Chapitre 71

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Kerian

Je termine d'enfiler ma foutue tenue de pingouin un peu avant vingt heures, ce truc me serre, putain, rien ne vaut un bon vieux teeshirt et un jean. Sérieux, à quoi est-ce que je joue ? Qu'est-ce que je fous dans cette tenue ? Je dois cependant m'estimer heureux qu'Holly ne m'ait pas obligé à porter une de ces merdes de noeuds pap' ou de cravate.

- Prêt ? Roucoule Rachel en entrant dans ma chambre.

C'est bien la première fois que je peux dire que ma frangine a la classe. C'est vrai, ses robes de soirées m'ont toujours paru excessivement vulgaires, mais cette joli et longue robe bleue claire s'accorde parfaitement à la couleur de ses yeux.

- Ouais. Pas mal la robe.

Elle sautille d'une jambe sur l'autre, elle paraît gêné. Ok, elle n'a pas souvent entendu de compliment sortir de ma bouche, mais il n'y a pas de quoi en faire tout une histoire.

- On y va ?

- Je mets mes talons et je suis prête. Jil et Sandy nous attendent devant.

J'aurais dû m'en douter ! Jil est venu jusqu'ici uniquement pour s'assurer que je me pointe bien au bal. Je ne peux pas lui en vouloir, après tout elle s'est saignée pour l'organiser !
Je dévale les escaliers, tombant nez à nez avec ma mère, les larmes aux yeux. Je n'ai jamais vu tant de fierté dans son regard. Ce sentiment me remue l'estomac. De la fierté ? Envers moi ?

- Tu es magnifique, tu es... tu es à tomber chéri.

Elle embrasse mes joues bruyamment tout en me serrant aussi fort que ses maigres bras le lui permettent.

- Quel classe mon grand !

Cette fois, c'est à mon père, ayant fait irruption de la salle à manger, qui me prend dans ses bras. Jamais je n'aurais pu penser réussir à rendre mes parents fiers. Cette fierté me brise d'autant plus le cœur en sachant qu'elle disparaîtra dans moins de trois jours, quand je me tirerai loin d'eux.
Je me marre en voyant la gueule de Lucas, son éternel sourire de benêt scotché à son visage me fait autant rire qu'il me tape sur le système, et le voir m'observer du haut de l'escalier, ça, ça me fait marrer. J'ignore pourquoi, sa gueule de con me fait rire, c'est tout. D'ailleurs, j'ai l'impression de ne pas l'avoir énormément croisé ces deux derniers mois, mise à part aux quelques repas que j'ai eu la bonté de passer en famille, ou bien au bord de la piscine de temps à autres. J'imagine que les nanas de la fac l'occupe bien assez. Tu parles, un petit français, son simple accent de merde à la capacité de mettre dans sa poche toutes les étudiantes du campus. Je sais également que d'ici moins d'une semaine, cet abruti regagnera la Côte d'Azur.
J'embrasse une dernière fois mes parents, fait un signe de main à l'autre crétin puis quitte la maison, suivie de près par Rachel. Cette dernière monte presque instantanément à l'arrière de la voiture de Sandy tandis que je continue ma route en direction de chez Holly.
En rentrant de Key West, j'ai bien dû engueuler Jil et Sandy une bonne vingtaine de fois à propos de leur petite visite improvisée chez Luna. Putain, quelle idée ! Le sujet n'a plus jamais été abordé après la vingtième fois, d'ailleurs, personne n'avait plus prononcé son nom depuis. Bien-sûr, avant que ce con de Julian ne ramène sa fraise tout à l'heure devant le bahut. Disons que tout ça est de l'histoire ancienne, et il était hors de question que je ne gâche la fin de mon année pour cette petite pétasse camée.
En frappant à la porte des Jensen, c'est monsieur Jensen qui m'ouvre la porte, un large sourire aux lèvres. Je me marre en voyant son nœud papillon. Qu'est-ce que ça peut être ridicule !

- Tu viens chercher Holly ?

Son ton amusé me fait chaud au cœur. Le fait qu'il accepte que je sorte avec Holly me touche, quand je pense à toute la merde que j'ai causé, à tous les dégâts que j'ai causé dans le cœur d'Holly, il devait lui aussi me détester; comme sa femme. J'acquiesce alors d'un signe de tête en faisant taire la remarque déplacée sur son nœud pap' qui s'apprêtait à sortir de ma bouche.

- J'imagine qu'elle doit finir de se préparer, elle...

Monsieur Jensen n'a pas le temps de finir que des bruits de talons se font entendre dans les escaliers, attirant mon regard. Et là, mon cœur s'arrête net. Elle est sublime, elle est juste magnifique. J'observe les moindres courbes dessinées à la perfection par sa sublime tenue; sa robe est époustouflante, une sublime robe de princesse de couleur verte foncée au sublime col en V. La légère fente sur le côté de sa jambe gauche me donne des frisons tandis que la longue robe traînant légèrement sur le sol me rappelle son côté enfantin. Cette robe est un délicieux mélange entre son côté minaudier et sa face sexy.

- Tu aimes ? Souffle-t-elle en enfilant une paire de petits talons noirs une fois en bas des escaliers.

- Tu es à tomber par terre.

Son père me retire les mots de la bouche. Il a raison, elle est parfaite, incroyablement parfaite.

- Tu... euh... putain...

Ces deux-là se marrent en voyant que je n'arrive même pas à formuler une putain de phrase.

- Ok, on y va avant d'être en retard. Sinon, Jil va gueuler !

Cette fois, c'est à Owen de dévaler les escaliers. J'explose de rire à la vue de sa cravate horriblement nouée. Il baisse les yeux vers l'objet en question et le retire avant de finalement le balancer négligemment sur le petit banc dans l'entrée.
J'escorte Holly jusqu'à ma caisse avant de démarrer en trombe, suivi de près par les caisses de Jil et Owen. La route jusqu'au bahut est rapide et une fois tous entrés dans le foutu gymnase faisant office de salle pour la soirée, je dois bien reconnaître tous les efforts que Jil a dû produire pour organiser ça. Cette petite fête s'avérera peut-être moins merdique que ce que je ne pensais !

Soulmate - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant