Soulmate - Tome 2

Chapitre 54

Holly

Ce matin à mon réveil, un lourd bras est posé sur le bas de mon ventre. C'est pas vrai, ne me dites pas que j'ai dormi avec Leo !
Je me tourne brusquement, tombant nez à nez avec le visage endormi de Kerian. Mon crâne me fait incroyablement mal. Qu'est-ce qu'il fait là ? Plus les secondes passent, et plus la soirée de la veille me revient en mémoire. Je me rappelle de tout. Comment lui et moi nous sommes disputés au bar, son regard insistant posé sur moi tandis que je me déhanchais sur la piste de danse, la manière dont il m'a défendu face à cet inconnu, notre conversation dans le bar et surtout, le retour jusqu'à ma chambre. C'est moi qui lui ai demandé de me monter jusqu'à mon lit, de me retirer mes vêtements et de rester avec moi. Alors pourquoi est-ce qu'il n'en a pas profité pour coucher avec moi ? Il en avait envie. Je le sais. Je le connais. Alors pourquoi est-ce qu'il n'a rien fait ? Et par dessus tout, pourquoi est-ce que je reste là, collée à lui alors que tout ce qu'il a fait c'est me mentir et me faire souffrir ? Quelque-chose ne tourne pas rond chez moi, ça, c'est sûr !

- Jensen ?

Ses yeux s'ouvrent avec difficulté.

- Merci... pour hier.

Il dépose sa main délicatement sur ma joue avant de la caresser avec une douceur sans nom. Ses yeux sont luisants et ses joues cramoisies.

- J'allais pas te laisser rentrer à pied, glousse-t-il.

Pourquoi faut-il que je retombe toujours dans le panneau ? Que je revienne toujours vers lui ? Comme s'il nous était impossible de rester loin l'un de l'autre. Comme s'il nous était impossible de vivre sans se côtoyer.

- Je parlais du type de qui tu m'as défendu.

- Je te défendrai toujours, Holly. Tu le sais pertinemment. Et tu sais aussi que je ne peux pas rester loin de toi. De la même manière que toi, tu ne peux pas rester loin de moi. C'est... inconcevable.

Des frissons gagnent la moindre parcelle de mon corps. Il a raison, mais je ne peux pas le lui avouer. Ça me fait tant de mal.
Mais je n'ai pas le temps de répliquer que la porte s'ouvre dans un grincement sans nom. Et là, face à moi, j'aperçois la stature d'une femme de taille moyenne aux cheveux blonds tirant sur le gris. Maman.

- Holly ! Chérie ! Je... toi ?

Le visage de ma mère se transforme à la seconde où son regard se pose sur Kerian. Génial.

- Tu... ne devais pas rentrer la semaine prochaine ?

- Ton père et moi avons eu une discussion. J'étais prête à faire des concessions. Je n'en ferais aucune s'il est là.

Le comportement de ma mère est puéril. Sérieux, on dirait une gosse de douze ans.

- Madame Jensen.

Kerian bondit du lit, se postant face à ma mère. Elle le reluque de haut en bas avec une mine de dégoût. Ouais, c'est sûr, il aurait au moins pu enfiler un short !

- Toi. Tu t'habilles, et tu dégages.

- Non, gronde-t-il.

- Pardon ?

- Avec tout le respect que je vous dois. Vous ne pouvez pas m'interdire de voir Holly.

- Holly... m'appartient jusqu'à sa majorité.

Là, c'est à mon tour de bondir du lit. Je lui appartiens ? Est-ce qu'elle me prend pour un stupide objet ? Je rêve !

- Je ne t'appartiens pas.

- Tu es sous ma responsabilité. Et Kerian aura une mauvaise influence sur toi. Tu le sais, je le sais. Tu n'as rien à faire avec un type comme lui. Il te brisera le cœur et s'en ira sans rien dire du jour au lendemain.

- Ferme-là, je beugle. Pourquoi est-ce que tu gâches toujours tout ?

Les larmes coulent sur mes joues. Je la hais, pourquoi est-ce qu'il faut toujours qu'elle soit contre moi ? Pourquoi est-ce qu'elle ne peut pas me faire confiance ?

- Parce-que tu n'as aucune idée de ce que tu fais et aucun amour propre.

Je déglutis.

- Aucun... amour propre ?

- Tu cours après un type incapable de changer. Je connais ce genre de garçon, ils te ferons miroiter mont et merveilles avant de réduire ton cœur à néant. Et toi, tu es trop stupide pour s'en rendre compte.

Je recule d'un pas. Le discours de ma mère me brise le cœur. Je savais qu'elle m'en voulait, mais pas qu'elle me considérait comme une gamine stupide et sans le moindre amour propre.
Kerian fais deux pas en avant, attrapant fermement le bras robuste de ma mère. Je peux voir la veine sur son front apparaître ainsi que sa mâchoire se contracter, cette histoire va tourner au vinaigre. Je le sens.

- La prochaine fois que vous osez...

- Est-ce que tu l'aimes. Est-ce que tu es amoureux d'elle, Kerian ?

Il ouvre de grands yeux avant d'étouffer un cri de colère.

- Bien-sûr, putain.

- Alors laisse-là. Arrête de la faire souffrir. Laisse-là tranquille. Tu ne changeras jamais, tu resteras à jamais ce petit con égoïste et incapable d'aimer. Tu n'as pas de cœur, Kerian. Tu es vide de tout sentiment. Alors garde-là en dehors de ce brasier.

Kerian a lâché ma mère. Ne me dites pas qu'il va l'écouter. Il ne peux pas l'écouter, c'est inconcevable. Il ne peut pas lui donner raison. Kerian a un cœur, un cœur en or, un cœur dans lequel je fais partie intégrante. Je sais pertinemment ce qu'il ressent pour moi.
Et à cet instant précis, une folle envie d'accourir dans ses bras se saisit de moi. J'ai envie de l'embrasser, pouvoir à nouveau le regarder s'endormir, bercé par ma main caressant sa douce chevelure blonde. J'ai envie de sentir à nouveau son parfum sur le moindre de mes vêtements, ressentir ses mains chaudes parcourant mon corps, ses baisers couvrant mon cou ainsi que la moindre partie de mon corps. Je veux Kerian, et le sermon de ma mère semble me le faire comprendre plus que jamais.
Le regard de détresse de Kerian me brise le cœur. Il l'a croit. Il croit tout ce qu'elle vient de déblatérer, et moi, je suffoque de l'intérieur. Par pitié Kerian, balance lui une de tes meilleures insultes, hurle, où bien frappe dans un mur, mais fais quelque-chose. Mais non, rien. Il reste inerte, son regard posé sur moi est cette fois vide. Vide de tout sentiment. Je ne parviens même pas à distinguer une pointe de colère.

- Tu sais pertinemment que j'ai raison, Kerian. Maintenant, pars.

Sa main tremblante lâche le bras de ma mère. Il m'accorde un dernier regard, toujours aussi vide avant de se décider à quitter la pièce, ses affaires sous le bras.
Qu'est-ce qu'elle vient de faire ?