Une histoire impossible

Chapitre XXXVIII

- « Asseyez-vous Mademoiselle Thomas. » ordonna le proviseur, qui n'avait pas vraiment l'air conscient que Jade et moi avions envie de sauter à la gorge de ce con d'Alexandre.

La belle s'assit, l'air passablement énervé.

- « Bien, vous êtes ici pour une histoire assez ... délicate. » reprit le proviseur, estimant que nous étions au complet.

- « C'est-à-dire ? » le coupa Jade.

Merde, elle était clairement folle de rage.

- « Je vais aller droit au but. » reprit Monsieur Rocher, le bon vieux et gros proviseur de notre établissement. « Monsieur Lambert est venu me trouver ce matin pour me révéler quelque    chose. Dans la nuit de vendredi à samedi, il est venu chez vous, Mademoiselle Thomas. »

Dans la nuit de vendredi à samedi ?

- « En effet. » répondit-elle.

- « Et il a vu quelque chose chez vous. »

- « Quelque chose ? » l'interrompit de nouveau la belle.

- « Il a vu les affaires de Monsieur Ramos dans votre salon. Alors, je vous pose la question à vous, Monsieur Ramos. Étiez-vous là-bas ce    fameux soir ? »

Oh putain c'était vraiment la grosse merde là ! Le proviseur me regardait fixement, attendant ma réponse. Je n'allais certainement pas m'en sortir comme ça ...

- « Oui. » lâchai-je.

- « Que faisiez-vous chez Mademoiselle Thomas ? » continua-t-il.

Bordel, mais il était sérieux avec ses questions ? Qu'est-ce qu'il allait me demander ensuite ? Dans quelle position je l'avais prise ? Voyant mon malaise, Jade prit les devants.

- « Nous nous sommes croisés alors que nous courrions et je l'ai invité à venir boire un verre chez moi. Il n'y a rien d'illégal à ça il me    semble. »

Elle commençait à devenir virulente. Elle se sentait agressée, et ça se sentait.

- « En effet, il n'y a rien d'illégal à ça. » reprit la proviseur, toujours aussi calme. « Ce qui l'est en revanche, c'est une relation sexuelle entre un professeur et une élève mineure. Monsieur Ramos, je me dois de vous rappeler que vous encourez deux ans de prison et 30 000 euros d'amende. »

Wahou, on ne jouait plus là. On ne jouait plus du tout même. Malgré mon père avocat, malgré les mises en garde que j'avais prodiguées à Paul, j'avais complètement occulté ce que je risquais. Les petits rappels juridiques de Monsieur Rocher était comme une grande claque dans la gueule. Jade me jeta un regard en coin pour évaluer l'impact des paroles du proviseur et visiblement je devais avoir une tête pitoyable, puisqu'elle reprit la parole, si calmement qu'on aurait dit que cette histoire ne la concernait pas.

- « Sauf que je suis majeure. »

Monsieur Rocher, qui se contentait de poser les questions de manière froide et automatique depuis le début de l'entretien se réveilla soudain et regarda Alexandre, attendant que celui-ci se manifeste, ce qui ne se fit pas attendre.

- « Pas quand je suis venu chez toi vendredi ! »

- « C'était vendredi pour toi parce que tu ne t'étais pas couché, mais quand tu es venu chez moi il était presque 3h du matin, donc nous étions le 24 Janvier, jour de mon anniversaire. » lui répondit froidement Jade, à deux doigts de lui sauter à la gorge. « Vérifiez dans mon dossier. » ajouta-t-elle à l'intention du proviseur.