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PDV PLK
14h36

-Mathieu Pruski.

Billie venait d'arriver dans le salon d'un coup.
Elle était complètement décoiffée avec des cernes rouges et plus marquées que d'habitude.
Ses yeux lançaient des éclairs et elle avait les poings serrés comme jamais.
Ça f'sait longtemps que j'l'avais pas vue aussi vener.
J'savais pas ce qu'elle avait mais son regard voulait rien dire de bon.
Pourtant hier encore elle s'était endormie dans mes bras.
Même si elle était pas dans son état normal à ce moment, j'savais qu'elle l'avait fait parce qu'elle le voulait vraiment.
Mais là actuellement elle avait pas l'air d'être aussi heureuse que l'autre nuit.

-Mathieu Pruski.
-Quoi? Dis-je en me remettant à compter mon bif.
-T'as laissé ton putain de bigo sur la putain de table de chevet qui était à côté de moi et t'as reçu un putain de message de ton putain de pote qui s'appelle Lucas. Dit-elle enragée.
-Ça fait beaucoup de fois le mot putain. Dis-je en restant concentré sur mes billets.
-PUTAIN MAIS JE TE PARLE SÉRIEUSEMENT! POURQUOI IL DIT QUE T'AS TIRÉ SUR UN MEC MATHIEU? Dit-elle en explosant de rage.

Merde.
J'avais bien cogité dans la nuit et j'avais croisé les doigts pour qu'elle oublie ce que je lui avais dis mais c'était ma propre connerie qui m'avait cramé.
Pourtant j'voulais plus lui dire.
Pas après tous les mauvais bails qui lui étaient arrivés avec les armes.
Sur le coup j'y avais pas pensé parce que j'réalisais pas ce qui s'était passé mais là on jouait plus.
C'était réel et elle le savait.

-RETOURNES TOI AU LIEU DE TE PLANQUER SUR TON FOUTU CANAPÉ LÀ! JE TE PARLE DUCON!

Je jure que d'habitude j'aurais répliqué mais là j'pouvais rien dire parce que je savais que j'étais en tort.
Je prenais ma tête entre mes mains et commençai a gratter mon crâne, sans savoir quoi répondre.
Ses pas se rapprochèrent et elle me tira le bras droit d'un coup sec.

-RÉPONDS MOI!

J'pouvais plus esquiver maintenant.
Elle avait ses yeux plantés dans les miens et mon bras dans sa main.
Dans son regard y'avait plus que d'la haine.
Même pas un peu de larmes.
Que de la rage.
Tous ses muscles étaient tendus et sa mâchoire se serrait en attendant que j'réponde.
Mais y'avait rien qui voulait sortir.
Elle savait déjà.
Je pouvais pas lui mentir mais je pouvais pas lui dire la vérité non plus.

Elle restait face à moi sans bouger pendant que j'restais à la regarder sans un mot.

-RÉPONDS MOI BORDEL DE MERDE! Dit-elle en brisant le silence.

J'me levais avant de la regarder droit dans les yeux et de lui faire lâcher mon bras.
Elle fronça un peu plus les sourcils et se mit à respirer encore plus vite.
Pendant plusieurs longues secondes, mon regard quitta pas le sien avant que je me décide enfin à parler.

-J'suis désolé Bil'.

Sans avoir le temps de réaliser quoi qu'ce soit, sa main s'écrasa contre mon visage, me mettant une gifle bien sonore.

-Tu me déçois tellement. Dit-elle avec dégoût.

Elle se retourna et partit s'enfermer dans la salle de bain en claquant la porte.
Pendant au moins 5 minutes, je restai debout et regardai le couloir comme si y'avait un fantôme qui s'y baladait.
Mes yeux étaient écarquillés et ma joue me piquait bien bien fort.
J'arrivais pas à croire qu'elle ait pu me mettre une baffe comme ça.

Je me retournai avant d'aller me rasseoir lentement dans le canapé.
J'passai ma main sur ma joue avant de commencer à vraiment réaliser c'qui venait de se passer.
J'comprenais sa réaction après tout ce qui avait pu s'passer.
Mais ça faisait mal de voir que j'avais déçu la seule personne qu'avait toujours été là.
La seule meuf qui m'avait toujours soutenu et récupéré après mes conneries.
Celle qu'avait conduit la voiture pour moi et mes gars après des grosses descentes.
Celle qui m'avait géré quand j'étais défoncé ou bourré.
Celle qu'était venue me voir à chaque sortie de G.A.V.
Celle qui m'avait tout pardonné, même quand j'avais amoché trop de gens.
Elle avait tout fait.
Et j'avais pas respecté la règle des flingues alors qu'elle avait toujours tout fait comme il fallait.
Pourtant c'était comme ça que son père était mort.
Abattu à cause d'un coup d'feu.
On avait jamais su qui lui avait tiré dessus.
Mais il était mort comme ça.
Quand il était parti elle avait rien dit.
Pas un seul mot sur sa mort.
Rien.
On la voyait juste marcher dans le quartier sans parler à personne pendant des semaines et des semaines, un truc de baisé.
On savait pas vraiment si elle était triste ou choquée, parce que son daron était une vraie ordure.
Mais en tout cas personne l'avait vu pleurer.
Elle avait même pas lâché une seule larme.
Mais Marie si.
Marie s'en était jamais remise.
Entre sa mère et son père elle avait pas tenu le coup.
Bil' était restée jusqu'au bout elle.
Pourtant elle avait perdu trop d'monde.
Ses parents, ses potes d'enfance, sa sœur...
Elle avait plus rien.
Tellement plus rien qu'elle avait failli prendre la vie d'quelqu'un pour sauver la mienne.
Parce que j'étais la seule chose qui lui restait.
Mais bon ça c'était une autre histoire.
Maintenant fallait que je lui rende la pareille.
Fallait que j'arrête de faire le con et que je m'excuse pour de vrai.
Même si j'aimais pas ça, c'était important.
Pour elle comme pour moi.
Je devais réparer le passé pour qu'on puisse enfin êtres heureux dans l'avenir.
Elle le méritait plus que n'importe qui.
...

•••

POLAKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant