Chapitre XXVI

93 18 0
                                    

10h. Nous étions mercredi et j'étais en train de guetter ce qui se passait dans le gymnase du lycée. Pauvre type, pensai-je. Je me faisais pitié à moi-même. La sublime Jade fit soudain irruption dans la salle où se trouvait Paul. J'eus l'immense plaisir de constater que mon petit discours d'hier avait fait son effet : il l'ignorait totalement. Une nouvelle victoire pour moi ... Dès que le cours de sport proprement dit commença enfin, je sortis de ma cachette et rentrai à mon tour dans la pièce, comme si de rien n'était. Paul eut l'air heureux de me voir, ce qui ne fut pas du tout le cas de Jade en revanche. Cette dernière me jeta un regard si noir que j'eus envie de disparaître. Mais je n'en fis rien. Il était temps qu'elle comprenne qui j'étais. Un adulte, son enseignant qui plus est. Je devais lui montrer que je n'étais pas un de ces gamins qu'elle pouvait manipuler. Je soutins donc son regard, jusqu'à ce qu'elle se concentre de nouveau sur le match. Mais elle n'en fit rien, et ses yeux dévièrent sur ma joue. Un sourire moqueur apparut sur ses lèvres parfaites. Tu m'étonnes ... J'avais encore la joue marquée par son coup d'hier. J'y portais instinctivement ma main, ce qui ne fit que renforcer son petit sourire. La garce. Visiblement satisfaite d'elle, elle se concentra de nouveau sur son match, me laissant souffler un peu. Elle ne me calcula plus jusqu'à la fin ducours, me permettant de parler de tout et de rien avec mon ami. Lorsque les élèves se dirigèrent vers le gymnase pour se changer, Paul fit un geste en direction de Jade, et la retint par le bras.


- « Jade, il vaudrait mieux que l'on oublie ce qu'il s'est passé hier. » dit Paul d'une voix neutre, ce qui me fit sourire.

- « D'accord. »


Jade avait vraiment l'air déçu du comportement de mon ami. Elle devait en avoir plein le cul de ses profs. Paul aussi avait vraiment l'air au bout de sa vie. Alors que j'allais le réconforter, Jade revint dans le gymnase. Qu'est-ce qu'elle était sexy avec ses jambes de déesse moulées à la perfection dans son jean et ses talons hauts. Elle récupéra les bijoux qu'elle avait oubliés sans même nous calculer, puis elle s'en alla comme elle était arrivée.


- « Putain ce corps ... » soupira Paul.


Je lui jetai un regard noir, tandis que Jade se retournai vers nous, excédée. Elle avait vraiment l'air à bout cette fois.


- « Vous m'avez bien fait comprendre que nous avions une relation prof-élève, l'un comme l'autre, ce que j'accepte, mais arrêtez vos commentaires de vieux pervers. »


Et voilà, elle avait vraiment pété un câble cette fois. C'était normal qu'elle soit à bout la pauvre. Je ne pouvais même pas imaginer ce qu'elle ressentait ... Avant même que l'un d'entre nous ait pu placer un mot, elle tourna les talons et s'en alla d'un pas décidé. Cette fois, je n'étais pas sûr que les choses allaient s'arranger ... Une fois encore, j'allais devoir faire appel aux talents incomparables de ma sœur en matière de relation homme-femme. Je laissai donc mon ami à sa déception et rentrai chez moi. Je me préparai un repas rapide et m'emparai de mon portable dès que j'eus terminé mon assiette. Comme souvent, ma petite sœur décrocha presque instantanément. Elle avait vraiment son téléphone greffé à la main. Mais vu la situation actuelle, je n'allais pas m'en plaindre. J'avais trop besoin de lui parler.


- « Alice, à votre service. Quelle situation merdique puis-je aider à arranger aujourd'hui ? » récita-t-elle.

- « Très drôle. » répondis-je en levant les yeux au ciel.

- « Faut t'acheter un peu d'humour frangin. Bon sérieusement, tu veux quoi ? Ces derniers temps tu m'appelles toujours pour régler tes conneries donc explique. »


Je soupirai et me lançai dans le récit de mes derniers exploits, en passant par ma fausse conversation avec notre père jusqu'au commentaire déplacé de Paul qui avait fait exploser Jade même pas une heure auparavant.


- « Vous êtes aussi cons l'un que l'autre visiblement. » ne put-elle s'empêcher de commenter. « Plus sérieusement, c'est quoi ton objectif ? Que cette pauvre fille te déteste ? Parce que t'es bien parti pour là. »

- « Tu crois ? »

- « Nan, je crois pas, je suis sûre là. T'arrêtes pas de lui pourrir la vie ! Tu la chauffes, ensuite t'es froid, tu fais le rageux, tu niques ses rendez-vous et après tu fais le mec gentil, genre j'y suis pour rien. T'es pire qu'une girouette toi sérieux. »

- « Abuse pas non plus ... »

- « Moi j'abuse ?! » s'écria-t-elle. « T'es mon frère hein, mais là c'est clairement toi qui abuses en ce moment. J'aurais eu un prof comme toi, même si t'es beau gosse hein, ça fait bien longtemps que j'aurais été balancer ça à quelqu'un. »

- « Tu crois que c'est ce qu'elle va faire ? » m'inquiétai-je soudain.

- « J'espère pas pour toi sinon papa te bute. » me répondit-elle, toujours aussi rassurante. « Je suis sérieuse cette fois Marco, tu dois couper les ponts avec elle. »

- « Je sais que t'as raison ... mais ... »

- « Pas de mais. » me coupa-t-il. « Tu veux finir avec une mention détournement de mineure ou harcèlement, au choix, sur ton casier judiciaire ? »


Je soupirai.


- « C'est bien ce que je me disais. » reprit-elle. « Alors tu fais profil bas. Je dois y aller, mais j'attends ton appel ce week-end pour me raconter. »

- « Ça marche ... »


Cet appel m'avait plus dépité qu'il ne m'avait remonté le moral mais ma sœur avait raison. Cette fois, je devais prendre mes distances et m'y tenir. Et c'est ce que je fis durant toute la fin de la semaine. Je me montrais aussi froid que possible avec elle, ce qui ne semblait l'étonner plus que ça. Elle avait l'air ... fatigué par tout ça. Et je la comprenais. Moi aussi je commençais à en avoir plein le cul des ces histoires. J'en venais même à regretter d'avoir pris ce poste des fois ...

********************************************
Oups, désolée je vous ai complètement oubliés la semaine dernière! Je vous le mets maintenant. Des bisous!

Une histoire impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant