Chapitre XVI

100 19 0
                                    

- « Je sais pas Lili. Je dis juste que depuis que vous êtes tous ici, je me sens vraiment bien. J'ai pas pensé une seule fois à Jade. »

- « Tu crois vraiment que ça serait le mieux pour toi ? » me demanda-t-elle.


Je pris quelques instants pour réfléchir. Est-ce que quitter mon poste, ma maison et ma ville était la bonne solution ?


- « Je pense que ça me fera du bien de plus vivre comme je vis actuellement. » me contentai-je de répondre. « J'avais pensé envoyer un mail ... à Jade. »


Ma sœur me regarda comme si j'étais un demeuré.


- « Si c'est ce que tu veux, fais le. » lâcha-t-elle en soupirant.


Je la remerciai d'un sourire. Ma petite sœur adorée. Je m'emparai de mon portable et cliquai sur l'icône de ma boite mail. Je rédigeai un long pavé, les mots s'imprimant sous mes doigts sans que j'ai vraiment conscience de ce que j'étais en train d'écrire. Expédier ce mail à Jade me fit le plus grand bien. J'allais vraiment pouvoir décrocher jusqu'à la fin des vacances ...





Je jetai un énième coup d'œil à mon téléphone. Même le 31, mon putain de meilleur ami n'était pas foutu d'être à l'heure. Depuis que mes parents et le reste de ma famille étaient partis, la colère avait commencé à revenir petit à petit en moi. J'espérais que cette soirée du réveillon allait être explosive. J'attendais que Rafa daigne enfin arriver. Je lui passai un énième coup de fil, mais toujours pas de réponse. Mais qu'est-ce qu'il branlait putain ? 10 minutes. 15 minutes. 30 minutes. Toujours aucune nouvelle de mon meilleur ami. Tout comme moi, les autres commençaient à s'inquiéter. Être en retard faisait parti des habitudes de Rafa, mais faire le mort comme ça, ça ne lui ressemblait pas du tout. Quand attendre fut devenu insoutenable, je pris mes clés et filai chez mon meilleur ami. Dès que je me garai sur le parking de son immeuble, je constatai que les lumières de son appartement étaient allumées. Il était chez lui, c'était déjà pas mal. Je sonnai plusieurs fois, sans succès. Je me décidai alors à utiliser les clés que m'avait confiées mon meilleur ami. Je vis alors le spectacle le plus triste que j'avais jamais vu. J'envoyai immédiatement un message à mes amis, leur disant de maintenir le nouvel an sans Rafa et moi ... sans leur donner plus de détails. Ils me harcelèrent de messages auxquels je ne répondis pas. Je devais m'occuper de la loque qu'était mon meilleur ami en cet instant. Rafa était étendu au sol, le sol jonché de bouteilles vides. Il était ivre mort. Son tee-shirt blanc était dégueulasse. Mais qu'est-ce qu'il lui arrivait ?!


- « Rafa, bordel qu'est-ce que t'as ? »


Ce dernier ne me répondit pas. Il était sûrement trop bourré pour ça, à en juger par le balancement incessant de sa tête. Je vérifiai quand même son pouls pour être sûr que je n'avais pas un cadavre en face de moi ... Je le sentis immédiatement sous mes doigts, ce qui me rassura. Je pris aussi le temps de vérifier qu'il n'était pas en train de s'étouffer avec son vomi. Tout était clean de ce côté-là. Alors pourquoi il semblait aussi ... absent.


- « Réponds moi bordel. »


Il leva enfin les yeux vers moi. Comme si il venait juste de se rendre compte de ma présence. Alors que j'avais fait un boucan monstre depuis que j'étais arrivé.


- « C'est moi. C'est pas toi. T'es tranquille, c'est pas toi. C'est moi ... » déclara-t-il, la bouche pâteuse.


Mais qu'est-ce qu'il baragouinait ce con ? Je ne comprenais rien putain. Il fallait qu'il retrouve un semblant de lucidité. Je filai chercher un bon seau d'eau froide et retournai dans le salon pour lui verser sur la gueule. Il parut soudain beaucoup plus alerte.


- « Marco ??? »

- « Ravi que tu me reconnaisses enfin. »


Il parut ne pas comprendre ma petite réflexion. Bien bourré le coco ... Mais qu'est-ce qui avait bien pu le mettre dans un état pareil ?


- « Parle moi mec. » finis-je par ordonner, réellement inquiet à présent.

- « C'est moi. » se contenta-t-il de répéter.


Mais il faisait exprès d'être aussi con ce soir lui ?


- « Mais c'est toi quoi putain ? »


Il leva vers moi le regard le plus désespéré que j'avais jamais vu. Oh, ça sentait vraiment mauvais là.


- « Chloé ... » commença-t-il.

- « Quoi Chloé ? » m'énervai-je.


Je commençais à perdre patience. Pourquoi est-ce qu'il n'était pas capable de formuler une putain de phrase complète ?


- « Quand on est sorti en boite le vendredi de tes vacances. » commença-t-il enfin. « En rentrant chez moi, le soir, j'étais un peu bourré. Enfin pas mal bourré. Et j'ai envoyé un message à Chloé en lui demande de faire un test de paternité pré-natal. »


Je restai sans voix face à cette déclaration. Voyant que j'étais attentif et pas prêt à prendre la parole, il continua sur sa lancée.


- « Le lendemain en me réveillant, je me souvenais de rien. Mais elle par contre, elle avait rien oublié du tout. Elle m'a envoyé tous les détails de la procédure, le montant, le délai pour les résultats ... »


C'est moi. La phrase de Rafa faisait écho dans ma tête. C'est moi. Mon cœur se mit à battre plus vite. Est-ce que cela voulait dire que ... je n'étais pas le père de cet enfant ? J'attendis qu'il termine pour confirmer mon hypothèse ...


- « Je voulais tellement savoir ... alors j'ai payé. Et les résultats sont tombés. » enchaîna-t-il. « C'est moi. C'est moi le père de ce bébé Marco. »

********************************************
Nouveau chapitre, on rentre dans ma partie préférée. Vous en pensez quoi? Des bisous!

Une histoire impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant