Chapitre 15 :

217 12 0
                                    

Cette première semaine de cours se révèle épuisante. Entre celui d'audiovisuel qui demande beaucoup d'investissement à Spencer et moi et pour lequel on n'a toujours pas fini le tournage, les nouveaux problèmes en allemand, que je considère encore plus comme la langue du démon qu'avant - bien que j'ai longtemps pensé ça impossible, ceux de la cafétéria et enfin les cours de littérature et de journalisme qui me demandent un effort considérable pour ne pas dormir, on est maintenant le vendredi soir et je suis lessivée.

Heureusement pour moi, cette soirée s'annonce plutôt calme : pizza avec Cassie et Ella devant la télé, et moi couchée sûrement entre 21 et 22h, après un petit appel à Gab' et à Léa, dont je n'ai pas eu de nouvelles depuis quelques jours.

En rentrant des cours, je fonce me mettre en pyjama tout molletonné malgré les conseils de Blair au téléphone qui m'encourage à plutôt enfiler une robe de soirée et un maillot de bain. Je fais mine de ne plus avoir de réseau pour la faire rire avant de raccrocher et m'écraser sur mon lit.

Quelqu'un toque à la porte alors que je commence à m'endormir, ce qui est sûrement une des pires sensations existantes.

-Entre Cassie !

La porte se pousse et j'aperçois bien vite que ça n'est malheureusement pas elle qui se cache derrière.

-Que me veux-tu Cameron ? Je ne vais pas à la soirée, donc pas besoin d'user ta salive à argumenter pour me donner envie de ne pas m'y rendre, je m'y suis résolue toute seule !

Il entre et se passe la main dans ses cheveux bouclés. Je n'ai pas vu sa tête depuis mercredi matin, et elle ne m'a pas manqué. Il s'assied sur le fauteuil et se penche vers l'avant, pour mettre ses coudes sur chacun de ses genoux et se frotter le visage de ses mains, avant de le poser entre ses poings. Il a l'air... nerveux ?

Qu'est ce que je peux en raconter des conneries moi !

-A vrai dire, je ne veux pas que tu... il parle très vite et je perds aussitôt le fil.

Meme si encore une fois, il en faut peu pour me perdre en parlant cette langue étrangère pour moi.

-Répète.

-Je ne veux pas que tu ne viennes pas, je veux que tu partes là-bas avec moi.

J'explose de rire. Je ne sais pas qui lui a demandé de me convaincre, mais je le remercie milles fois, voir Cameron obligé de me demander une faveur est magnifique.

-C'est Nate, Blair, Spencer et Andrew qui m'ont harcelés pour te demander de venir, ils disent qu'en plus de leur faire plaisir, ils veulent vraiment faire plaisir à Matthew qui avait l'air déçu quand on lui a dit que tu venais pas.

-Je n'ai vraiment pas envie ! D'autant plus si tu es là. Et d'abord pourquoi ils ont crus que tu allais réussir à me convaincre si eux n'ont pas pu ? Enfin tout le monde sait qu'on ne s'aime pas... non ?

-Pour leur faire plaisir, et aussi pense à quel point ça embêterait Alison. Pour le bien de nous tous, il faut que tu viennes.

Je ris. Son argument était bon, je ne peux pas lui enlever.

-Tu es en train de me dire... que tu préfères passer la soirée avec moi si je peux embêter ta sœur ! Je me sens flattée !

Il souffle du nez à son tour, en souriant. Je me surprends à me dire que j'aime bien la courbure de sa bouche... c'est une sensation étrange, inconnue, mais il me provoque des picotements, qui s'intensifient lorsqu'il repose son regard sur moi, un regard transperçant au point que je dois poser mes yeux sur autre chose, incapable de le soutenir.

-Et ne fais pas genre que ma présence est si désagréable, on sait tous les deux que c'est faux, ajoute-t'il.

Je le regarde, interrogée, ne comprenant pas ce qu'il veut dire par là, ainsi que là où il veut en venir.

-Tu aimes passer du temps avec moi.

Je ris. A vrai dire, c'était une très bonne blague.

-Je ne rigole pas, je vois comment tu te mords les lèvres quand on est ensemble.

Je le regarde en secouant ma tête d'un léger geste désapprobateur, avant de me rendre compte que je suis pile en train de le faire.

Merde il a raison.

-T'es un grand fou tu sais ? En tout cas écris des livres, t'as beaucoup d'imagination !

-Je l'assumerais seulement si tu viens.

-Merde, j'aurais vraiment aimé te voir le dire !

-Mais tu vas venir tu sais ? Expose moi au moins un argument pour ne pas le faire.

Je fais mine de réfléchir même si j'en ai réellement des tonnes.

-Peut-être le fait que ta sœur et toi serez là, soit les deux personnes avec qui j'ai le plus de mal, ainsi que ton plan cul ou je-ne-sais-quoi...

-Tu parles d'Alexie ? Tu es jalouse ?

Je fais mine de rire et me lève pour chercher une paire de chaussette, me disant qu'être dos à lui m'aidera probablement à masquer ma gène. Il me trouble réellement, même si j'essaie de l'oublier, parce que je ne comprends pas pourquoi un mec comme ça me fait tant d'effet.

-Tu sais, comme tu l'as très justement dit, elle n'est qu'un plan cul... donc si ça t'intéresse elle voudra bien partager... ajoute Cameron en riant.

Il dit cela sous un ton ironique, mais à vrai dire je sais que malgré ces éclats de voix il y a une part de vérité dans sa proposition, proposition qui n'échappe pas de me faire retourner l'estomac, mais aussi de provoquer une sensation inédite dans mon corps, sûrement avec sa voix rauque et sensuelle.

Une voie rauque et sensuelle ? Max tu racontes n'importe quoi !

Je me retourne et le regarde ses yeux, et il repose à ce moment le regard sur moi, un regard accessible, plein d'émotions, à tel point sens mes jambes se dérober sous mon poids, je me rassois donc sur mon lit.

L'effet que Cameron me fait ne peut pas être ignoré, et ce même si il s'agit d'une alchimie uniquement physique.

-Alors ?

Il se lève et me tends la main, que je n'accepte pas, mais je me lève tout de même pour me préparer : il a réussi à me convaincre malgré tout. Enfin lui, mais surtout le fait que je suis au début ici pour m'amuser. J'ai très peur de ce que je suis capable de faire et de mon pouvoir auto-destructeur, mais comme lors de mes pires phases, je mets celle-ci de côté pour réaliser l'irréalisable.

-Je reste sur place jusqu'à minuit maximum, et tu me ramènes dès que j'en aie l'envie !

Il sort de la pièce et me crie.

-On part dans dix minutes !

-Eh, oublie pas !

Il repasse la tête dans l'embrasure de la porte avant d'ajouter, l'air ironiquement saoulé :

-Je suis un grand fou, mais ça n'est pas une découverte, je l'aurais assumé même si tu n'étais pas venue.

Je lui balance mon coussin dessus et il sort en riant.

American DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant