American Dream

Chapitre 5 :

Après ce trajet plutôt gênant et dans un silence pesant jusqu'à la maison, Ella m'informe qu'Alison sera à la maison d'ici trente minutes et qu'on partira dès son arrivée au restaurant, puis qu'Owen ne peut pas venir à cause du boulot.

Je pars donc prendre une bonne douche pour éliminer le sable qui s'était agglutiné autours de mes pieds, en me questionnant sur l'arrivée d'Alison.

Comment sera-t-elle?

J'espère dans tous les cas moins désagréable que Cameron, mais je ne me fais aucun faux espoir.

Après mes quelques réflexions, je sors de la douche et enfile une tenue toute simple : jean bleu clair droit à trous, gros pull en laine oversize crème et petite paire de baskets à scratch blanches.

Quand Alison arrive, je suis tout de suite au courant : au téléphone, elle semble vouloir que tout le monde écoute sa conversation. Je descends alors au moment où elle daigne raccrocher. Je m'approche pour lui dire bonjour, ce à quoi elle décide à me répondre en saluant sa mère et m'ignorant royalement.

Eh ben ça commence bien...

Alison est une blonde au visage, il faut l'avouer, magnifique, comme le reste de la famille après tout. Elle a de grands yeux bleus avec des cils longs et volumineux, ainsi qu'un petit nez très légèrement en trompette, et des lèvres roses et charnues sur lesquelles elle a mis une touche de gloss. Ses joues sont rondes avec des fossettes quand elle sourit, et ses cheveux blonds et aux boucles assez larges mais très définies s'arrêtent juste en dessous de sa poitrine. Elle est plus grande que moi, mais à vrai dire, la plupart des gens le sont.

Habillée d'un col roulé noir, d'une jupe en jean moutarde et d'une paire de bottines, il n'y a pas à dire, elle est super belle et a tout pour être la parfaite petite reine des abeilles clichée de tous les films, séries ou encore livres que j'ai pu lire durant toute ma vie, la mean girl par excellence, digne de Regina George ou encore de Blaire Waldorf. Le physique, et, malheureusement pour moi, aussi le mental.

Je ne l'ai vu que quelques secondes, mais elle me semble si autosuffisante, hautaine... je juge peut être vite, mais ses mimiques, son sourire faux et la façon qu'elle a eu de m'ignorer sont pour moi significatifs. Je ne cautionne pas ces comportements, et à vrai dire je les ai toujours trouvés ridicules au possible, et à mon plus grand malheur, je sais encore une fois que cette première impression est la bonne.

Nous partons donc au restaurant à cinq. Ella et Alison sont devant en train de discuter de la future université de la fille, qui, après visite, avait décidé de mettre Yale plutôt que Columbia en numéro un, et garder Harvard bien évidemment en numéro trois... sérieusement, qui à part elle a la chance d'avoir Harvard en roue de secours pour la fac ? Mon père a économisé des années pour me payer ce voyage pour lequel j'ai eu la chance d'avoir une bourse couvrant quasiment l'intégralité des frais, et elle a les moyens d'entrer comme si de rien n'était dans une université de l'élitiste Ive League !

Derrière, Cameron et Cassie, à l'opposé, sans échanger un mot, et moi, au centre. Cassie m'avait raconté que son frère et sa sœur se détestent pour une raison qu'elle ignore, et que la présence des deux seuls dans la même pièce est si rare que lorsque cet exploit se produit, les deux sont tendus. Elle m'a aussi dit que les deux ont le même groupe d'amis, et que c'est par conséquent très compliqué pour eux de se tolérer, même si ils sont souvent obligés de le faire.

Je vois d'ailleurs sur le visage de Cameron que celui-ci est vraiment saoulé d'être là, ce qui, bizarrement, m'apporte de la satisfaction. Après ses nombreux manques de respect de tout à l'heure, c'est juste pour moi une preuve vivante du karma, et même si Alison me tent moi aussi, voir Cameron dans cet état en vaut le coup. Je le regarde, sourire satisfait au visage, avant de porter mon regard sur la route.