Chapitre XV

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En me levant en ce mercredi matin, je savais quelle serait ma première action de la journée. Je me levai, passai rapidement un survêtement et un pull, puis je secouai ma sœur qui ne mit que dix secondes à se réveiller.


- « Lève toi. » ordonnai-je.

- « Où ? » grogna-t-elle.

- « Acheter un putain de canapé lit. »


Ma phrase sembla la réveiller complètement. Elle s'habilla en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et me suivit dans ma voiture. Personne n'était encore réveillé, ce qui m'étonnait un peu mais bon. Nous filâmes dans le magasin de meubles le plus proche. Je laissai Alice choisir celui qui lui paraissait être le plus confortable, puis je payai. Même si nous étions le 24, jour du réveillon, une option supplémentaire, et monstrueusement chère, me permettait d'être livré dans l'après-midi. Ma sœur et moi venions de passer notre dernière nuit sur mon vieux canapé lit. De retour à la maison, un pas à l'intérieur nous suffit à Alice et moi, pour comprendre que nos adorables neveux étaient debout. Elle me jeta un coup d'œil dégoûté qui me fit rire. Ma sœur chérie n'aimait pas vraiment les enfants. Elle les trouvait trop bruyants. Affamée, elle me précéda dans la grande salle à manger, où se trouvaient mes sœurs, mes beaux-frères et mes parents. Nous saluâmes tout le monde avant de nous asseoir pour déjeuner. Nous leur expliquâmes ce que nous étions partis faire. Alice fut si virulente concernant mon vieux canapé lit, que je me dis que notre achat du matin avait vraiment été utile. Après le petit-déjeuner, certains membres de ma famille allèrent se doucher et se préparer afin d'aller faire une petite promenade, tandis que les autres vaquaient tranquillement à leurs occupations dans ma maison. Pour ma part, je m'attelai à la préparation du repas du réveillon. Je voulais que ce soit le repas le plus gargantuesque qu'ils n'aient jamais mangé. La journée passa si vite, que vers 18h, je me demandai vraiment pourquoi je m'étais embarqué là dedans. Heureusement, au fil des heures, mes sœurs, ma mère, mon père, et même mes beaux-frères étaient venus se relayer pour m'aider. J'avais en parallèle préparé un bon repas pour mes neveux et nièces. Les pauvres, je n'allais quand même pas leur donner de la merde à bouffer pour le réveillon. Vers 19h30, tout fut prêt. Je filai à la douche afin d'être présentable. Je passai un pantalon près du corps, une chemise ajustée et des chaussures habillées. J'allais devoir faire face à la fameuse photo de famille ... Alors autant être à mon avantage dessus. Tout le monde était déjà sur son 31 lorsque je descendis. Les voir tous comme ça me rendit profondément heureux. J'aimais être avec eux. Je les aimais. A cet instant, ma vie me sembla facile. Douce et facile. Je ne pensais à rien d'autre qu'à eux. Aucun de mes problèmes n'arrivait à pénétrer mon cerveau. J'étais bien, je ne pensais pas à Jade, ce qui était une première depuis longtemps. Elle ne me manquait pas, elle n'envahissait pas mes pensées. Ne pas la voir, ne pas être en contact avec elle, ne pas être au lycée, être avec mes parents, mes sœurs, mes beaux-frères, mes neveux, mes nièces ... Tout cela m'aidait à ne pas penser à elle. Et si la solution c'était de partir ? De me rapprocher de ma famille et de m'éloigner d'elle. Je jetai un rapide coup d'œil à Alice. Il faudrait que je lui parle de ça, mais pas tout de suite. Demain, tranquillement. Pour l'instant je voulais juste profiter à fond. Je nous servis un premier apéritif. Mon père était déjà en train de poser le trépied au fond du salon pour la photo habituelle. Dès qu'il eut terminé, nous trinquâmes à ce joli réveillon. Pour une fois, mes neveux et nièces étaient calmes. Tout était vraiment parfait pour le moment. Sitôt le premier verre terminé, mon père nous pressa sur le canapé. Il déclencha la photo et se dépêcha de nous rejoindre. Quelques secondes plus tard, nous fûmes mitraillés, complètement éblouis par le flash. Je priai intérieurement pourqu'il y en ait une de bien dans le lot, car mes yeux ne supporteraient pas une nouvelle rafale de lumière comme celle-là.


Une histoire impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant