en claque la porte, avant de me laisser glisser contre elle, en me tirant les cheveux, semblant m'aider aussi à me détendre, bien qu'un peu seulement. Au fur et à mesure que mes nerfs se relâchent, les larmes commencent à monter, et j'en laisse maladroitement tomber une, provoquant la déferlante de nombreuses autres, des larmes de descente rapide de pression. J'en suis presque à me féliciter d'avoir trouvé un moyen de sortir de cet état, même si c'est triste.

Au bout des quelques secondes, je sors pour me laver le visage, toujours en pleurant, au moins pour me le rafraîchir. Je me rassieds au même endroit que précédemment et souffle. Ce rinçage aura au moins eu le bénéfice de me remettre mes idées en place.

Il faut que je fasse le point.

Comment a-t'elle pu savoir ?

Eh merde, le dossier qu'on avait envoyé aux familles... elle l'a forcément vu, mais je n'aurais pas pensé qu'elle oserait utiliser quelque chose comme ça contre moi. Il faut du culot, à un point énorme et que je n'aurais pas pensé possible venant d'elle. Ça y est, tout le monde va le savoir, et ma vie privée va être dévoilée aux yeux de tout le lycée, si ce n'est plus.

« Maxence ? » crie une voix en entrant.

Blair.

Je me tue et stoppe mes sanglots, les remplaçant sans même m'en rendre compte par des mouvements frénétiques de ma jambe de haut en bas. Je ne veux pas la voir, ni personne d'autre d'ailleurs. Je ne veux pas savoir ce qu'Alison a révélé et ne veux avoir la pitié de quiconque, alors répondre à son appel me semble une épreuve insurmontable.

Mon premier jour.

Mon premier jour putain !

Une fois que je l'entends rebrousser chemin et sortir, je souffle, m'autorisant enfin à reprendre ma respiration que j'avais bloqué sans même y faire attention, et me rends compte que sa présence aura au moins eu le bon de stopper les larmes que je pensais inarrêtable.

Je triture mon élastique à cheveux avec nervosité et prends alors la balle anti-stress qui est toujours glissée dans mon sac, aidant aussi dans un de ces nombreux moments d'anxiété à faire redescendre mes nerfs. Je m'apprête à la sortir mais sens du bout de mes doigts le papier que j'avais glissé dedans : le numéro de Nate. Et j'ai une envie désespérante de me changer les idées, alors quelqu'un qui ne sait aucunement tout ce qui vient de se passer me semble parfait pour ça.

Hey, comment tu vas ?
-Max

Je n'attends pas longtemps avant de recevoir sa réponse, et, lorsque mon téléphone sonne, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. Seulement il s'arrête vite en voyant son message.

Salut, je suis en cours, je peux discuter avec toi après ?

Je souffle. J'aurais préféré que ce message soit un de mon opérateur, ça aurait été un moins gros faux espoir.

Super.

Je repose mon téléphone et passe tous les instants jusqu'à la sonnerie à me demander comment je vais bien pouvoir faire pour aller en cours après cet épisode, et surtout avec Adam et Spencer. Même si je n'ai aucune raison, j'ai honte.

Et si je séchais ?

Est-ce vraiment grave de sécher ?

Roh, je l'ai fait bon nombre de fois en France et je n'ai jamais eu plus de problème que ça....

La sonnette retentit et j'entends que quelqu'un entre dans la pièce.

-Allez, on y va !

Cette voix me fait sursauter. Juste sous la porte, accroupi et à quelques centimètres de moi, Andrew me regarde.

-Je veux pas.

-Tu sais qu'ici ça peut t'être préjudiciable de sécher et qu'ils peuvent te faire retourner chez toi ? En France ?

Je grogne. Ça a beau être vrai, me lever me semble impossible, une épreuve insurmontable.

-Tu sais qu'être dans les toilettes des filles peut l'être aussi pour toi ?

-Je suis prêt à prendre le risque... en plus si tu ne vas pas en cours aujourd'hui, ça sera encore plus dure demain !

J'avoue qu'il marque à nouveau un point.

-Ok, mais tu avoues qu'Alison est une garce.

-Allez, ouvres-moi cette porte et je te jure de le répéter autant que tu veux !

Je m'exécute et il sourit en voyant que je le fixe grand sourire moi aussi, sachant ce que j'attends.

-Je n'ai pas besoin de ça pour avouer que c'est la pire des garces, mais je n'allais pas te le dire tant que tu n'étais pas sortie !

On souffle tous les deux du nez, et on part des toilettes. Je me dirige avec le moins de conviction possible vers la salle de classe, et suis ravie de constater que Spencer m'a gardé une place côté d'elle.

Le cours est long, et à vrai dire très silencieux. Je ne suis pas d'humeur à engager la conversation et Spencer a l'air de penser que si elle le fait,je lui sauterais au cou.

Ce qui n'est pas forcément faux après tout.

On avance donc encore sans mot vers la salle de mathématiques, puis j'entre et constate que la professeur a eu le malheur de faire un plan de classe.

Je la déteste déjà...

Je m'assieds à l'endroit qu'elle m'indique et installe mes affaires en continuant de regarder les personnes qui entrent, afin de percevoir mon futur voisin, espérant que je ne le connaisse pas encore afin que je puisse feindre que tout se passe bien.

Il est impossible pour moi de décrire le mélange d'émotions qui se produit dans mon mon corps lorsque j'aperçois la professeur placer Alison à côté de moi.

À vrai dire, je m'en souviens à peine. Tout ce dont je me rappelle est d'avoir les boyaux tordus et d'immenses nausées instantanément.

Je cours vers la poubelle avant d'y vomir, dégobiller honteusement, au dégoût général de la classe, ma nouvelle classe qui se prépare à me suivre toute l'année. Ils sont tous choqués, mis à part Alison qui semble être heureuse de ce qu'elle a provoqué chez moi et ainsi de l'effet qu'elle me fait.

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