POLAK

-75-

PDV BILLIE
Samedi
21h10

Je descendais de notre immeuble, habillée d'un simple jogging et d'un sweat à capuche noir.
J'avais fais exprès d'arriver en retard, histoire d'énerver un peu Mathieu, tout en prenant bien soin de ne pas répondre à ses messages.
Après tout, je pouvais bien me permettre d'abuser un peu non?

Je jetais un regard aux alentours, et l'aperçus, adossé au capot de sa voiture.
Il fumait un joint, et semblait obnubilé par l'écran de son téléphone portable.

Je m'avançais vers lui, me forçant à garder une expression neutre, puis me raclai bruyamment la gorge.
Il releva la tête, et m'analysa de haut en bas.
J'aimais quand il faisait ça.
Ça me donnait l'impression d'être la plus belle femme du monde.
Mais bon, je devais éviter de m'enjailler trop vite.
Pour l'instant, j'étais supposée être mécontente.

-Bon on va où? Grognais-je
-Tu vas voir.
-Pourquoi tu me le dis pas maintenant?
-Parce que tu vas voir.

Je poussais un soupir, puis montais dans sa voiture sans chercher à débattre.
Il jeta le mégot de son joint, et vint me rejoindre à l'intérieur, l'air toujours aussi serein.
Je lui lançais un regard noir, tandis qu'il démarrait le moteur de sa caisse en silence.

Il m'insupportait lorsqu'il agissait de la sorte.
On aurait dit qu'il ne s'était rien passé et qu'il était complètement innocent.
À chaque fois qu'il était en tort c'était pareil.
Soit ça criait, soit il m'ignorait.
Ça me rendais dingue.
Mais bon, dans tous les cas, j'allais lui laisser le bénéfice du doute, et voir si il saurait se faire pardonner.
Après tout, je n'avais pas encore vu sa «surprise », alors autant rester calme pour le moment.

21h30

-On arrive bientôt? Marmonnais-je
-Ouais. Fermes les yeux.
-Hein?
-Fermes les yeux j't'ai dis.
-Mais pourquoi?
-Parce que vas-y.

Je me mis à grogner, puis fermais les yeux d'un air désespéré.
Je comprenais pas trop à quoi il jouait là.
On était en train de faire une partie de cache cache ou quoi?
Nan parce que moi en tout cas j'avais passé l'âge hein.

Après quelques minutes, je sentis la voiture s'arrêter, et le moteur se taire.
La portière de gauche claqua, indiquant que le polak était sorti, tandis que la mienne s'ouvrît quelques secondes plus tard.
Je restais assise sur mon siège, toujours un peu perdue, puis la main de Mathieu vint agripper mon bras

-Viens.

Il me tira hors de son bolide, et le verrouilla à l'aide de ses clés, avant de commencer à marcher.

C'était un peu compliqué d'avancer les yeux fermés, même si j'avais quelqu'un pour me guider.
Honnêtement, je n'avais pas été habituée à me repérer dans le noir, alors je galèrais clairement à me déplacer.

-Putain d'sa mère...
-Arrêtes de parler mal.
-Mais c'est toi aussi tu me dis de fermer les yeux, j'suis pas un chat moi.
-Arrêtes de râler on y est presque.

Je me tus et poussais un soupir, impatiente d'arriver devant cette fameuse surprise.

Au bout de quelques minutes, je sentis le polonais s'arrêter puis passer ses mains autour de ma taille.
Il glissa quelques petites choses dans mes poches, et se mit à trifouiller dans sa sacoche.
Après ça, il me poussa jusqu'à un sorte de banc, et me fit asseoir dessus, avant de me rejoindre à son tour.