Chapitre XXXXII

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Elle venait de s'évanouir et j'étais complètement paniqué pour être tout à fait honnête. Dans sa chute, son tee-shirt était remonté le long de ses abdos parfaits, dévoilant un bleu violacé. C'était pire que ce que j'avais imaginé. J'allais me mettre à hurler. Heureusement pour moi, Paul, parfaitement calme, prit les choses en main. Il calma ses élèves d'un mot, fit la vide autour de Jade et prit calmement son pouls. Il fit signe à Léa de rejoindre sa meilleure amie et vint ensuite vers moi. Son visage était nettement moins calme maintenant qu'il ne faisait plus face à ses élèves.


- « Vu les bleus qu'elle a sur tout le corps je veux pas prendre de risque. Reste ici, je vais chercher l'infirmière. »


Je hochai la tête et me dirigeai vers Jade. Léa avait l'air totalement paniquée.


- « Tu veux que je prenne le relais ? » lui demandai-je, voyant son désarroi.

- « Oui je veux bien ... » soupira-t-elle soulagée. « Vous pourrez vous occuper d'elle jusqu'au bout ? Je sens que je vais m'évanouir si c'est moi qui dois gérer. »

- « Bien sûr. Va avec les autres, et assieds-toi. »


Elle me remercia d'un signe de tête et retourna avec le reste de sa classe tandis que je me concentrai sur Jade. Cette dernière était toujours totalement inerte. D'un regard je fis comprendre à la classe qu'ils avaient intérêt à rester loin. Une fois certain que personne ne pouvait m'entendre, je murmurai le prénom de Jade à son oreille sans m'arrêter. Il fallait qu'elle se réveille bordel. Et Paul, qu'est-ce qu'il foutait sérieux ? Il se tapait l'infirmière ou quoi ? Malgré ma peur, cette pensée réussit à m'arracher un sourire.


- « Jade ... » répétai-je.


Soudain, je vis ses paupières frémirent. Oh bordel, ça y'est, elle était en train de se réveiller. Paul apparut soudain au pas de course et rejoignit la classe, me faisait comprendre d'un signe de tête qu'il n'avait pas trouvé l'infirmière. Elle n'était jamais là quand il fallait cette connasse.


- « Jade, tu vas bien ... ? » lui demandai-je, mi-inquiet, mi-soulagé.

- « Laisse moi ... tranquille ... »


Toujours aussi aimable.


- « Je dois m'assurer que tu vas bien. Et je vais t'accompagner jusque dans les vestiaires pour que tu te changes en toute sécurité. »

- « Hors ... de question ... Je veux ... Léa ... »

- « C'est elle qui m'a demandé de venir avec toi. »

- « Bien ... sûr ... »

- « Léa ! » hurlai-je, à bout de nerfs.


Cette dernière, sentant sûrement mon état de haine, arriva au pas de course. Elle avait l'air toujours aussi stressée.


- « Jade, ça va ? » lui demanda-t-elle.

- « Oui ... »

- « Jade ne veut pas aller se changer si je l'accompagne. » lâchai-je en soupirant.

- « Bébé, s'il plaît, laisse toi faire. Tu as besoin de quelqu'un avec toi, et je ne peux pas venir. Je me connais, s'il t'arrive quelque chose, je vais paniquer ... » la supplia Léa, à deux doigts de se mettre à pleurer.

- « Je suis ... obligée ...? » demanda Jade.

- « Oui, s'il te plaît. »


Après quelques secondes de réflexion, la belle hocha la tête, me donnant enfin l'autorisation de la raccompagner dans les vestiaires. Je fis signe à Paul, qui marqua également son approbation. Je soulevai Jade, laissant mon ami reprendre son cours calmement. Enfin, un calme relatif. Quant à moi, je continuai mon petit trajet jusqu'aux vestiaires. Rendu devant la porte, je balançai un grand coup de pied dedans, la faisant s'ouvrir avant de s'écraser violemment contre le mur. Je déposai le plus doucement possible la belle blonde sur un banc avant de refermer la porte pour être tranquille avec elle. En me retournant vers elle, je constatai qu'elle tentait de se mettre debout.


- « Tu as besoin d'aide ? » ne pus-je m'empêcher de lui demander, même si je connaissais déjà sa réponse.

- « La situation n'est pas assez gênante comme ça ? »

- « Tu as fait un malaise. Arrête avec ta fierté. »


Le regard que je pris en retour était à peu près équivalent à un beau majeur. Bordel, elle et sa fierté de merde. Je décidai de changer mon fusil d'épaule et pris un ton plus doux.


- « Viens là. » lui dis-je.


Elle me jeta un regard mi-furieux, mi-curieux, étonnée par mon changement d'attitude. Et soudain, elle vint à moi, en gardant toujours le silence. Son malaise lui avait laissé un visage fatigué. Elle avait vraiment l'air épuisé. Je la fis doucement s'asseoir sur un des bancs, et commençai par lui enlever ses baskets. Ne souhaitant pas manger encore une baffe, je la regardai droit dans les yeux tout en posant les mains sur son short. Je voulais être sûr qu'elle était d'accord avec tout ce que j'étais en train de faire.Comme elle ne broncha pas, je continuai à la déshabiller jusqu'à ce qu'elle se retrouve en sous-vêtements. Contrairement à d'habitude, je ne fus pas distrait par son corps de déesse. Et pour cause ... Son corps était bleu. C'était choquant à voir.


- « Oh Jade ... »


Elle devait souffrir le martyr. J'avais tellement envie de la réconforter que ma main partit d'elle-même caresser sa joue. J'avais besoin de l'aider, c'était plus fort que moi.


- « Stop ... » murmura-t-elle.

- « Jade ... »

- « Stop ... » répétai-je.

- « Dis moi ce que tu as fait pour finir dans cet état. » la suppliai-je presque.


Il fallait que je sache putain.


- « Marco ... »

- « Ne me dis pas que ça ne me regarde pas. »

- « Mais c'est le cas. » rétorqua-t-elle froidement.

- « Jade, ce n'est pas parce qu'il s'est passé ... ce qu'il s'est passé, que tu ne peux pas te confier à moi. Je reste ton prof. »


Elle soupira.


- « Je me suis battue. »

- « Battue ? » m'étonnai-je.

- « Oui. Je me suis mise à la boxe. »

- « La boxe ?! »


Elle se foutait de ma gueule là.


- « Oui. »

- « La boxe, ça ne donnerait pas ça. » répliquai-je, passablement énervé à présent.

- « La boxe classique, c'est ma pommette et ma lèvre. Ma boxe à moi, avec mon pote, c'est le reste. »

- « Mais il est complètement taré ton poté ou quoi ?! » ne pus-je m'empêcher de m'écrier.


Jade, elle, semblait parfaitement calme et se rhabillait tandis que je faisais les cent pas. Voyant soudain qu'elle était en galère, je l'aidai à enfiler son haut. Sentant que j'allais lui faire la morale, Jade s'empara de ses affaires et me lança avant de se diriger vers la sortie :


- « Encore une fois, ça ne te regarde pas. »


J'étais sur le cul. Je ne pouvais pas la laisser partir comme ça. Retrouvant finalement mes esprits, je me lançai à sa poursuite, mais elle avait bien trop d'avance sur moi. Je n'allais pas lui courir après au milieu du lycée, surtout pas avec Alexandre et le proviseur qui n'attendaient qu'une occasion pour me coincer.

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Oups, je vous ai oubliés depuis un moment! Bonne lecture, des bisous!

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