Chapitre XXXX

95 18 0
                                    

Chaque jour avait été pire que le précédent. J'étais incapable de dire combien de putain de jours s'étaient écoulés depuis ce fameux rendez-vous chez le proviseur. Tout ce que je savais, c'est que depuis ce fameux jour, j'avais eu ma sœur au téléphone absolument tous les jours. Elle m'écoutait, sans me juger, se contentant de me donner son avis ici et là concernant Jade. Elle pensait que mon comportement devait être irréprochable, et elle avait raison. Il n'empêchait que lorsque presque tous les week-ends, mes amis me rapportaient qu'ils avaient vu la belle en boite, mon cœur se serrait un peu plus à chaque fois. Je sentais que ma sœur avait de la peine pour moi. Elle qui m'avait vu si joyeux après avoir rencontré Jade, elle me voyait à présent dans un état pitoyable.Elle finit même par me récupérer à la petite cuillère un fameux jour où j'avais croisé Jade dans les couloirs. Depuis des semaines,je tentais de l'appeler, de lui envoyer des messages, des mails ... sans succès. Même si j'avais décidé de la laisser tranquille, je ne pouvais pas rester sans rien faire en la voyant dépérir. Elle ne parlait, ses cernes étaient chaque jour plus apparentes, de même que sa maigreur. Alors, lorsque je l'avais croisé seule dans un couloir cette fameuse fois, je n'avais pu m'empêcher d'aller lui parler. Je me souvenais encore de ce que je lui avais dit lorsque je l'avais coincée contre un mur à l'abri des regards dans le couloir de mathématiques ...


- « Ne t'approche pas de moi ... » avait-elle soufflé.    

- « Jade, écoute moi ... »

- « Non. Je ne veux pas t'écouter, j'ai déjà du mal à te voir aussi souvent, alors n'en rajoute pas s'il te plaît ... »

- « Du mal à me voir ? » m'étais-je étonné.

- « Oui, je ne supporte plus de te voir. » me répondit-elle. « Je ne sais même pas pourquoi j'ai couché avec toi. Ça a été une grosse erreur. J'ai voulu tout oublié dès l'instant où ça a été    fini. »    


Bordel, et tout ça en me regardant droit dans les yeux. Je ne m'attendais vraiment pas à ça. Elle m'aurait mis une grande claque dans la gueule que j'aurais eu aussi mal qu'à cet instant. Elle n'avait que des regrets me concernant. Alors que moi je crevais un peu plus tous les jours de notre relation. Ou de notre absence de relation plutôt. Je me rendis soudain compte qu'elle me regardait, attendant ma réponse.


- « Je suis heureux qu'on soit d'accord sur ce point. » lâchai-je, glacial, avant de tourner les talons.


Je frissonnai et revins soudain à la réalité en entendant une voiture pénétrer dans ma cour. Un rapide coup d'œil par la fenêtre me remit le sourire aux lèvres. Je filai immédiatement ouvrir la porte en grand, laissant place à Rafa, Chloé et leur magnifique petit garçon de quelques semaines. Je leur souris et leur fis la bise avec le sourire. Pour une fois, ce n'était pas un sourire forcé. J'étais vraiment heureux pour eux, et surtout pour mon meilleur ami qui n'avait jamais été aussi radieux. Mon ami et mon ex s'assirent sur le même canapé, se regardant niaisement. Qui aurait cru ça il y a quelques semaines. Leur relation qui aurait du me paraître bizarre paraissait au final très naturelle. Ils formaient une vraie famille avec leur petit Julien. Je m'éclipsai rapidement pour aller leur chercher à boire. Lorsque je revins, je constatai que le bébé se trouvait à présent dans les bras d'un Rafa plus gâteau que jamais. Je ne pus m'empêcher d'échanger un sourire avec Chloé. Rafa était clairement passé d'un extrême à l'autre là.


- « Bon comment va le petit ? » demandai-je en servant les verres à mes invités.

- « Très bien. » me répondit Rafa avec un sourire con. « C'est un amour et c'est le plus beau bébé du monde. Hein mon pote ? C'est toi le plus beau bébé du monde hein ? Oh oui c'est toi. Comme ton père. »


Une histoire impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant