POLAK

-6-

PDV BILLIE
22h37
Cela faisait maintenant plusieurs minutes que je tentais d'obtenir un signe de vie du polak, et mes tentatives restaient toujours vaines.
Je sentais mes doigts se crisper sous la tension et le stress qui m'envahissaient peu à peu.
Son sang coulait le long de mes doigts tremblotants, dessinant une longue trace carmin sur mes bras nus.
Mon cœur battait à cent à l'heure et heurtait ma poitrine de toute ses forces.

-Bordel Mathieu bouges! Criais-je en agitant son visage entre mes mains.

Aucune réponse.

-Je t'en supplie Mathieu...Dis-je en laissant échapper un sanglot.

Je serrais son corps contre le mien, caressant son crâne coloré de rouge.
Mes larmes commençaient à couler le long de mes joues cramoisies, tandis que mon souffle se coupait peu à peu.
J'étais terrifiée.
Terrifiée à l'idée de perdre quelqu'un de plus.

-Mathieu...Dis-je en sans pouvoir retenir mes larmes.

Je le serrais de plus en plus fort, reniflant bruyamment.

-Mhh...

Mes yeux s'écarquillèrent: Mathieu venait de pousser un grognement.
Il racla sa gorge et commença à cracher du sang sur la moquette du salon.
Je resserais mon étreinte, pressant mon visage contre le sien.

-Ça va...? Dit-il en toussant de plus belle.

Mon corps tout entier se mit à vriller.

-Putain j'ai eu tellement peur, je vais te chercher des compresses, j'ai tout ce qu'il faut! J'ai cru que tu étais mort et...

Il posa lentement sa main sur ma joue et tenta d'esquisser un sourire, malgré son sale état.
J'essuyai mes larmes et lui fis un sourire en retour.
Mon cœur palpitait de plus en plus.
Il m'adressa un signe de tête qui montrait la salle de bain, signe que je devais aller lui chercher de quoi stopper le saignement.
Sans chercher à comprendre, je courus en direction de la piece contenant les matériaux médicaux, haletant à cause du stress et de la douleur que cette scène m'infligeait.
Je haïssais le voir comme ça.
Il me rappelait mon père.

Je fouillai dans les tiroirs avec empressement, incapable d'arrêter les tremblements de mon corps.
Avec beaucoup de chance, je trouvai les compresses et le désinfectant qui étaient cachés sous le lavabo, attendant bien sagement à leurs places respectives.
Je me remis à courir en direction du polak, les mains remplies de produits en tout genre.

-J'arrive! Dis-je dans un souffle.

Mathieu était toujours affalé sur le sol, la bouteille de Jack posée à côté de lui.
Il luttait contre l'envie de fermer les yeux, les poings serrés.
Son état était déplorable.
Du sang lui coulait de la tête et du ventre, tandis que sa lèvre inférieure était légèrement ouverte.
Ses yeux peinaient à rester ouverts et son âme avait l'air d'avoir quitté son corps.
La douleur avait prit possession de son visage, tandis que la bouteille d'alcool qu'il tenait auparavant s'était renversée sur le bas de son pantalon.

-Ça va aller maintenant. Tu n'es pas seul.

Ses yeux à moitié fermés se plongèrent dans les miens.
Je crois bien qu'il ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait.
À vrai dire, c'était mieux comme ça.

J'essuyai son sang avec tout ce que j'avais pu trouver, appliquant une compresse et de quoi empêcher le sang de couler au niveau de son crâne.
Je désinfectai sa plaie à l'alcool, voulant être sûre que tout soit fait correctement.
Avec empressement, je soulevai son tee-shirt afin d'atteindre sa blessure au niveau des abdos.
C'était un couteau qui lui avait fait ça.
Bordel.
Dans quelle merde il s'était encore mit?

Je désinfectai aussi sa plaie et fit un garrot tout autour de son ventre, plaçant une multitude de bandages autour de ce dernier afin d'être sûre que le saignement se stopperait.
Avec un long soupir, je posai tout mon attirail sur le sol et passai ma main sous ses épaules.
Il fallait que je le porte jusqu'à son lit.
Le polak était bien plus lourd que moi au niveau de sa masse musculaire et je sentais que cette tâche allait être assez compliquée.

-Putain tu vas pas à la salle pour rien...Dis-je en grognant.

Je le soulevai de toute mes forces et arrivai à le déplacer avec beaucoup de mal.
Ses pieds traînant presque sur le sol ne m'apportaient aucune aide.

-Mh..? Dit-il en secouant lentement la tête.

Je le tirai jusque dans sa chambre avec une grande difficulté, l'allongeant sur son lit totalement défait.

-Ça va toujours...? Dit le polak d'une voix inaudible.
-Ça va toujours. Je suis avec toi.

Je m'approchai du lit, m'agenouillant a ses côtés.
Ses yeux s'étaient refermés, mais je savais qu'il était hors de danger à présent.
Le saignement s'était arrêté et j'étais là pour m'occuper de lui au cas où les choses empiraient à nouveau.

J'avais l'impression que tout avait duré une éternité et que l'anxiété était restée ancrée en moi, même si Mathieu était vivant.
Mon corps convulsait et mes yeux étaient rivés sur le sang qui était étalé sur la moquette du salon.
Incapable de bouger autrement, mes mains tremblaient contre le lit et chaque mouvement paraissait impossible à réaliser.
Je secouai la tête, tenant d'empêcher de nouvelles larmes de couler.
Putain de soirée.
Mathieu avait failli mourir.
Et j'avais failli arriver trop tard.

02h47
Le polak dormait depuis que je l'avais déposé dans son lit.
Il avait l'air parfaitement paisible si on oubliait sa lèvre ouverte et son bandage sur le crâne.
Je comptais rester éveillée toute la nuit afin de surveiller son état.

Ma tête était posée sur le rebord de son lit, juste à côté de la sienne.
Mes yeux étaient complètement bloqués sur son visage depuis plusieurs heures et c'était impossible pour moi de regarder autre part.
J'avais tellement peur de voir du sang émaner de lui depuis que je l'avais vu ainsi que je ne voulais plus jamais le lâcher du regard.
Mathieu m'en avait fait voir de toutes les couleurs mais jamais je ne l'avais vu comme ça.
Ce genre de situation m'était déjà arrivée plusieurs fois, et ma sœur l'avait déjà vécu aussi, mais le polak ne m'avait encore jamais fait ce coup là.
Sur le coup, j'avais eu horriblement peur de le perdre.
Je vivais déjà avec une armée de mort autour de moi et pour rien au monde je ne voulais qu'il la rejoigne à son tour.
Il était là seule personne qu'il me restait et le voir partir était impensable.
Je n'aurais pas pu surmonter un décès de plus.
Plus jamais.

•••
Désolé pour cette longue absence! Je vais sûrement poster l'autre chapitre ce soir ou demain alors soyez prêts!