Chapitre 57 :

152 11 0
                                    

Je me fais réveiller en sentant une présence étalée, si ce n'est avachie sur moi, laissant des baisers humides sur mon visage ainsi que mon cou, des baisers qui m'horripilent au possible, et font hérisser mes poils de dégoût.

-Art', dégages, c'est pas comme ça que tu vas te faire pardonner ! Gémis-je avec le peu de volume sonore que je peux et sans avoir la force d'ouvrir les yeux à cause de l'alcool qui embourbe beaucoup trop mon cerveau.

La personne s'approche de mon oreille et me murmure d'une voix pâteuse, chaude et se voulant maladroitement suave :

-Qui te dit que c'est lui ?

Alexandre.

Je souffle. Déjà, il pue l'alcool et la fumette, et me faire réveiller comme ça est assez désagréable, et en plus, il devient un peu trop collant à mon goût.

-Tu sais mec, c'était très cool notre petite séance de bécotage, mais ça s'arrête là pour moi ! Lui affirmé-je avec le même peu de véracité que précédemment, pendant qu'il continue de m'embrasser au dessus de la poitrine cette fois.

Je mets ma main au dessus de son visage sans trop de conviction, mais il la bloque violemment sous la sienne au niveau de ma tête, provoquant seulement un soufflement et un grognement de ma part.

-T'es chiant...

Ma voix laisse échapper des sons très peu perceptibles, mais je sais qu'il entend malgré tout.

-Chuuuut... souffle-t'il avec une haleine chargée et pâteuse qui me donne juste envie de gerber.

L'alcool embrouille mon esprit et je ne comprends donc pas ce qu'il se passe, je suis dans un état second. Peut-être qu'au fond, je suis juste bloquée dans un déni qui me rassure inconsciemment.

J'essaye de bouger mes jambes, mais il les a bloqué avec les siennes. Et en réponse, je ne pousse qu'un léger grognement.

-Roh t'es pas cool, je veux dormir moi !

Il commence à me lécher le cou, du haut du t-shirt à mon lobe d'oreille qu'il mord, ne me procurant aucun plaisir. J'ai juste envie de m'assoupir à nouveau, alors je souffle, en espérant qu'il arrête enfin, tentant de le pousser sur le côté, en vain.

Il commence réellement à être chiant, et si je n'étais pas si conciliante, j'aurais envoyé ses couilles en enfer depuis un petit bout de temps.

-Tu sens bon la menthe, j'en profite un peu...

Il est maintenant à genoux sur moi, toujours en bloquant tous mes membres, et il commence à remonter le haut que j'ai emprunté à Arthur. Je perds infiniment patience, mais n'ai toujours pas la force de le contredire plus que ce que je le fais actuellement. Et puis en réalité, je ne peux pas faire grand chose puisqu'il bloque tous mes membres.

En regardant mon beau body, il reluque au passage ma poitrine avant d'embrasser les contours du bonnet et mordiller les parties que laisse nues la dentelle. Encore une fois, cela ne me procure aucun plaisir, contrairement à lui que je sens grossir sur mon bassin.

-Tu peux arrêter de me mater bordel ? Je veux dormir moi ! Beuglé-je en commençant réellement à m'énerver, cette fois-ci les yeux ouverts en face de lui et très sérieuse, mais n'ayant toujours pas de moyen de le stopper autre que l'engueuler et espérer qu'il arrête brusquement ses actions, étant donné sa position.

Je commence à réaliser seulement ce qu'il se passe lorsqu'il tente de reprendre là où on s'était arrêté, en libérant mon sein de ma lingerie, alors je tente de toutes mes forces de me débattre.

La bataille pour le libérer ne se passe pas entre lui et moi, mais entre moi et l'état second dans lequel je suis plongée : l'état de sidération.

Je ne peux plus bouger aucun membre, ni même mes lèvres pour dire quelque chose. Lui non plus ne parle pas, il se contente de faire.

Je veux lui cracher au visage, lui mettre un coup de pied dans les bijoux de famille, ou encore appeler à l'aide, mais je ne peux pas.

Il descends plus bas et je l'entends à peine murmurer :

-Dis pas que tu n'aimes pas, tu mouilles comme une vraie salope.

Je veux réellement faire quelque chose, j'essaye à tout prix de lui dire que ça n'a rien à voir avec le plaisir, qu'il n'a pas à me traiter comme ça, l'engueuler pour m'avoir traité de salope et lui expliquer et qu'il doit arrêter ses conneries, mais ça ne marche pas. Les injures dont j'ai envie de lui faire part sont bloquées dans un coin de ma tête, plutôt que de sortir.

Quant à ses mots, ils résonnent dans la pièce avec horreur, se préparants à me hanter tout au long de ma vie.

J'ai le regard dans le vide lorsqu'il rentre en moi, violemment, comme la brute épaisse qu'il est, me déchirant de l'intérieur. Que cela soit en bas, ou au niveau de mon coeur que je pense même quelques instants arrêté.

Je veux me débattre de toutes mes forces pour lui dire d'arrêter, mais je le sens à peine me toucher, je sens à peine la douleur de mon hymen s'écartelant sous son poids. Je ne pense plus à rien, comme si en m'emplissant, il me vidait de tout ce qui me définissait.

Je veux partir, à chaque fois qu'il revient en moi, je veux faire quelque chose pour l'arrêter, si ce n'est que réaliser les idées qui tournent en boucle dans mon esprit. Je veux le faire afin d'arrêter cette souffrance au plus vite, bien que le mal est sûrement déjà fait, mais quand bien même, je n'y arrive pas.

Je suis paralysée, et cette fois-ci pas cause de l'alcool, je suis juste sous le choc.

L'état de transe dans lequel je suis me bloque, me paralyse, bien plus que ses mains qui me tiennent tout entière.

Je l'entends à peine articuler les mots qui hanteront à coup sûr mon esprit plusieurs années plus tard, me traitant de chienne et disant que je l'avais excité de jouer à la petite salope de prude qui ne veut rien, qu'il est fier d'avoir pu rentrer en moi.

Fier.

Je sens à peine les goûtes perler sur mon triste visage, j'apprends en effet leur existence juste au moment où je comprends que le matelas est détrempé par de grosses larmes chaudes.

Il se retire au bout d'un temps qui me paraît une éternité, comme si tout s'était passé au ralenti, et remet rapidement les quelques fringues qu'il avait enlevé pour me baiser, avant de sortir de la pièce.

Je reste quelques secondes dans cet état second, à ne rien faire, étalée sur le dos, les jambes écartées. Je ne reviens à la réalité qu'au moment où je sens que je vais vomir. J'attrape la poubelle d'Arthur et dégobille dedans, restant plusieurs secondes avant de me demander comment j'ai pu tomber si bas.

Je m'assieds adossée à la porte d'entrée de la chambre, les jambes ramenés contre mon corps, nue, ensanglantée, tachée des semences d'Alexandre et vulnérable.

C'est ainsi que les larmes recommencent à couler à flot, malgré mon esprit aussi vide que le cerveau de ce connard et que celui de tous les chiens de son espèce, sans aucune exception.

American DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant