Kerian
Le grand bâtiment face à moi semble ridiculement petit, il semble même minuscule en comparaison de la première fois ou j'y ai mis les pieds. A mon arrivée, le bahut me semblait immensément vaste, quatre ans plus tard, me voilà à en connaître ses moindres recoins. Ces larges couloirs vont me manquer, la grande cafète dans laquelle on se retrouvait tous, les toilettes dans lesquels je me suis tapé un bon nombre de nanas ! Les vestiaires, en particulier avec une Holly nue à l'intérieur, retirant des traces de crème anglaise et de chocolat sous la douche ! Les salles de cours, Owen et moi y avons foutu un sacré bordel. De tout part, je vois des crétins de dernière année hurler de joie, se réjouir de leur toute nouvelle liberté, la prochaine fois que j'y retournerai, ce sera pour le bal; et ensuite, j'en aurais fini ici. Cette année est passée bien trop vite à mon goût et la fin du mois de Juin pointe déjà le bout de son nez. Putain de merde, il ne me reste que quelques jours ici, il ne me reste que quelques jours à Miami avant de m'envoler pour Paris; si bien-sûr je parviens à avoir mon diplôme. Et avec tous les foutus cours intensifs de Jil, il est purement impossible qu'Owen, Sandy, Jil, Evy et moi n'ayons pas nos examens. Sérieux, mon cerveau fumait littéralement ! Il faut, en même temps, avouer que j'ai dû rattraper une année complète de cours de maths tant mon niveau était médiocre.
- Kerian ?
Une voix masculine inconnue me fait le retourner, je tombe alors face à un petit connard brun et trapu. Julian.
- Quoi ?
Mon grognement le fait reculer d'un pas. Je n'ai aucune putain d'envie de lui causer.
- Je venais... m'excuser, en fait.
Là, j'explose de rire.
- T'excuser pour quoi ? T'être servi de ma sœur ou avoir obéi à ta salope de cousine ?
Il souffle bruyamment.
- Les deux. Je me tire l'année prochaine.
- Qu'est-ce que j'en ai à foutre ?
- Pour partir loin de Luna. Elle me fout la trouille, sérieux. Quand les filles sont venu lui parler chez elle, elle a fait une sorte de malaise. C'était flippant, depuis elle ne veut plus voir personne. Enfin, mise à part moi, et elle me parle de choses... flippantes. Tu fais bien de partir à Paris.
Je rêve ou ce connard me félicite de me tirer ? Est-ce qu'il veut un poing dans la gueule ?
- C'est auprès de Rachel que tu devrais aller t'excuser.
- Ce sera fait.
Il effectue un sourire gêné avant de tourner les talons et de se tirer. Tout ça pour ça ? Luna ne nous a pas refait chier depuis cette soirée chez elle et ce connard revient me parler de cette garce ? Lui, s'il ne cherchait pas à se faire casser la gueule avant les vacances, j'ignore ce qu'il est venu chercher.
En rentrant chez moi cet après-midi, je suis pris d'un horrible mal de cœur. J'ignore si c'est la cuite que je me suis pris hier ou bien le fait de voir toutes ces valises entassées dans ma chambre, mais j'ai une intense envie de gerber. Je balaye du regard la chambre presque vide, ça me rappelle d'autant plus ce qui doit arriver d'ici pas moins de trois jours. Ce soir, il y a ce foutu bal et demain la remise des diplômes. Et ensuite, tout sera fini, ma vie ici sera finie et je devrais tout reconstruire là-bas, en France, seul. C'est ce dont j'ai toujours rêvé, être seul, c'était la liberté pure et dure, m'amuser tous les soirs avec une fille différente dans mon lit, sortir légalement dans les bars, vivre à la française. Cette idée me semble bien stupide maintenant.
- Kerian, t'es avec moi ?
Cette fois, je reconnais parfaitement la voix suraiguë derrière moi. Ma conne de petite sœur.
- Quoi ?
- Bien, je vois que tu es de bonne humeur !
Elle se laisse tomber sur mon lit, un large sourire aux lèvres.
- Pourquoi est-ce que tu souries comme une idiote ?
- Tu vas au bal avec Holly ce soir ?
- Faut croire.
- Cache ta joie, abruti !
- Quoi ? Tu veux que je te parle d'Holly et moi ? T'es ma sœur, Rachel, et t'as beau prétendre que nous voir ensemble te dérange pas; j'y crois pas.
- Qui a dit que ça ne me dérangeait pas ? Je dois m'y faire, c'est tout.
Elle s'étend de tout son long sur le lit, observant sur le petit guéridon près de mon pieu une photo d'Owen, Rachel, Holly et moi à la plage quand on était gosses. Je n'ai pas d'autres photo avec Holly, je veux dire, j'en ai un tas de quand on était gamins, mais je n'ai aucune photo actuelle avec elle.
- Qu'est-ce que tu comptes faire, une fois parti ?
- J'en sais rien, Rachel. J'en sais foutrement rien.
- Elle ne te quittera pas. Jamais.
- Tu crois ?
- J'en suis sûre.
- Alors qu'est-ce que je dois faire ? Cette distance... ça va être un vrai calvaire.
- Fait ce qu'il y a de mieux pour elle. Pas pour toi, pour elle. Tu ne peux pas lui demander de t'attendre tout ce temps, Kerian.
- Je sais.
- Je garderai un œil sur Leo si ça peut te rassurer !
Là, j'explose de rire. C'est qu'elle peut être marrante. C'est drôle, je n'avais jamais réellement parlé avec elle, mise à part pour lui balancer quelques insultes ou discuter de sujets triviaux.
- Tu viens ? A ce foutu bal ?
- Il est réservé aux dernières années.
- Pas si quelqu'un t'y invite.
- Tu... comptes te pointer avec deux filles sous le bras ? Glousse-t-elle.
- Je me tape la meilleure amie de ma frangine, alors je peux bien me pointer avec deux nanas sous le bras. Non ?
Elle bondit du lit pour me rouer de coups tout en hurlant de rire. Alors c'est à ça que ressemble une certaine complicité entre frère et sœur ? C'est moins horrible que ce à quoi je m'attendais !
- Julian est venu te parler ? Souffle-t-elle en reculant d'un pas.
- Ouais.
- Moi aussi. Il est venu s'excuser.
Elle glousse.
- Et ?
- Qu'il aille se faire foutre, putain.
Cette fois, c'est moi qui explose de rire. Rachel n'est pas ma sœur pour rien !
- Tu l'as dis !
***
Salut à tous, la fin du tome 2 approche ! Donc, j'en profite pour publier un deuxième chapitre aujourd'hui 🙃
Passez une bonne soirée et merci pour tout 🙏🏼
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Soulmate - Tome 2
RomanceLa révélation du pari a fait voler en éclat toutes les espérances d'Holly concernant un avenir avec Kerian, abattue et en colère contre celui qu'elle décrit désormais comme un menteur, des événements inattendus vont cependant les pousser à se serrer...