-7-

5.9K 197 0
                                    


PDV MATHIEU (PLK)
17h49

J'venais de me réveiller.
Je comprenais pas comment j'avais pu arriver dans mon lit vu l'état dans lequel j'étais hier mais c'était vraiment pas mon problème sur le coup.
J'avais un mal de tête pas possible et mon ventre me faisait putain de mal.
Je me rappelais pas vraiment d'hier soir mais ce dont j'étais sûr c'est que j'avais tenu jusqu'au bout.
C'était une histoire de règlement de compte d'homme à homme sauf que le mec d'en face avait décidé de venir avec 10 autres gars.
On s'était battu et j'avais tenu debout jusqu'à la fin mais le plus vieux avait un couteau et cet enfoiré était bien décidé à pas me rater.
Quand il me l'a planté dans le ventre il a dit aux autres que c'était le moment de se barrer et c'est là que j'ai commencé à vriller.
Au moment où j'ai vu qu'ils étaient plus  là j'me suis laissé aller et j'ai perdu tous mes moyens.

C'est chelou parce qu'en tombant j'ai pensé à elle.
Je crois que c'est ça qui m'a poussé à monter jusqu'à l'appart.
J'voulais pas qu'elle me voit comme ça.
Pourtant j'ai jamais perdu.
Mais ils étaient trop ce soir là et j'étais complètement défoncé.
J'avais passé la journée à traîner au stud et dans la rue parce que j'avais trop de questions dans la tête.
À propos d'elle encore une fois.
Je savais vraiment pas ce que je voulais et ça me frustrait.

Je tournai la tête vers mon ventre qui me niquait depuis que j'étais debout.
Y'avait tout un bandage autour avec une grosse tâche de sang dessus.
Je comprenais pas comment c'était possible.
C'était pas moi qui m'était soigné tout seul, si?
Si c'était ça j'en avais pas souvenir en tout cas.

-Aaah putain...

Je venais d'essayer de me tourner mais ça m'avait fait trop mal au niveau de tout mon torse.
Le coup de couteau m'avait vraiment bien achevé.

-Mathieu? T'es réveillé? Une voix éraillée et légèrement grave s'élevait du salon.

C'était sa voix.
Tout s'expliquait .
C'était elle les bandages et tout le reste.
Elle m'avait pas laissé tomber.
En pensant à ça, ça me faisait me sentir vraiment bizarre.
C'était comme un sentiment que je connaissais pas.
Un truc nouveau.
Un truc je pouvais pas définir.

Sa tête apparu dans l'entrebâillement de la porte.
Elle avait un pillon à la main et un verre de jus d'orange dans l'autre.
Elle était démaquillée et elle portait un tee-shirt à moi.
Elle était belle dedans.
Pas comme la tass-pé que j'avais ramené la dernière fois à qui ça allait pas du tout.
Je secouai la tête pour oublier cette image et me re concentrai sur Billie.
Elle me fixait droit dans les yeux, avec un regard plein de reproches.
J'aimais pas quand elle faisait ça.
Je savais qu'elle me jugeait et ça foutait les nerfs.

-J'ai trois questions à te poser si t'es en état. Dit-elle d'un ton glacial.

J'hochais la tête pour lui montrer que c'était bon.
Elle était énervée.
Ses yeux quittaient pas les miens, comme si elle voulait lire en moi.
C'était un truc qu'elle faisait tout le temps.

-Question une, pourquoi j'ai pas eu de nouvelle toute la journée d'hier. Question deux, qu'est ce qu'il s'est passé. Question trois, pourquoi tu m'as pas appelé.

Elle tira une grosse taffe sur son pillon, sans tourner la tête.
J'avais envie de me rendormir mais fallait pas que je cède à la fatigue.
Elle était là exprès pour moi.
Et c'était bien la seule.

-Bil'...
-Cherches pas à éviter le sujet. J'ai posé trois questions simples, j'attends les réponses.

Elle porta une nouvelle fois le pillon à ses lèvres, son regard perçant plongé dans le mien.
Je frottai l'arrière de mon crâne en soupirant.
Putain.

-C'était un truc de règlement de compte Bil'. C'était sensé être un 1 vs 1 mais il est venu avec dix gars. J'étais def, j'me rappelle pas de tout. Y'en avait un qui avait un couteau et ils se sont barrés quand ils me l'ont planté dans le ventre. J'ai rien de plus à te dire.

Elle soupira.

-C'était juste une bande d'enfoirés, tu sais bien que j'me relève toujours.
-Quel genre de règlement de compte? Dit-elle en ne fusillant du regard.
-Un histoire de remboursement et de tape entre un iencli et son dealos. Je connaissais le gars et de base fallait que j'aille terminer le taf.
-Tu m'exaspères. T'as du succès, des potes, ta famille, et t'es encore là à faire n'importe quoi de ta vie. Qu'est ce que tu veux de plus bordel?

J'arrivais pas à prononcer un seul mot.
Je savais qu'elle avait pas tort.
Mais en même temps je me comprenais pas.
Elle s'approcha de moi en posant son jus d'orange sur le bureau et s'agenouilla à côté du lit.

-Réponds à la question numéro une maintenant.

Elle sentait le tabac froid.

-J'en sais rien, t'es revenue d'un coup dans ma vie et j'étais pas prêt.
-On a juste couché ensemble, je t'ai pas demandé de m'épouser. Dit-elle en tournant la tête.
-J'sais bien...mais...

Rah putain.
J'allais dire ce qu'il fallait pas dire.

-Te revoir ça m'a fait péter les plombs.

Elle se mit à fixer le sol en tirant une latte énorme sur son joint.

-Tu sais qui a merdé entre toi et moi. Dit-elle en replongeant son regard dans le mien.

Je savais pas quoi dire.

-Tu m'as fais tellement de mal Mathieu. Je sais pas pourquoi je m'obstine à sauver ton cul de polak comme ça mais saches que ça m'énerve au plus haut point.

Elle souffla la fumée de son pillon avant de se remettre à parler.

-J'ai vraiment cru que t'étais mort hier. Et tu sais très bien que j'aurais jamais pu supporter un décès de plus. Alors je te préviens le polak, refais moi un seul coup comme ça et c'est moi qui t'extermine. Je te raterai pas.

Je ricanai.

-C'est pas drôle, j'ai eu vraiment peur.
Dit-elle en se braquant.

Je ricanai encore histoire de la faire chier.

-Bon je te laisse dormir, appelles moi si tu veux quelque chose. Dit-elle en fronçant les sourcils.

Elle se leva avant de se retourner une dernière fois.

-T'es pas seul. Je suis là maintenant.

Je la regardai partir, son verre de jus dans la main.
J'avais envie de fumer un petard juste pour oublier tout ça.
J'avais failli câner et c'était la seule personne qui s'était occupé de moi.
Elle avait peut-être raison.
J'étais sûrement pas si seul que ça.
Pas tant qu'elle était là.

•••

POLAKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant