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PDV BILLIE
13h30
J'étais allongée sur le capot de ma voiture préférée.
Ça faisait longtemps que je n'étais pas venue au cimetière de ferraille.
Depuis que les gars du 94 étaient venus m'attraper ici, je n'avais pas pensé à remettre un pied dans cet endroit, mais aujourd'hui j'avais décidé qu'il était temps de passer à autre chose
C'était donc la raison pour laquelle je me retrouvais plantée là, à fumer un joint de plus et à contempler le ciel.
Le soleil avait daigné apparaître et je devais avouer que cela me faisait le plus grand bien.
Un peu de vitamine D n'allait pas me déranger.

En ce moment je repensais beaucoup à ma sœur et à ma mère.
Elles me manquaient énormément.
C'était vraiment dur d'accepter qu'elles étaient parties pour de bon.
J'avais eu plus de mal à faire le deuil de Marie, étant donné que sa mort était encore récente.
Lorsque que j'avais revu le polonais, elle avait rejoins les cieux 4 mois plus tôt.
Maintenant, cela faisait exactement 9 mois.
À vrai dire je crois que je n'avais même pas vraiment fais mon deuil.
Souvent, l'envie d'aller voir sa tombe me prenait, puis je finissais par changer d'avis, tout simplement parce que ça faisait trop mal.
Elle avait été enterrée pas loin d'ici, avec les membres de ma famille décédés.
C'est à dire à peu près tous.
Je savais que mon oncle avait déposé des fleurs là où elle reposait puisque de nombreuses langues de serpent en avaient parlé partout dans les bars et les restaurants.
Il l'avait toujours adorée elle aussi.
Quand nous étions petites, il nous appelait les siamoises, parce que l'on était toujours collées l'une à l'autre.
Si je faisais une bêtise, c'est que Marie était dans le coup, et inversement.
Mais ce qui nous différenciait, c'est qu'elle avait toujours été plus fragile que moi.
C'était une personne sensible malgré tout et un rien pouvait la blesser.
Malheureusement, la dernière fois qu'elle a souffert, c'était la fois de trop.
Et ses larmes s'étaient figées à jamais.

Je souriais tristement en repensant à son visage et à son rire.
La mort de ma mère m'avait aussi beaucoup affectée, mais j'étais plus jeune, alors au fil des années ma douleur s'était atténuée et s'était transformée en rage.
Une rage qui m'avait joué bien des tours , un nombre incalculable de fois.
Maintenant, la haine était devenue vide et le cœur était devenu poussière.

Quand au décès de mon père, je ne savais toujours pas quoi penser.
Il avait été mon tortionnaire pendant des années et avait poussé ma sœur à bout à chaque moment de sa misérable existence .
Mais malgré tout, je ne pouvais pas dire que son départ forcé ne m'avait pas blessée.
Je m'étais retrouvée orpheline assez jeune et ce n'est pas vraiment la chose la plus simple à vivre lorsque l'on est une adolescente pleine de troubles du comportement.
Aujourd'hui, je ne pensais plus que très peu à lui.

Personne n'étais au courant de toute mon histoire, mis à part Mathieu et Alpha.
Et encore, je restais la seule personne à connaître l'identité de l'assassin de mon père.
C'était un secret que j'emporterais probablement dans ma tombe.
Seul Dieu le savait.

En poussant un soupir, je jetai le mégot de mon joint sur le sol et me relevais lentement du capot de la voiture préférée de ma sœur.
J'attrapais mon sac à main et sortis mon téléphone de la petite poche secrète qui résidait à l'intérieur.
Au même moment, mon portable se mit à vibrer et le prénom d'Alpha s'afficha dessus.

-Allô?
-Ouaaaais princesse ça fait quoi là? Cria-t-il à moitié
-Pas grand chose et toi?
-La même, viens à l'appart wesh.
-Ok je serais là dans à peu près 20 minutes.
-Vas-y j't'attends belle gosse.
-À toute.

Je raccrochais et me mis directement en route.
J'avais pas mal de marche avant d'arriver chez lui alors autant ne pas traîner.
Surtout que je devais être sur mon lieu de travail pour 17h30.

POLAKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant