Chapitre 26 :

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Je sens le sang instantanément me monter à la tête, et en quelques secondes, je suis prise d'une montée de chaleur, de haine et de tristesse. Chaque petite partie de moi se disloque. Je sens mon cœur se briser de percevoir cette pathétique mais horrible scène. Je ne peux plus bouger un seul de mes membres, pourtant tout semble s'écrouler autours de moi.

Tout.

Arthur est sur son lit, au dessus d'une espèce de pute qui était censée être mon amie, en train de lui mordre l'intérieur de sa cuisse nue. Mon « amie » est tendue, prête à jouir une nouvelle fois. Elle n'est plus vêtue d'aucune lingerie, et est pourtant habillée de taches dû à des suçons multiples, en partie sur tous ses endroits les plus intimes auquel mon copain n'a même pas eu accès avec moi. Lui est habillé de son boxer, tendu et trempé, grognant son nom continuellement, et l'entendre gémir le nom d'une autre fille devant moi me brise.

Je reste quelques secondes sans pouvoir bouger, abasourdie, avant de sentir mon sang faire un tour en un temps record dans tout mon corps. Je sens alors la colère monter à nouveau et devenir le sentiment le plus présent dans mon esprit, me tordant les boyaux comme il ne m'est jamais arrivé, me faire sentir capable de tout, et me donnant envie de tout casser, sans exception aucune, surtout si il s'agit de mon copain ou de son plan cul. J'ai chaud et je suis prête à détruire toute personne se mettant devant moi.

Arthur a l'air instantanément pétrifié mais ne cherche apparement pas à me suivre lorsque je descends en trombe vers le salon où est assis tout le groupe, comme si finir son affaire était plus intéressant que chercher à se faire pardonner. Je ne pleure pas, je suis juste en colère à ce moment là. Je vois rouge, si ce n'est plus.

Je dévale les escaliers, quatre marches par quatre marches, manquant plus d'une fois d'en louper une de trop et de tomber. J'ai chaud, beaucoup trop chaud, j'ai envie de casser quelque chose, j'ai besoin de casser quelque chose. J'ai l'impression que je ne me sentirais bien qu'après ce moment, alors je prends un vase sur le meuble juste à la sortie de l'escalier et le balance. Cela me procure la satisfaction attendue mais pas assez.

Il m'en faut plus.

Beaucoup plus.

Je prends une bouteille de vodka sur le bar sans me préoccuper du volume qu'il y reste et la bois d'une traite, ce qui me semble incroyablement long, mais j'ai besoin de boire, comme pour exterminer tout ce que j'ai comme colère en moi.

Chaque gorgé me donne le besoin insaisissable d'en boire une nouvelle, et ne sert finalement qu'à alimenter cette boule de feu que j'ai en moi. Lorsque l'alcool passe dans mon oesophage, la sensation ne n'est que plus jouissive, je ne sens même plus les brûlures dont j'ai l'habitude, je ne sens plus que cette puissante amertume, cette colère me donnant l'impression de ne plus posséder mon propre corps.

Cette boule de feu brûle, plus que tout, et je ne peux l'arrêter. Et je ne veux pas.

Une fois que la bouteille est terminée, je la jette par terre, la laissant violemment se briser à mes pieds et en reprends une autre, avant de me diriger vers le canapé pour reprendre le jeu.

Je suis prête à tout maintenant.

Tout.

Sur la route, je croise un cadre d'Arthur et moi. Une année à la poubelle. Je le jette par terre et il se brise sous les regards interrogés de quelques personnes, mais la fête battant son plein, les gens repartent vite à leurs occupations, pendant que je me prends satisfaction à déchirer la photo qui était placée derrière le cadre en verre, avant d'en brûler les débris avec le mince briquet qui m'avait auparavant servi à allumer toutes sortes de drogues.

Je m'assieds donc de nouveau sur le canapé, et contre toutes attentes, Alexandre ne me gêne plus. C'est sûrement le mélange d'alcool et de colère mais je ne peux pas m'empêcher de le regarder intensément.

En me rasseyant, on me prévient qu'il faut que je me remette en body si je veux reprendre le jeu, sûrement puisqu'ils veulent tous se rincer l'oeil, ce que je suis ravie de les aider à faire étant donné la colère et la rage qui me consument toute entière. Alors je m'exécute, avec un malin plaisir. Je soulève mon t-shirt et descends le bonnet du soutien-gorge encore plus que précédemment, tout en regardant Alexandre, d'un air de défi.

-Aller, à ton tours Max', me lance Marie.

-Action, comme d'hab' ! Je réponds avec assurance.

-Roule une pelle à quelqu'un ici. N'importe qui, fille ou gars.

Camille me regarde, prête à recevoir mon baiser, elle sait très bien qu'en soirée il vaut bien mieux s'embrasser entre filles que mêler un gars à nos histoires, en particulier puisqu'elle me croit en couple, alors c'est une petite habitude que nous avions pris. Je la regarde et hoche la tête, puis pose mes yeux sur Alexandre. A vrai dire, il est plutôt beau et bien foutu, et vu comment il me bouffe des yeux depuis toute à l'heure et étant donné qu'il est le meilleur ami de mon ex, il devient la cible parfaite pour ma vengeance.

Je m'approche de son fauteuil et m'assieds à califourchon sur ses genoux, laissant la jupe que je porte entre son jean et mon corps, face à lui, avant de lui attraper le col de sa chemise pour l'attirer vers moi. Je sens un léger mouvement de recul, sûrement dû à la surprise, mais il ne dure pas.

Après un jeu de regard des plus intense, où on se regarde en se bouffant nos lèvres et en attendant que l'un de nous deux lance le feu vert, quelques secondes hors du temps n'ayant servi qu'à alimenter nos désirs, il commence à m'embrasser.

Son baiser est doux, pas assez fort. J'ai besoin de plus.

Bien plus.

J'ai besoin de passion, alors je le relance pour augmenter un peu la température. La colère prends le dessus et le baiser devient vraiment chaud. On se bouffe les lèvres, nos langues jouent, je ne veux même pas arrêter. On reste à s'embrasser plusieurs longues secondes pendant lesquelles Alexandre pose ses mains baladeuses un peu partout.

Au moment où les autres sentent ce moment devenir un peu trop longuet, certains commencent à se gratter la gorge. Malgré tout, ce moment peine à s'arrêter, j'attends en effet que la flamme en moi s'apaise, puis je me détache. Au moment où nos lèvres se quittent, je ne manque pas de lui mordre la sienne et le regarder intensément, histoire de lui faire passer le mot : ce n'est que partie remise.

Je me remets en place de l'autre côté du cercle et souffle un bon coup.

J'observe les réactions de Camille et Léo, mais surtout celle d'Arthur qui me regarde depuis le haut des escaliers, à qui je porte un magnifique et grand sourire hypocrite, tout en haussant les épaules.

Camille et Léo sont interloqués, ils ne savent même pas que ma relation de plus d'un an est maintenant fini, il est donc impossible pour eux de comprendre mon action, je leurs envoie donc un message dans le groupe commun et leur fait signe de regarder leur téléphone. Je ne donne pas de détail mais leur dis juste que je suis maintenant célibataire. Ils me regardent, encore plus dans l'incompréhension, et je hausse les épaules, comme si je n'en avais rien à faire. Ce qui est faux. Je brûle non seulement, mais cette colère m'empêche surtout de passer à la tristesse et aux larmes. A mon grand bonheur d'ailleurs.

Je regarde de loin Arthur qui n'avait pas bougé, me faisant signe de le rejoindre, proposition que je refuse. Je n'ai ni la force ni l'envie de discuter avec lui, et à vrai dire le dossier est pour moi classé, rien ne peut me faire changer d'avis. La relation a duré un an, et je n'ai aucune idée du temps, de l'ampleur ni du nombre de personne avec qui il me trompe ou m'a trompé, ça m'est réellement égal.

C'est fini, réellement fini, et il n'y a aucun retour en arrière possible. Alors, juste à cet instant, je veux profiter de la soirée.

Tout ce qui m'importe, là, c'est de m'amuser, encore plus si cela peut énerver mon ex copain. Le démon sur mon épaule avait eu raison de l'ange, je suis inarrêtable.

American DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant