Chapitre XVIII

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Cette putain de rentrée était arrivée bien plus vite que prévu. Rafa était toujours déprimé. Il s'était même fait arrêter par son médecin. A vrai dire, ça me faisait vraiment chier de le laisser dans cet état, mais je n'avais pas le choix. Je devais aller bosser. Pour apaiser un peu mes remords, je lui avais proposé de s'installer chez moi quelques temps. Ainsi, même si je bossais la journée, j'étais là pour lui le soir, et la nuit quand il voulait discuter ... C'est pour cette raison que j'étais dans un état pitoyable aujourd'hui. J'avais une gueule de déterré. Je sentais que j'allais passer une bonne journée de merde. Je n'avais même pas commencé mon premier cours que je ne rêvais déjà que d'une seule chose : rentrer chez moi. En soupirant, j'ouvris le programme dédié à l'appel sur mon ordinateur, attendant patiemment que les élèves arrivent. Ils arrivèrent presque tous en même temps, dès que la première sonnerie eut retentit, Jade en tête de file.


- « Bonjour Mesdemoiselles, bonjour Messieurs, j'espère que vous avez passé de bonnes fêtes. » lançai-je en essayant de me montrer le plus aimable possible. « Jade, tu peux venir une minute s'il te plaît ? » ajoutai-je.


Elle se rapprocha de moi, visiblement heureuse de me voir.


- « Je voulais te remercier pour ton mail. J'ai décidé de rester. »

- « C'est une excellente nouvelle. » s'exclama-t-elle, soulagée.


J'allais la renvoyer à sa place, lorsque je me souvins d'un dernier détail. Je sortis un papier de ma poche et lui tendit.


- « J'ai quelque chose à te donner, au fait. »


Elle ne parut pas comprendre.


- « Mes amis. » lui expliquai-je. « Noms, et numéros. J'ai été harcelé jour et nuit pour que je te donne tout ça. »

- « Ah, c'est ... gentil. »


J'eus au moins le plaisir de voir sa gêne. Dès qu'elle retourna à sa place, je la vis discuter avec Léa, puis elles se mirent à me regarder. Bordel, les vacances ne les avaient pas arrangées. Je décidai de les ignorer jusqu'à la fin de l'heure. Car, même si j'avais choisi de rester ici, j'avais quand même la même opinion que précédemment sur Jade : je devais l'oublier. J'avais tellement de souci en ce moment avec Raf, je n'avais pas envie de m'en attirer d'autres. Encore moins des problèmes d'ordre juridique. Je fis donc mon cours de la façon la plus professionnelle possible, sans regarder Jade plus que nécessaire. Elle n'était qu'une élève comme les autres. Dès qu'elle sortie de la salle, je me sentis tout de suite mieux. C'était comme si sa présence m'empêchait de respirer correctement. Je n'étais plus vraiment moi. La fin de la journée se passa beaucoup mieux que le début et je rentrai chez moi plutôt de bonne humeur. Malheureusement, tout se gâta lorsque je trouvai Rafa à moitié bourré sur mon canapé. Encore. Je soupirai et le secouai.


- « Raf c'est plus possible là. On dirait une loque. Va à la douche. »


Il ne prit même pas la peine de me répondre et se traîna jusqu'en haut. Je ne tardai pas à entendre l'eau couler. Peut-être que ça l'aiderait à décuver un peu. Je profitai de son absence pour ranger tout le bordel qu'il avait foutu et surtout pour cacher les bouteilles d'alcool. Je l'avais laissé noyer son désespoir dedans beaucoup trop longtemps. A partir d'aujourd'hui, il allait se reprendre en main. Et cela passait malheureusement par une bonne conversation avec Chloé ... A contrecœur je pris donc mon téléphone et lui demandai de passer chez moi. Elle me répondit dans la seconde qui suivit pour me dire qu'elle serait là dans un petit quart d'heure. La soirée allait être plus compliquée que prévu, mais Rafa ne me laissait plus le choix. Je n'allais pas le laisser se détruire. J'entendis soudain l'eau se couper. Je sortis mes copies de mon sac histoire d'avoir l'air occupé plutôt qu'en train de le fliquer comme un gosse. Il ne tarda pas à me rejoindre.


- « Ça va mieux ? »


Il grogna. C'était toujours mieux que pas de réponse du tout. Mais quelque chose me disait qu'il ne tarderait pas à retrouver la parole...


- « Raf faut que tu te reprennes en main maintenant. »

- « Tu veux que je dégage ? »

- « Arrête d'être aussi con s'te plaît. Tu sais très bien que je te foutrais jamais à la porte. Par contre t'arrêtes de picoler et c'est pas négociable. Tu vas finir alcoolique et bouffi, c'est ce que tu veux ? »


Il leva les yeux au ciel, ne sachant pas quoi répondre. Il savait très bien que j'avais raison et n'avait clairement aucun argument à m'opposer. Les pneus d'une voiture crissèrent soudain dans la cour. Je vis le regarde surpris de mon meilleur ami. Il allait me buter.


- « C'est qui ? » demanda-t-il.


Comme lui un peu plus tôt, j'esquivai la question et sortis dans la cour parler à Chloé avant qu'elle n'entre. Je m'arrêtai deux secondes en la voyant. Bordel, elle avait mis le paquet : robe moulante, talons hauts, rouge à lèvres ... puis je compris qu'elle avait fait tout ça pour moi. Elle pensait que je l'avais appelée pour me remettre avec elle. Folle que tu es, pensai-je.


- « Salut Marco. » minauda-t-elle.


Pitoyable. Chaque fois que je la revoyais je me demandais un peu plus ce que j'avais bien pu lui trouver.


- « Je t'arrête tout de suite si tu penses que t'es là parce que j'ai envie de te voir. »


Son sourire retomba immédiatement. Merde, j'avais peut-être été un peu violent ... Il ne fallait pas que j'oublie qu'elle était à presque 8 mois de grossesse ...


- « T'aurais pu me dire que j'étais pas le père. » enchaînai-je.

- « Je savais que Rafa allait te le dire. » grogna-t-elle.


Visiblement, le résultat du test de paternité n'était pas du tout celui qu'elle avait souhaité avoir. Je le savais depuis le début, cette histoire était pour elle le moyen parfait de tenter de me remettre le grappin dessus. Elle n'avait toujours pas compris que rien, et je dis bien rien, ne me ferait retourner avec elle. Pas même un enfant.


- « Marco, putain t'es censé être mon pote ! » hurla soudain Raf.

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Et un de plus! Gros bisous les amis!

Une histoire impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant