Soulmate - Tome 2

Chapitre 3

Kerian

Ses longs cheveux blonds suivant les parfaites courbes de son corps délivrent une somptueuse odeur de fruits rouges tandis que mes lèvres se posent sur les siennes. Ses yeux d'un sublime bleu grisé me transpercent telle une balle traversant mon être. Il m'est impossible de détourner le regard de ses succulentes lèvres charnues. Mes longs doigts retracent la forme de ses douces commissures tandis que son souffle chaud glisse le long de mon avant-bras. Je pourrais rester là, l'observant, l'analysant et la scrutant durant des heures. Profitant des succulents effluves de son parfum. Profitant de ses petites mains caressant ma nuque, frictionnant ma chevelure blonde.

- Kerian, murmure la douce voix du sublime ange face à moi.

- Holly, Holly, je... je suis désolé.
Un large sourire apparait sur ses lèvres charnues dévoilant sa parfaite dentition. C'est alors que le décor semble changer, la lune brille juste au-dessus de nos têtes et chacune des étoiles semble se refléter dans le magnifique regard de la jolie blonde face à moi. Cette fois, elle ne sourit plus, aucune émotion ne semble traverser son doux minois. Sur le bord de la route près du bahut, je me demande ce que nous pouvons bien foutre ici à cette heure-ci.
Une impressionnante fraicheur me gagne, si bien qu'un frisson parcourt tout mon corps. Elle, porte une adorable robe d'une blancheur immaculé, le tissu assez large lui apporte un côté angélique et minaudier. Comme si cette simple enveloppe enfantine avait le pouvoir de la protéger de n'importe quoi, comme si ma belle blondinette descendait tout droit des cieux. Les étoiles dans le ciel semblent désormais former une magnifique auréole autour de son adorable petite tête.

- Tu as réduit mon âme à néant. Tu m'as assassiné comme tu assassiné Luna.

Elle laisse échapper un ricanement puis recule de deux grands pas. Le ciel s'assombrit tandis que son rire semble m'encercler. Plus elle recule, et plus ce dernier s'intensifie.

- Non, attend, Holly.

Plus elle rit et plus les larmes coulent sur son joli minois. D'impressionnants sanglots perlent désormais le long de ses joues. Une fois arrivée au milieu de la route, elle s'arrête net. C'est alors qu'un effroyable bruit de klaxon se fait entendre, et contre toute attente, ma Holly passe violemment par-dessus une voiture. Ce n'est pas possible, il est impossible que je la perde comme j'ai perdu Luna. J'ignore pourquoi, mais je ne parviens pas à pleurer, aucune larme de parvient à couler le long de mon visage. Rien. Comme si le choc était si violent qu'il m'était impossible de ressentir quoi que ce soit.
Observant son corps inerte gisant sur le sol, une sombre obscurité semble de nouveau s'emparer de moi, puis plus rien. Mes yeux s'ouvrent et c'est avec stupeur que je me retrouve dans mon lit, transpirant comme je ne l'ai jamais été, le souffle court et les yeux bordés de larmes.
Putain, ce n'était qu'un affreux cauchemar. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Voilà des semaines que je n'en avais plus faits. Et je crois n'en avoir jamais connu un si... bouleversant. Cette chimère était pourtant le reflet de la triste vérité. J'ai tout bonnement brisé son âme. J'ai réduit à néant la moindre once de bonheur l'habitant, laissant un vulgaire brasier à la place de son cœur autrefois si vivant.

- Merde, Kerian. Bouge-toi, on va arriver en retard au bahut.

La voix grinçante de ma chieuse de petite-sœur me sort de mes pensées. Si cette petite conne a le malheur de me faire la moindre réflexion je crois bien être capable de la laisser en plan sur le bord de la route. Je n'ai jamais compris comment Holly pouvait supporter cette petite peste depuis tant d'années.
J'hésite un moment à lui balancer un flot d'insulte en pleine tête puis me résigne. Elle est sa meilleure-amie et j'imagine que me montrer courtois avec ma cadette pourrait jouer en ma faveur dans ma tentative pour reconquérir ma magnifique voisine. Du moins je l'espère de tout mon cœur.
Je me lève difficilement avant de filer sous la douche et me vêtir le plus rapidement possible. Je ne prends même pas la peine de me coiffer, trop occupé à me remémorer mon affreux cauchemar. Une fois enfin dans la voiture, je dois me faire violence pour ne pas effacer le sourire suffisant qu'elle arbore sans aucune gêne.

- J'espère que tu auras au moins la décence de racheter tout ce que tu as cassé hier. Ça a dû coûter une petite fortune !

Le ton ironique de ma cadette manque de me faire exploser. Qu'est-ce qu'elle cherche au juste ? J'ai bien l'impression que cette petite conne attend juste une chose, me pousser à bout.

- Qu'est-ce que tu attends pour démarrer ? Elle ne se pointera pas dans ta voiture aujourd'hui abruti.

- Ferme ta gueule, Rachel.

Je démarre en trombe tandis qu'elle pousse un insupportable soupir. Ce qui me fout le plus la rage, c'est que je suis conscient que ma belle blonde écoutera au mot près tout ce que cette conne de Rachel aura le malheur de lui raconter. Autrement dit, notre avenir semble entre les mains de cette petite pouffe faisant office de sœur. Autant vous dire que cela ne me rassure pas vraiment.
Nous restons silencieux jusqu'à ce que je me gare enfin devant le bahut. Je me décide à rejoindre Sandy et Jil près des portes. Je ne daigne même pas jeter un regard à ce connard de Peter ni à l'autre blaireau occupé à se marrer avec Evy. Owen nous rejoint quelques minutes plus tard et cette fois, c'est ce dernier qui ne prend pas la peine de m'adresser un regard. Merde, je sais que j'ai merdé, mais perdre Owen était la pire chose qui puisse arriver après toute cette histoire de merde.

- Qu'est-ce qu'on attend ? Crache-t-il tout en s'adossant à un mur tandis que nous observons la horde de lycéens entrer dans le bahut.

Je n'ai pas le temps de répondre qu'une imposante moto entre dans mon champ de vision dans un bordel assourdissant. La silhouette visiblement féminine surplombant le bolide m'est à première vue inconnue tandis que son casque ne permet pas la moindre hypothèse sur l'identité de cette mystérieuse femme. Les conversations s'arrêtent net et tous les regards se tournent en direction de la silhouette féminine s'arrêtant juste devant nous.

- Qui est-ce ? Murmure Jil à mon oreille.

Je me contente de hausser les épaules comme signe de réponse. Comment est-ce que je pourrais le savoir ?
La femme coupe le contact avant de descendre élégamment de l'imposant bolide. Son pantalon ainsi que son jean sont en cuir et cette dernière porte des talons hauts. Merde, comment peut-on porter de telles chaussures tout en conduisant une moto ? Cette dernière ouvre sa veste en cuir, laissant apparaître un haut en dentelle rouge. La silhouette inconnue s'attèle ensuite à enlever son casque et c'est alors que je la reconnais. Elle n'a pas besoin de le retirer totalement que je reconnais ses longs cheveux blonds tirant sur le blanc, ses lèvres charnues couverte d'un affreux rouge à lèvre clair et son petit nez en pointe. Seulement, c'est impossible. Ça ne peut pas être elle, elle ne peut pas être là. Luna ne peut pas être... vivante. Je me frotte instinctivement les yeux, m'assurant ne pas être dans un de ces foutus cauchemars. Cette fois, il semble être devenu réalité.

- Alors bande de tueurs, je vous ai manqué ?