J'ai eu une belle enfance.... jusqu'à ce que ma mère meurt. Cancer, quelque chose de pas top... c'était il y a cinq ans, une passe très douloureuse, surtout après les tentatives de suicide à répétition de mon père qui ont suivi. Heureusement qu'il était trop bête pour y arriver...
Ce n'est pas pour être méchante, mais si ma mère était super intelligente, du genre chirurgienne d'élite possédant une mémoire photographique, mon père à côté paraissait plus... simplet. Il est super gentil, drôle... mais on ne peux pas dire que l'intelligence soit sa qualité première.
Alors, quand ma mère est morte, la plus grande douleur n'a pas été de faire mon deuil, mais d'éviter à mon frère de six ans et à moi d'en avoir un deuxième à subir. Mon père est en effet rentré dans une phase de dépression assez intense. J'ai ainsi dû à l'âge de douze petites années porter le poids de la famille sur mes épaules, et, alors que je m'efforçais de moi-même survivre au deuil de ma mère, j'ai dû empêcher mon père, qui s'est découvert à ce moment là un alcoolisme, de faire de nombreux comas éthyliques. Il a ensuite décidé d'essayer de se pendre... avec une corde à sauter... chacun ses passions après tout.
Après quelques mois, ça a été une toute nouvelle histoire : cette fois-ci, je devais m'occuper de mon frère qui avait décidé de faire une pseudo crise d'adolescence à 7 ans, alors que c'était censé être à mon tour de la faire. En même temps j'ai dû également gérer mon père, passé dans la phase « légume » de sa dépression, qui s'est traduite par le fait qu'il passe ses journées et ses nuits dans le noir, ayant besoin que je le nourrisse, le lave et lui fasse prendre ses médicaments. Encore heureux, il allait encore aux toilettes seul.
Il a ensuite replongé dans l'alcoolisme, et à treize ans, l'année où j'étais censée me préoccuper de trouver un petit ami à qui tenir la main comme les autres filles du collège, je me suis retrouvée à mettre mon père en camp de désintoxication. Mon frère, lui, grandissant dans un milieu parfaitement sain pour un enfant dont l'âge ne comporte même pas deux chiffres, à bien entendu mal tourné.
Je devais donc m'occuper de payer les factures, faire les courses, trouver de l'argent dans les fonds de tiroirs, et enfin m'occuper de gérer les rendez-vous disciplinaires de mon frère.
Si j'étais seule à la maison ? Non, bien sûre, dès que mon père est parti j'ai été rejointe par une aide précieuse, une alliée de taille dans ce moment difficile : ma grand mère, gentille, mais aveugle. Au final, elle ne faisait qu'un poids de plus pour moi, une personne de plus à m'occuper, mais, en même temps, si elle n'était pas venue, j'aurais sûrement été mise en famille d'accueil et séparée de mon frère et mon père, ce qui m'aurait semblé totalement inconcevable.
Mais ça, c'était il y a cinq ans. Moins de deux longues années plus tard, mon père revenait de désintox sobre et en homme neuf. Malgré la difficulté, il avait fait son deuil et s'était même remis en couple. Seulement, après plus d'un an et demi à m'occuper toute seule de la famille, lorsque mon père est revenu comme une fleure remettant en cause tout mon travail avec son fils et reprenant ses droits de père comme si de rien n'était, cela m'a comme... très fortement agacée. Et j'ai pu vivre ma crise d'ado finalement, me confrontant à lui, fuguant, mentant et en découvrant les joies des soirées, de l'alcool et des drogues. Il l'avait mérité aussi.
Ainsi, bien que depuis près de trois ans ma vie a repris son cours - si on peut dire ça comme ça - et l'idée d'enfin avoir une vraie famille me laisse assez perplexe... bien sûr, j'ai déjà pu prendre contact avec eux, mais je n'ai aucune idée de la façon dont je réagirais à propos du fait d'être - enfin - encadrée. J'ai peur qu'elle me bride, que je me sente trop enfermée. Après plusieurs années d'indépendance totale, je me vois mal à peine pouvoir sortir. Mon père en a d'ailleurs fait l'expérience, avant de faire demis tours sur son rôle de père strict en quelques mois, se rendant compte qu'il n'avait aucun argument.
VOUS LISEZ
American Dream
Fiksi RemajaNeuf années que j'attends ce moment avec impatience, comme le Messie, et il est maintenant là, à ma portée Partir une année entière aux États Unis pour vivre comme une jeune locale en allant au lycée et en s'épanouissant dans une vraie famille aprè...