Chapitre 56 :

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On a la chance d'apprécier plusieurs longues minutes de paix avant que les détecteurs nous repèrent, quelques minutes magiques, que je passe dans les bras de Cameron, à apprécier l'une des plus belles vues et ce sentiment d'interdit.

La vue de la colline d'Hollywood n'est pas comme dans les films : elle est moins impressionnante, il y a aussi beaucoup de pollution lumineuse qui nous empêche de correctement observer le ciel, mais à ce moment, ça n'est pas à cela qu'on pense. On pense simplement au fait qu'il faut profiter de ce genre d'instants de paix ultime lorsqu'ils s'offrent à nous, notamment celui-ci, coupé du monde, du temps, et dans une bulle sonore uniquement composé de bruits de nature et de respirations lentes.

Quand les lumières automatiques s'allument, je sens brusquement l'étreinte de Cameron au poignet. L'adrénaline monte d'un coup d'un seul comme je n'ai jamais pu l'imaginer possible. Je monte en quelques secondes le grillage le plus proche suivie de Cameron, qui s'assure que personne n'est sur place, le même que j'ai mis tant de temps à passer quelques minutes avant. L'adrénaline fait vraiment des miracle, et j'avoue adorer cette sensation qui tend tout mon corps et me fait me sentir capable de tout.

Une fois le grillage franchi, on courre pendant de longues minutes à travers la forêt, descendant la montagne près de deux fois plus vite que lorsqu'on l'a gravi, malgré les nombreuses fois où on trébuche, ou le nombre incalculable d'arbres qui ont failli me heurter, et on ne peut apprécier le calme uniquement en arrivant en bas.

Ça vide, vraiment.

La descente dure près d'une vingtaine de minutes, et pourtant, le temps passe à une vitesse éclaire. J'en profite alors pour souffler un bon coup, et quand je croise le regard de Cameron, on ne peut s'empêcher de rire. Nous partons dans un gros fou rire puisque nous trouvons que les dernières minutes n'ont pas réellement de sens. Et c'est à la fois le cas. Seulement, il faut aussi le dire, ce genre d'aventure me lie dangereusement à cet homme que je me sais incapable d'avoir, même si j'essaie de l'oublier.

Mais je me sens vidée, heureuse, enfin comblée.

Ce qu'on a vécu en quelques minutes est magique, tout simplement magique.

Quand je m'approche de Cameron, je passe son bras autours de mes épaules, comme il le fait si souvent, en rigolant.

-On fait quoi maintenant ?

-Tu verras !

Cameron me fait embarquer dans sa voiture et recommence à conduire, encore une fois sans rien me dire, jusqu'à notre arrivée.

-Numéro quatre sur la liste des choses que tu dois absolument faire avant de partir d'ici : le bain de minuit !

En voyant mon regard sceptique, il s'empresse de rajouter.

-En maillot de bain, bien sûr, pour des raisons évidentes.

Je souris, il s'est bien rattrapé. Seulement, mon coeur se serre, puisque si j'en ai envie, cruellement envie, je ne sais pas si je vais en être capable.

Je tourne enfin la tête vers la fenêtre. On est à la plage, enfin plus précisément dans une crique, une ou je n'ai jamais été. Elle est magnifique dans la nuit, et nous allons y être seuls. Puis si la crique est facilement accessible, personne ne pourra nous voir de la rue. Elle est petite mais largement suffisante, et le sable rafraîchit par la soirée lorsque j'y mets les pieds est fin et doux. Aussitôt arrivé, Cameron est déjà en maillot de bain, et nos serviettes étalées.

-Tu fais pas pareil ?

Je souris avant de répondre, gênée.

-Il fait trop froid, et l'eau doit être gelée, mais je te regarde t'inquiètes.

American DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant