Chapitre 54 :

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Vingt-quatre heures.

Il me reste vingt-quatre heures ici, à vivre le rêve de ma vie devenu un de mes plus grands cauchemars.

Ma valise est bouclée et c'est officiel :

Samedi 21 décembre à 12h, je serais dans l'avion pour rentrer en France.

J'ai passé les deux derniers jours à me lamenter sur mon sort dans ma chambre et à vouloir ne voir personne, accompagnée de cette boule à la gorge qui ne m'a pas quitté.

Ce n'est qu'hier, enfin aujourd'hui dans la nuit, que je me suis enfin décidée à appeler mon père pour organiser mon retour. L'association l'avait déjà prévenu de ma rentrée prématurée imminente, mais il fallait régler quelques formalités pour mon retour jusqu'à la maison.

Je rentre à la maison.

Lorsque j'ai parlé à mon père, celui-ci a tenté de me rassurer en me disant qu'on pourra au moins fêter noël et mes dix-huit ans ensemble comme ça... tu parles d'une bonne nouvelle !

Là où mon coeur a failli exploser, c'est le moment où il a eu besoin de me demander si j'ai réellement triché. Le fait que mon père doute de moi est horrible, et de me dire qu'il n'est pas convaincu, même après les nombreuses fois où j'ai nié, m'a brisé au point que j'ai dû raccrocher précipitamment pour aller chialer.

Moi, Maxence, chialer.

Eh ouai, je suis tombée bien bas.

Je crois que l'étape la plus dure à franchir n'a pas été d'appeler mon père, comme ce que j'aurais pensé, mais en réalité celle de faire ma valise et d'y voir tous ces habits estivaux que j'ai pris pour la période de retour de fortes chaleurs, ou encore les quelques habits plus originaux que j'ai acheté un peu avant de partir dans l'espoir d'avoir, peut-être, la chance de poser mes pieds à coachella, ce festival qui m'a toujours fait rêver à un point inimaginable, et pour lequel j'ai ces putains de billets accrochés sur mon panneau en liège, me faisant avant rêver, mais me narguants maintenant.

En fait, je pense que ces quelques jours hors du temps m'ont juste servi de déni, je n'étais pas prête à me dire au moindre pas « c'est la dernière fois que tu vas ici » « c'est la dernière fois que tu fais ça » « c'est la dernière fois que tu le ou la vois »... j'avais peur d'affronter le monde extérieur après la honte qui m'a été affligée, ainsi que cette impression d'avoir échoué. Lamentablement échoué.

Toujours dans une naïveté suprême, j'espère encore qu'Alison regrette son jeu pervers et avoue tout en échange d'être graciée, qu'elle me dise « haha joyeux premier avril » même si nous sommes encore en décembre. Je le veux, je le veux putain !

Quelqu'un toque à ma porte et vient interrompre mes pensées.

J'essuie mes yeux bouffis qui n'ont pas eu l'occasion de s'arrêter de pleurer depuis que j'ai raccroché au nez de mon père, six heures plus tôt.

-Entrez !

La porte s'ouvre sur la tête de Cameron.

Je pense qu'il est inutile de préciser que je ne lui ai pas adressé un mot depuis sa réflexion mardi, et inutile également de préciser que je ne veux plus avoir à le faire avant mon départ. Sa vision des choses m'agace et je sais que passer du temps avec lui ne va qu'exacerber ces sentiments que je ne m'autorise pas. Je le déteste pour conclure notre relation sur une note aussi négative, mais je me dis qu'il vaut mieux être en colère contre lui en rentrant que de regretter sa présence.

-Tu veux quoi. T'as besoin de te servir du jouet ? Il est cassé pour l'instant.

J'ai l'air d'une larve, allongée sur le dos et enfouie sous ma couverture, dans le noir complet, mais en réalité, je m'en contre fou.

American DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant