-15-

3.9K 127 11
                                    


PDV PLK
3 jours plus tard
02h34

-Ouais allô?
-Ouais mec c'est la merde là.
-Y'a quoi?
-Les gars de la cité pas loin ont prévu de faire une descente dans notre quartier et apparement ils sont armés. C'est chaud gros, on est pas beaucoup.
-Ok j'arrive dans 20 min.

Dès que j'eus raccroché, je courus jusqu'à l'armoire de la chambre et l'ouvris d'un coup sec.
J'attrapai un bas de survet gris, un sweat à capuche, et les enfilai en vitesse.
Lucas était dans la merde et je pouvais pas le laisser se demmerder sans rien faire.
Fallait que je le rejoigne au plus vite.

À l'heure actuelle je savais pas si Bil' dormait mais en tout cas elle devait pas savoir que je partais pour aider dans une baston.
Elle en avait beaucoup vues et faites dans sa vie mais je savais bien qu'elle me laisserait pas y aller si elle savait c'que j'allais emmener.
En tout cas, elle était pas dans le lit et elle devait sûrement pas être à l'étage.

-Pas l'temps de la chercher. Marmonnai-je.

Je fonçai jusqu'à la salle de bain et attrapai le gun que j'avais planqué sous les lattes du parquet.
Bil' devait pas savoir pour ça non plus.
Vraiment pas.
Si elle apprenait que j'avais emmené un flingue elle serait capable de retourner la maison.
Elle avait eu trop de mauvais souvenirs avec ce genre de bails et elle supportait plus ça.
Surtout après l'accident.
Même moi j'aimais pas savoir que j'avais ça sur moi mais vu les galères que j'avais c'était indispensable à ma survie et à la sienne.
Je fis tout mon possible pour pas faire de bruit et remis discrètement la planche en bois.
Sans broncher, je rangeai l'arme dans mon bas de survêtement et poussai un soupir.
J'espérai pas avoir à m'en servir cette nuit, mais le destin était souvent beaucoup trop vicieux, alors j'me faisais pas de faux espoirs.

Maintenant fallait pas que j'traine.
J'avais pas vraiment réfléchi depuis que Lucas m'avait appelé tellement j'étais sur les nerfs mais mon instinct me gueulait de me grouiller.

En secouant la tête, je montai dans ma caisse et jetai mon sac à dos noir sur le siège à côté.
Je pris deux trois secondes pour souffler avant de démarrer le moteur et de me tirer rapidement.
Bil' allait me buter quand je rentrerai mais c'était soit ça soit laisser tomber Lucas.
Quitte à choisir j'men battais royalement les couilles des réprimandes.

PDV BILLIE
02h50
La voiture de Mathieu venait de quitter l'entrée.
Je l'observai partir depuis la fenêtre de la cuisine, un verre de rhum à la main.
Sans un bruit, j'en buvai une gorgée et refermai lentement le rideau.
Je ne savais pas où il comptait aller, mais sur le coup ça ne me dérangeait pas plus que ça.
Nous avions passé de longues journées ensemble et ces moments avaient été particulièrement agréable mais mes addictions reprenaient souvent le dessus sur mon moral.
Il y avait une chose que j'avais toujours cachée au polak et c'était de plus en plus dur de ne pas lui montrer.
Il était au courant de ma dépendance pour la beuh et le shit mais il ne savait pas que j'avais testé l'héroïne un peu avant de le revoir.
Les effets avaient été tels que j'avais tout de suite eu envie d'en reprendre.
Malheureusement je n'avais plus assez d'argent pour en acheter entre les drogues douces et le tabac que je payais.
Mais quand j'avais discuté avec Oriane durant sa visite chez nous, elle m'avait dit que ça lui arrivait d'en prendre et qu'elle connaissait quelqu'un sur Marseille qui pourrait m'en vendre.
Le prix était abordable et j'avais pile la somme nécessaire alors j'avais foncé sur l'offre et j'avais demandé le numéro de cette personne à mon interlocutrice.
Quelques jours plus tard, j'étais partie en acheter et aujourd'hui l'héroïne était ici avec moi.
J'avais une seringue dans la main depuis une heure et j'attendais patiemment d'être tranquille pour pouvoir enfin injecter cette foutue drogue dans mon corps.
Mes mains tremblaient horriblement et je sentais mes yeux s'écarquiller tout seuls.
Alors sans hésiter une minute de plus, je partis m'allonger dans la baignoire vide et froide de la salle de bain.
Le silence qui régnait dans la villa m'oppressait et je sentais l'air glacial m'envelopper un peu plus.
Je ne savais pas exactement pourquoi j'allais faire ça.
Pourquoi j'allais m'implanter cette seringue dans le bras.
Tout allait de mieux en mieux dans ma vie pourtant.
J'étais enfin bien avec la personne que j'aimais et mes sourires se faisaient moins rare.
...
Mais dans le fond rien ne changeait.

-Quand un vase se brise, il reste brisé à tout jamais, car même en essayant de le recoller, il reste toujours des fissures et des marques. Murmurai-je en fixant mes jambes nues.

C'était ce qui était écrit sur la lettre de suicide de ma sœur.
Je n'avais jamais vraiment compris ce qu'elle avait voulu dire mais aujourd'hui je trouvais enfin la réponse à ma question.
J'en étais arrivée à un stade où j'étais aussi brisée qu'elle.
Lorsque le cœur humain avait été trop cassé, il était impossible de le réparer.
Je m'en rendais enfin compte après tout ce temps.
Sans savoir pourquoi, une larme se mit à rouler lentement sur ma joue tandis que ma main serrait de plus en plus fort la seringue.
Je mordai horriblement fort ma lèvre et approchai lentement l'aiguille de ma peau.
Des gouttes de sueurs perlaient sur mon front alors que le froid qui régnait dans la pièce faisait trembler chaque parcelle de mon corps.
Je tentais tant bien que mal de me calmer mais toute ma douleur et ma tristesse me plantaient des poignards dans le dos et m'empêchaient de me détendre.
J'avais le coeur à vif et c'était la première fois que je ressentais pleinement mes émotions.
La haine et la mélancolie faisaient horriblement mal.
C'était comme des cris déchirants qui résonnaient dans mes tympans et qui ne me quittaient pas.
J'arrivais enfin à voir le monstre qui m'habitait, allongée dans une baignoire, du mascara sur les joues, tremblotante avec une respiration saccadée.
La peur m'abandonnait enfin pour laisser place à la rage qui croupissait sous les décombres depuis si longtemps.
Je n'avais plus à être effrayée maintenant.
Tout irait bien.

-Ça va aller. Dis-je avec la voix d'une folle.

Je pris une grande inspiration et fis pénétrer la drogue dans mon corps.
Mes yeux se fermèrent doucement et un léger sourire se dessinai sur son visage tandis que mes larmes coulèrent de plus belle.
Marie avait toujours eu raison.
Je n'avais fais que le comprendre bien trop tard.

•••

POLAKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant